Algérie

Abdelkader kadora. Universitaire : «La marginalisation de l'Est et du Sud est derrière les velléités fédéralistes» International : les autres articles



Abdelkader kadora. Universitaire : «La marginalisation de l'Est et du Sud est derrière les velléités fédéralistes»                                    International : les autres articles
Professeur de droit constitutionnel à la faculté de droit de Benghazi, Abdelkader Kadora a constitué durant la période préélectorale la plaque tournante des négociations entre toutes les factions politiques actives à l'Est libyen, y compris avec les fédéralistes et les islamistes radicaux. Il explique ici la situation pour El Watan.
-Finalement, les élections ont réussi à l'est du pays. Comment expliquez-vous cet heureux retournement de situation '
Il est nécessaire de connaître l'évolution historique de la situation en Libye pour comprendre les réactions de la population de l'est de la Libye. Historiquement, le pays disposait pratiquement de deux capitales, Tripoli et Benghazi, avec des institutions similaires dans les deux villes. Lorsque le gouvernement central décide de la création d'une faculté de médecine à Tripoli, il en prévoit une autre d'un même ordre à Benghazi, à un point tel que le gouvernement siégeait à Benghazi alors que le Parlement siégeait à Tripoli. Sous la dictature, l'Est a été négligé, voire oublié. Les citoyens de l'Est sont considérés comme d'éternels contestataires et leurs soulèvements successifs ont été réprimés. Ils ont légitimement attendu que la révolution du 17 Février 2011 corrige les différents torts subis. Malheureusement, l'indifférence a continué, ce qui a été à l'origine du mouvement de contestation des élections. L'Est ne veut pas voir s'éterniser la mainmise de Tripoli sur la Libye.
-Oui, mais comment êtes-vous parvenus à surmonter cette situation '
L'un des principaux problèmes contestés à l'Est était la répartition des sièges au niveau du Congrès national général. Les citoyens ont réclamé l'égalité du nombre de sièges entre les trois départements : Ouest, Est et Sud, dont la répartition est 102 pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 38 pour le Sud. Comme on ne pouvait pas réviser cette répartition, sans bouleverser l'opération électorale, des concertations avec la présidence du Conseil national transitoire (CNT) ont abouti in extremis à limiter les attributions du Conseil général élu à la désignation du gouvernement. Pour ce qui est de la Constitution, les 60 membres qui vont le rédiger seront élus. Chaque région (Est, Ouest et Sud) élira ses 20 membres. Cet accord obtenu deux jours avant les élections et scellé dans une décision du CNT publié le 5 juillet a baissé la tension avec les fédéralistes. L'autre recommandation publiée le même jour sur la référence à la charia comme source principale de la Constitution a calmé l'autre différend avec les islamistes radicaux.
-Et pour ce qui est de la concrétisation de ces accords '
En effet, le problème ne se situe pas au niveau des promesses. C'est le déséquilibre régional et la centralisation poussée qu'il faut définitivement éradiquer pour que les velléités indépendantistes se tassent à l'Est et au Sud. La révolution n'a pas été réalisée et les milliers de martyrs ne se sont pas sacrifiés pour voir renaître progressivement cette mainmise de Tripoli. Si les gens de l'Est avaient des velléités indépendantistes, ils auraient pu arrêter leur avancée à Briga ou Ajdabia et négocier la scission avec le régime déchu. Les citoyens de l'Est ont combattu à Mesrata, à Tripoli et à Zentane, pour que la Libye reste unifiée. Encore faut-il que le nouveau gouvernement agisse dans le sens du rétablissement de l'équité entre les régions.
La Libye dispose de moyens suffisants pour que toutes ses régions vivent dans la prospérité. Il suffit donc que son gouvernement fasse preuve de disposition dans ce sens pour que la situation se rétablisse. Nous sommes donc optimistes.


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