Algérie

Abdelkrim Ayati ingénieur et policier des eaux : «J'ai été menacé par des voleurs de sable»



Abdelkrim Ayati ingénieur et policier des eaux : «J'ai été menacé par des voleurs de sable»
Durant 20 ans, Abdelkrim Ayati a assuré sa mission d'ingénieur et de policier des eaux dans la wilaya d'Alger. Les dangers qu'il a encourus dans sa mission ne l'ont jamais découragé à  faire correctement son travail. Avec ses collègues et parfois avec le soutien de la gendarmerie, il sillonnait les sites du patrimoine hydraulique à  l'affût d'infractions. «C'est un métier qui a débuté dans les années 90. Le jour, nous étions à  l'affût. Mais pas la nuit. Nous n'avions pas les moyens juridiques pour le faire alors que les contrevenants agissaient surtout dans l'ombre. Mais avec la nouvelle réglementation, les rondes de nuit vont àªtre intégrées dans le dispositif de la fonction de la police des eaux pour assurer le travail h/24», dit-il. Sur le terrain, il était constamment aux aguets et à  l'écoute des citoyens qui lui rapportaient des cas d'infractions commises par un voisin ou même par un étranger. «Je vérifiais toujours les déclarations des citoyens. Parfois, je sollicite la gendarmerie pour nous accompagner dans les sites suspects», précise-t-il. Lors de ses rondes, il a souvent pris des contrevenants en flagrant délit, faisant parfois face à  des réticences. «Nous les abordons gentiment et leur expliquons la situation et la loi. D'autant plus que nous rencontrons des personnes qui ne sont pas conscientes qu'elles sont en train de commettre des délits. Certaines réagissent positivement à  nos interpellations. D'autres font la sourde oreille, passent outre nos recommandations et poursuivent leur exploitation. Nous passons alors à  l'action. Nous saisissons l'administration en établissant des PV qui peuvent aboutir à  des dépôts au tribunal», dira-t-il. «Mais les plus dangereux sont ceux qui nous menacent. Ils n'ont pas froid aux yeux. Surtout les voleurs de sable des oueds qui agissent en bandes. Une fois, j'ai été sérieusement menacé par l'une des bandes. Franchement, j'ai pris peur et je ne les ai plus interpellés. En fait, je ne me suis plus retourné sur le site où ils sévissaient», confie-t-il en relevant, toutefois et heureusement, ne pas avoir fait l'objet d'une agression, comme c'est le cas pour d'autres agents de la police des eaux.Pour faire face à  ces dangers, Abdelkrim Ayati réclame des droits juridiques. «Nous avons besoin de l'intervention du corps sécuritaire, de la police ou de la gendarmerie», défend-il. Certes, explique-t-il, nous sommes assistés par le wali délégué mais les interventions manquent sur le terrain. «Finalement, nous n'avons pas des résultats concrets. Car nos interventions sont purement administratives et qui dit administration, dit lenteurs de procédures. Parfois, on nous convoque dans les tribunaux comme témoins, mais surtout au niveau des commissariats pour apporter nos dépositions. On est mobilisé parfois du matin au soir», souligne-t-il. Aujourd'hui, Abdelkrim Ayati n'est plus policier de l'eau. «J'ai arrêté», dit-il. Il n'évoque nullement les dangers comme raison de son départ. Mais plutôt les nouvelles conditions imposées par la loi et auxquelles il ne peut répondre. «Je ne sais pas si j'aime ou non ce métier. Mais, il faut le faire. Chaque fonctionnaire de l'eau est policier, cela va de soit. Y compris le directeur de l'hydraulique. Cependant, la nouvelle loi régulant la fonction de la police des eaux est trop stricte et impose des conditions que nous ne pouvons remplir. J'ai été policier des eaux depuis 20 ans, mais je ne remplis pas les conditions imposées par la loi», constate-t-il.


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