Algérie

ABDELKADER BOUKHARI DIT «SI BADREDDINE» : «C'est Boussouf qui a créé Boumediène, comment se fait-il qu'il lui quémande un poste '»



ABDELKADER BOUKHARI DIT «SI BADREDDINE» :                                    «C'est Boussouf qui a créé Boumediène, comment se fait-il qu'il lui quémande un poste '»
Ceux qui ne l'ont pas côtoyé ne savaient plutôt pas grand-chose sur son action. Certains le respectaient, d'autres le craignaient et nombreux ne l'aimaient pas du tout. Ceux qui ont travaillé sous son commandement gardent de lui, par contre, l'image d'un père protecteur…
Lyas Hallas Alger (Le Soir) Exit la responsabilité d'Abdelhafid Boussouf, Si Mabrouk de son nom révolutionnaire, dans l'assassinat d'Abane Ramdane, hier au centre de presse d'El Moudjahid où il était question de l'évoquer. Hocine Senoussi, un «malgache», a raconté cette anecdote qui en dit long sur les mobiles des uns des autres : «Un jour Si Mabrouk avait fait visiter la base ‘‘Didouche'' à Lakhdar Bentobal. C'est une ferme située à 80 Km de la capitale libyenne Tripoli, près des frontières avec la Tunisie ; un sympathisant l'avait mise à la disposition de la Révolution et elle fut l'un des plus importants centres du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG). A la ‘‘section du fichier'', Bentobal avait insisté pour connaître ses missions. A ce moment, Boussouf, qui demandait toujours à ses collaborateurs de rester dans des généralités quand ils recevaient des dirigeants qui n'étaient pas du MALG et donc de ne pas verser dans les détails, avait dit à l'un des gars de la section de lui sortir la fiche de Bentobal. Stupéfait, ce dernier lui répliqua : «Vous nous espionnez '». Et Boussouf de demander à nouveau de lui sortir sa fiche personnelle pour le rassurer. ». Le MALG avait établi 120 000 fiches pour des Algériens et des milliers d'autres pour des étrangers. Un fichier de renseignements généraux qui ne comptait pas, uniquement les militants et sympathisants de la cause nationale, mais aussi les collabos avec le colonialiste français. Bref, a indiqué Hocine Senoussi, «Boussouf savait tout sur tout le monde et cela avait nourri un sentiment de crainte.». Et de souligner : «Le MALG n'était pas une police secrète au service d'un pouvoir mais, un service pour protéger la Révolution. Sinon, Boussouf aurait pris le pouvoir en 1962 tout simplement, parce qu'il était le plus puissant. Il s'est retiré, volontiers, de la scène politique parce qu'il ne voulait pas justement se salir les mains avec le sang des Algériens.».
Un père éducateur, un modèle de patriotisme
Dans la lettre qu'il avait adressée à ses collaborateurs au cessez-le-feu, lue par Abdelkader Boukhari dit « Si Badreddine», Boussouf disait, en substance : «La guerre est finie, l'heure est à la reconstruction et au développement du pays. J'invite les militants qui se trouvent à l'étranger de rentrer et ceux de l'intérieur à se mettre au service de l'Algérie.». Boussouf, a ajouté Si Badreddine, avait recruté et organisé la formation d'un nombre important de jeunes à travers les écoles de guerre et les universités des pays frères et amis, dont certains avaient fait grossir les rangs des puissants bataillons de l'armée des frontières. Tout comme il avait structuré les réseaux d'espionnage, de contre-espionnage et de soutien logistique au service de la Révolution. «Contrairement à certains combattants qui n'aimaient pas les jeunes instruits, lui, les adulait et avait fait de son mieux pour les former encore. C'était un visionnaire et avait pensé à la reconstruction du pays bien avant l'indépendance », a-t-il dit. Ceux qui ont servi sous ses ordres, s'est-il félicité, connaissaient sa valeur et le considéraient comme le plus grand chef de la Révolution. «Il était pour nous un père, un éducateur et modèle d'organisation et de patriotisme.», a-t-il soutenu. «Il cultivait la méfiance et le secret et les érigeait en règle à son action, parce qu'il pensait que c'était indispensable pour la réussite de la Révolution. C'était sa nature et pour preuve, il était l'un des rares membres de l'OS dont la police coloniale ne savait rien et qui avait survécu au démantèlement des réseaux de l'organisation. Pendant qu'il était au GPRA comme responsable du MALG, aucune cargaison d'armes n'avait été saisie jusqu'à l'indépendance. Alors qu'auparavant, les services de l'ennemi avaient infiltré plusieurs réseaux de soutiens du FLN, arraisonné sept bateaux acheminant des armes pour l'ALN et fait couler trois autres.», a surenchéri Hocine Senoussi. Bref, conclut-on, «les gens se disent beaucoup de choses de lui, parfois par ignorance et souvent par méchanceté». Et dire qu'il a été voir Boumediène à sa prise du pouvoir en 1965 pour solliciter un poste et que ce dernier, pour le contrarier, lui avait proposé la direction des chemins de fer ' «Que des racontars ! Il n'a jamais été le voir ! Puisque c'était Boussouf qui avait créé Boumediene, comment se fait-il qu'il lui quémande un poste '! Il s'est retiré volontairement de la scène politique. Personne ne l'avait contraint à le faire parce que personne n'était aussi puissant que lui pour oser l'écarter», a établi Si Badreddine.


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