Algérie - Malouf


Ce grand maître et pédagogue est né le 18 novembre 1906 à Constantine. Fils d’un artisan cordonnier, Abdelkader Toumi s’est tôt vu contraint de quitter des études alors onéreuses- pour s’engager dans la vie active ignement durable de l’importance qu’il y avait à garantir des revenus réguliers. Sa grande passion pour la musique a fini par attirer l'attention du grand maître du Malouf de l'époque Ahmed Bestandji. Pris en sympathie par ce dernier, Abdelkader Toumi fréquente à partir de 1925 l’école de musique andalouse la confrérie « Hansala », dans la proximité de celui qu’il continuera toujours de nommer « Sidi Ahmed » Bestandji et fait-il, en marge, son apprentissage avec une modeste mandoline. La rencontre avec Si Hassouna Ali Khodja, mélomane averti et mécène, qui le prend sous sa protection, marque un premier tournant décisif dans la vie d’Abdelkader Toumi qui, après un court épisode de lecteur à la mosquée ' djamaâ el akhdar' s’immerge dans l’univers des musiques et des musiciens. Et quel univers ! Celui de Omar Chaqlab, qu’il a le privilège d’accompagner au violon, des Abdelkrim Bestandji (qui dirigeait aussi l'une des plus grandes confréries soufies du Maghreb), Tahar Benkartoussa, Tahar Benmerabet et il s’y fait suffisamment remarquer pour être retenu, en 1934 dans l’ensemble constantinois qui prend part au congrès de musique arabe organisé au Maroc.
Abdelkader Toumi aura été en fait de toutes les aventures musicales constantinoises et aura approché tous ceux qui, aujourd’hui encore, constituent les références incontournables des musiques de Constantine. De Khodja Bendjelloul à Maamar Benrachi en passant par Abeid Karabaghli, Belamri ou Zouaoui, Fergani, Abdelkader Toumi s’est taillé une place singulière qui doit tant à son sérieux qu’à une érudition qui commençait à se faire reconnaître. Dans les années 1950, il a travaillé dans les orchestres de Alexandre Nekkache, Raymond Leyris, Mohamed Tahar Fergani.
En 1956, en pleine Guerre de Libération, il mettra son immense savoir au service des jeunes. Il ouvre une école dans une maison en ruines et s’entoure de nombreux jeunes mélomanes auxquels il a consacré tout son temps jusqu’à en faire un ensemble musical appelé « l’Avenir constantinois » avec Mostefa Belkacem, Abdelmadjid Noui, Abdelhamid Benserradj, Omar Benkhenissa et notamment Mohamed Hamma dont le cheikh aimait à dire qu’il était le mieux indiqué pour garantir la continuité de l’héritage. On a toujours fait appel à Abdelkader Toumi pour son immense savoir. Que ce soit dans le cadre associatif -particulièrement avec le groupe « El Fatah » qui donnera naissance à « Mouhibi El Fenn » sous la direction de Douadi Khlouf - ou de relations privées comme celles nouées par Salim Fergani, Hacene Branki ou Larbi Ghazal. Le cheïkh a marqué les pratiques musicales à constantine de son empreinte. Ces connaissances des corpus poétiques comme celles des formes musicales qui lui ont permis d’avoir un statut un peu à part dans le monde de la musique constantinoise. Il demeurait la source ultime pour vérifier un texte ou valider l’exécution d’un morceau musical. Il aura été de toutes les scènes et il convient aussi de citer sa contribution à l’établissement, en 1973, de la recension des textes des mouwachahats et des azjels, par l’Institut national de musique. Avec le décès d’Abdelkader Toumi survenu le mardi 23 août 2005 à Constantine, on a le sentiment qu’une page de l’histoire de la musique citadine était désormais bel et bien tournée.


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