Algérie

Abdelkader Bengrina, président d’El-Bina, à L’Expression «Nous privilégions l’intérêt du pays»



Publié le 01.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le patron d'El Bina explique, dans cet entretien, les motivations de ce mouvement, en appelant M. Tebboune à briguer un second mandat présidentiel. Il revient également sur son initiative du front interne et le différend qu'il a eu avec le FLN au sein de l'alliance de la majorité présidentielle.
Abdelkader Bengrina.

L'Expression: Vous avez appelé le président de la République à briguer un second mandat. Sur quoi construisez-vous cette démarche?

Abdelkader Bengrina: Notre conviction est que l'échéance de l'élection présidentielle est plus grande que les partis politiques. C'est pour cela que les dispositions de l'article 11 de la loi sur les partis politiques a fait mention de la possibilité aux partis de présenter leurs candidats aux différentes élections. il s'agit d'une échéance suprême. Elle symbolise cet homme, ce candidat qui va garantir la continuité des institutions nationales, la pérennité de l'État algérien, qui est le dépositaire du serment des martyrs, la glorification de la religion musulmane, l'unité du peuple algérien, la préservation de l'intégrité du territoire national. C'est dans cette logique que se dissolvent et se fondent tous les égoïsmes. L'intérêt suprême de la nation prime sur tous les égoïsmes et les calculs personnels et restreints. Ce qui n'était pas le cas en 2019 où la polarisation multidimensionnelle de la société algérienne se discutait entre deux catégories de l'élite nationale.
L'une qui revendiquait le recours à une période transition, sans consulter le peuple. Et l'autre catégorie d'élite en accord avec les institutions, notamment l'institution militaire, clamant le respect de la Constitution et le retour à la souveraineté populaire. Le mouvement El-Bina a adhéré à cette voie, en décidant d'intégrer les élections présidentielles avec son propre candidat.
Etant donné l'ampleur de la déchirure politique ambiante, le fossé idéologique existant, les flagrantes ingérences étrangères d'alors, il était de notre devoir de défendre la légitimité des institutions et les choix du peuple.

Comment s'est formulée votre décision?

Nous avons ouvert de grands ateliers et nous avons dit que le mouvement El-Bina de 2019 n'est pas celui de 2024. Plus d'un millions et demi d'électeurs algériens nous ont donné leurs voix. Ce n'est plus le parti de ses fondateurs ou de ses militants; c'est un cadre pour les sans-voix, les sans-partis, les sans-tribunes... Cela pour vous dire que nous avons ouvert ces ateliers à travers l'organisation de 1 000 rencontres avec les cadres du parti. Nous avons ensuite ouvert des consultations à l'échelle de l'ensemble des wilayas du pays, en direction d'un nombre important de syndicats, d'associations, de personnalités et des influenceurs de la scène nationale. Chaque bureau communal et de wilaya du parti a ouvert des consultations sous la supervision du secrétariat national. Ensuite, il y eut des consultations en direction de 10 partis politiques et près de 700 élites issues des associations, organisations, syndicats, unions, associations... Cette opération a été suivie d'une synthèse de ce processus a été présentée. Avec un taux de plus de 99%, cette synthèse soutenait la candidature de M. Tebboune pour un second mandat présidentiel. Notre approche repose sur la conviction profonde que nous ne cautionnons pas l'aventurisme, ni les risques politiques.

Comment évaluez-vous la mandature du président Tebboune?

