Algérie

Abdelkader Lagraoui. Dessinateur de l'Ahaggar



Abdelkader Lagraoui. Dessinateur de l'Ahaggar
Il ne suffit pas de prendre un crayon et une feuille blanche pour recréer une image ou faire un dessin, «il faut aussi avoir les compétences, la passion et l'?il d'artiste pour parvenir à réaliser des chefs-d'?uvre juste incroyables», nous dit Abdelkader en faisant part des beaux souvenirs qui ont marqué sa vie.Tout petit, il adorait dessiner et trouvait en cet art un défouloir et une bonne représentation de ses ressentis. Maintenant, «vous comprendrez mieux pourquoi j'ai tant de passion pour cet art qui m'a beaucoup aidé à m'exprimer et surtout à combattre ma timidité maladive. J'étais psychologue de moi-même.» Né à Aoulef (Adrar) en 1950 avant qu'il soit adopté par le Tidekelt le 13 décembre 1951, Abdelkader Lagraoui était épris des grandes célébrités des bandes dessinées de l'époque, à savoir Akim (le clone de Tarzan), Zembla et Blek le Rock qu'il avait pu reproduire avec maestria sur la toile et à même le sable. En 1956, il rejoint l'école primaire française et étudie parallèlement à l'école coranique traditionnelle pour sauvegarder les principes religieux que ses parents lui ont inculqués. Après le CEM (1965-1969) Abdelkader quitte In Salah pour Touggourt (Ouargla) où il poursuivit son cursus secondaire au lycée Emir Abdelkader (1969-1973).Emblématique Lycée émir«A cette époque, il y avait uniquement deux lycées destinés aux wilayas des Oasis», nous dit-il en confiant quelques beaux souvenirs retenus de cette ère, à l'exception de celui vécu avec le professeur jordanien. «J'étais parmi les 17 élèves sélectionnés pour le dessin des drapeaux de pays arabes. J'avais tellement souhaité reproduire l'emblème algérien. Ce professeur jordanien m'en avait empêché pour me charger de recréer le drapeau de son pays.Croyez-moi, il m'a fait détester sa matière à cause de ce choix que j'ai manifestement contesté», nous raconte-t-il, les larmes aux yeux. Néanmoins, l'élève ambitieux qu'il était s'affirme et confirme ses talents à maintes reprises. Les portraits de ses camarades de classe lui ont valu le succès ainsi que plusieurs participations à des concours de dessin.En 1982, Abdelkader a vécu une liesse ineffable du fait qu'il s'est doublement réjoui de l'historique victoire de l'équipe nationale contre l'Allemagne et du second prix qu'il a obtenu après sa participation à un concours de dessin par correspondance, organisé à Prague (République tchèque) par une radio arabophone.VicissitudesPourtant, après le secondaire, Abdelkader, qui voulait rejoindre l'Ecole des beaux-arts d'Alger, a hypothéqué son talent pour intégrer le monde du travail afin de subvenir aux besoins de la famille et décharger son père du lourd fardeau des dépenses. «Une formatrice syrienne, fascinée par le dessin que j'avais réalisé sur ma région, m'a conseillé d'intégrer les Beaux-Arts pour me perfectionner. Faute de moyens matériels, je n'ai pas pu y aller.» Après une année passée à l'Ecole supérieure de formation de professeurs de l'éducation de Bouzaréah (Alger), Abdelkader a décroché le diplôme lui permettant d'intégrer, le 16 septembre 1974, ce secteur en qualité de professeur d'enseignement moyen (PEM).Après 35 ans de service (10 ans PEM, 17 ans surveillant général et 8 ans directeurs d'établissement scolaire), il a pris sa retraite pour s'adonner de nouveau au dessin, avec pour but de pérenniser us et traditions locales en représentant des personnages, paysages et objets traditionnels de cette région millénaire.Dans son univers, l'enfant de la poétesse de l'Ahaggar se consacre à lithographier les souffrances des enfants du Sud et traduit leurs difficultés en dessins. Ces ambitions témoignent de la grandeur de l'artiste qui mérite égard et considération.




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