Algérie

Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances: «La transition a assez duré»



L'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, s'est dit, hier, favorable aux augmentations des salaires en vigueur depuis quelques mois dans différents secteurs.

« Les hausses salariales sont indispensables, inévitables car la tension et l'instabilité sociales entravent le développement. Le capital est lâche, il n'aime pas l'insécurité», a-t-il affirmé sur la radio de la Chaîne3. «La paix sociale a un coût, mais elle a en même temps ses atouts. C'est une nécessité puisqu'il y de grands écarts à rattraper», considère-t-il. «Au moment des crises, poursuit-il, nous avons bloqué les salaires. Beaucoup d'entreprises ont compressé leurs effectifs, d'autres ont fermé. C'était un passage obligé», rappelle-t-il. Et d'ajouter: «Actuellement, les moyens le permettent, mais il faut que cela soit perçu positivement. Il ne faut pas considérer que c'est une rente destinée à ajuster le niveau de consommation», dit-il.

L'invité de la radio estime que «la transition a assez duré». «Il faut absolument qu'on assure la stabilité de notre économie et en même temps renforcer les conditions de soutien à la croissance et à l'investissement», explique-t-il. «Nous ne sommes pas partis d'une situation saine. Nous avons vécu des tragédies terribles et des crises financières. Nous avons subi de durs ajustements monétaires. Nous sommes sortis d'une crise économique majeure. Le pays avait subi un sévère réajustement après une décennie de stagnation entamée en 1986 avec l'effondrement des cours du pétrole qui nous a privés de la moitié de nos recettes extérieures», rappelle-t-il.

M. Harchaoui déplore le fait que la croissance ne soit tirée que par la commande publique. «Le secteur privé est relativement faible. Il n'y a pas de gros investissements privés. Seul l'Etat est capable d'investir des fonds conséquents», note-t-il. «Des capitaines d'industrie ont développé des usines nouvelles. Il faut poursuivre l'effort. La croissance et la création de postes d'emploi sont l'affaire de tous et ne relèvent pas uniquement de la mission de l'Etat», explique-t-il. «Il faut que l'Etat se désengage et laisse les entreprises publiques et privées assumer pleinement leur rôle», plaide-t-il. L'invité de la radio salue «les mesures incitatives prises par le gouvernement visant à libérer les capacités d'investissement». «Le secteur privé a bénéficié de considérables exonérations et avantages fiscaux. C'est le moment de contribuer à l'impôt et d'améliorer les ressources budgétaires. Les entreprises publiques ont été maintes fois restructurées et assainies pour créer de la richesse et non pas pour en consommer», souligne-t-il. M. Harchaoui lance un appel à la prudence dans l'engagement des ressources publiques. «Nous ne devons pas dépenser n'importe comment, nous ne devons pas définir les politiques publiques n'importe comment. Un Etat qui n'arrive pas à recouvrer sa ressource ne peut pas être fort», considère-t-il. Et de souligner la nécessité de réaliser les objectifs macro-économiques fixés par la loi de finances. «Mon vÅ“u le plus cher est que le prix du pétrole ne chute pas au-dessus d'un certain niveau pouvant grever les ressources du pays», dit-il.




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