Le poids de la responsabilité recommande l'expérience parfaite pour conduire le bateau Algérie. Notre candidat possède toutes ces valeurs et vertus. Le poids de la responsabilité nous recommande de choisir un homme qui a déjà été mis à l'épreuve dans d'autres responsabilités autres que le rôle de Président, et nous l'avons testé en tant que Président pendant près de cinq années. Je pourrai vous citer nombre d'exemples, comme cette crise majeure qu'a traversé la terre entière, à travers le Covid-19 qui a affecté les économies de grandes puissances, mais qui n'a pas réussi à nous anéantir, grâce à cette gouvernance sage et visionnaire du président Tebboune.
Nous avons réussi à dépasser cette étape malgré la chute vertigineuse des prix du baril. Certains attendaient un effondrement de l'économie nationale, mais nous avons dépassé cette grave crise grâce à la sagesse et la bonne gouvernance du Président. Certes, il y a eu des insuffisances, mais nous avons renfloué les caisses de l'État avec des réserves de 60 milliards de dollars. Et nous avons maintenu le caractère social de l'État, en étant toujours le seul État qui préserve nombre de privilèges et d'acquis sociaux dans le monde. Il y a eu aussi la numérisation qui a pris forme dans nombre de secteurs. Il y a également cette allocation pour les jeunes que nous avons saluée, mais que nous pensons toujours qu'elle doit être plus productive. Sur un autre chapitre, nous avons atteint des taux d'autosuffisance record dans nombre de domaines stratégiques. Sur le plan diplomatique, la voix de l'Algérie est devenue audible. Elle est même artisane d'initiatives au sein des concerts des nations et des institutions onusiennes... Il y a aussi ce nouvel espace économique maghrébin qui est un espace de concertation, d'entraide et complémentarité entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye dans l'espoir de voir la Mauritanie rejoindre les rangs de ses frères. Pour tout cela, nous avons opté pour ce choix de porter la candidature de Tebboune en tant que parti authentique de l'alliance présidentielle.

La diplomatie économique est également importante?

Nous avons toujours appelé à ce que les actes d'investissements illustrent cette approche de la diplomatie économique. Il n'était pas judicieux du temps de feu Bouteflika d'éponger les dettes des pays africains, mais de les transformer en investissements, comme le font certains pays avec beaucoup moins de budgets. La décision de Tebboune de créer un fonds de solidarité est une décision judicieuse. Sans compter les agences bancaires en Mauritanie et au Sénégal et d'autres actions encore.

Vous avez organisé une rencontre autour de l'initiative du front interne. Où en est-on avec cette action?

Plus de 95% des partis représentés au sein du Parlement algérien, les différentes sensibilités où plus de 120 syndicats ont pris part à cette initiative. C'est une première en Algérie. Le thème générique «Initiative de la cohésion nationale et la sécurisation de l'avenir» avait pour but d'adresser un message à ceux qui guettent le pays et sa sécurité, à travers la manipulation des sensibilités et au sein des institutions de l'État, à l'instar de ce qui s'est passé dans nombre de pays. C'était avant tout un message de dissuasion.

Est-ce à dire que nous sommes à l'abri de toutes les menaces?

Aucun pays dans le monde n'est à l'abri d'une déstabilisation. Il y a plusieurs facteurs qui concourent au renforcement de la cohésion et la stabilité d'un pays. Nous devons jouir de notre liberté politique, de notre indépendance et souveraineté de notre décision politique,

Qu'en est-il de votre différend avec le FLN au sein de l'alliance?

El-Bina n'a jamais émis d'avis, ni un quelconque propos ou écrit de son président ou de ses membres vis-à-vis ou contre le FLN ou d'autres partis politiques. Ils sont nos partenaires politiques et nos frères dans le militantisme politique et la citoyenneté. Nous formons avec le FLN une partie de l'alliance présidentielle. Ceci dit, El-Bina tend ses mains et ouvre ses bras à tous les acteurs de la scène politique nationale pour trouver les facteurs communs et les développer, en vue de partenariats et alliances bénéfiques pour le pays.

Quelle sera votre démarche lors de cette campagne? Est-ce que ce sera la cohésion ou chaque parti activera en solo?

La majorité présidentielle nous dicte de suivre les décisions du candidat. Donc, nous attendons la constitution de la direction de la campagne électorale et les directives pour agir sur le terrain dans le cadre de la campagne qui se profile.
Il y a une dizaine de partis qui se sont rencontrés au siège d'El-Bina et qui ont cautionné la candidature du Président, bien avant tout le monde. Plus de 311 personnalités, experts et éminences qui se mettent au service du programme électoral du Président sortant. C'est au Président de trancher cet aspect important.

La participation reste le grand défi auquel doivent s'atteler les différents acteurs en lice?

En effet, le grand défi aujourd'hui devant les partis, les institutions nationales, les élites et même l'administration et le gouvernement reste comment créer l'espoir et une plus grande légitimité et une grande chance à l'opération électorale.
Cela requiert l'implication de tous et de tout le monde. Nous devons convaincre et illustrer les avancées notables.
Mohamed OUANEZAR



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)