Algérie - Apiculture

Abdelkader Dilmi-Bouras. Professeur en sciences alimentaires à l’université de Chlef «Le marché est inondé de miel frelaté»



Abdelkader Dilmi-Bouras. Professeur en sciences alimentaires à l’université de Chlef «Le marché est inondé de miel frelaté»




Abdelkader Dilmi-Bouras, professeur en sciences alimentaires à l’université de Chlef, nous apprend comment reconnaître un vrai miel d’un faux. Faute de sensibilisation, de formation et d’incitations pour encourager l’apiculture, la production de miel est dérisoire à Mostaganem. Enfin, nous ouvrons nos colonnes à Bouazza Bouazza, 91 ans, doyen des apiculteurs à Mascara, qui nous fait partager sa grande passion pour les abeilles.

- Le marché est inondé de faux miel. A quoi cela est dû?

Effectivement, le marché national est inondé de miel coupé ou de synthèse, donc du faux miel. Cela est dû à la conjonction de différents facteurs. Premièrement, la demande de miel est sans cesse croissante et la production nationale très loin de satisfaire les besoins. Aujourd’hui, le miel fait partie intégrante de la vie du consommateur algérien, grâce à ses multiples usages thérapeutiques, nutritionnels et de santé. Deuxièmement, il y a une baisse de la productivité mondiale des ruches malgré leur augmentation en nombre. Enfin, il y a une injection de volumes très importants de miels dilués ou de synthèse à bas prix sur le marché mondial (miels d’Asie).

- Comment y remédier et à qui incombe la mission de contrôle du circuit?

Dans de nombreux pays, dont l’Algérie, l’efficacité du contrôle alimentaire est compromise par une législation morcelée par des juridictions multiples et par la faiblesse des activités de surveillance.

Ces pays deviennent ainsi des dépotoirs de produits contrefaits. Pour mettre à la disposition du consommateur algérien des produits alimentaires (miels) de qualité, il est nécessaire que l’Etat renforce les structures administratives et le système de contrôle alimentaire (infrastructures et capacités d’analyse des aliments, règlements et la tenue d’ateliers consacrés à la mise au point d’une stratégie nationale de contrôle alimentaire). Les principales victimes sont les consommateurs.

Il est temps que les autorités nationales interviennent pour contrôler ce marché avec des méthodes efficaces et rigoureuses. La mise en œuvre d’un système de gestion des risques et la traçabilité des miels produits en Algérie ou importés sont donc plus que nécessaire.

- Comment reconnaître un vrai miel d’un faux?

Le miel est une substance noble aux multiples vertus et propriétés bienfaitrices. Donc, il est sujet à des spéculations diverses. Les miels liquides, et qui le resteront longtemps, sont souvent coupés avec de l’eau, car un miel pur se cristallise assez rapidement. Trois principaux tests sont nécessaires pour différencier le vrai miel du faux. Le miel pur tombe au fond d’un récipient et reste compact. S’il se dissout, il est coupé avec de l’eau ou autre chose ou est de synthèse. Le miel pur brûle par la flamme.

Le miel pur déposé sur une serviette en papier par exemple n’est ni étalé ni absorbé. L’arnaque du faux miel représente près de 30% de la contrefaçon dans les supermarchés en France, pays où les contrôles des produits alimentaires sont pourtant rigoureux. En Algérie, ce taux est inconnu et doit être très élevé faute de contrôle.

- Malgré ses vertus, le miel est peu consommé en Algérie. Pourquoi?

Le miel est une denrée alimentaire utile pour le corps, quel que soit son origine naturelle. Il est utilisé dans la nutrition, la médecine, les cosmétiques et d’autres domaines de la vie. Le prix moyen d’un litre de miel pur avoisine les 3.500 DA. Selon les spécialistes, la consommation de miel en Algérie reste très faible. Elle se situe entre 200 et 300 g par an et par habitant, alors qu’en Europe, elle est de 3,5 kg. La production nationale est très loin de satisfaire les besoins nationaux. Ce qui explique les importations tous azimuts de faux miel.



Ahmed Yechkour







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