Reçu en tant que personnalité nationale, Abdelhamid
Mehri a mis hier en avant la nécessité d'élaborer un
projet national sur la base d'un large et profond consensus y compris en
associant «les islamistes qui font de la politique».
«La réforme profonde qui vise le changement des structures de l'Etat et
de ses méthodes de gestion est une revendication partagée par tous comme
constaté», a commencé par noter l'ancien secrétaire du FLN. Seulement, il
considère que «la réforme selon cette conception, est une immense démarche
politique qui a une importance absolue». C'est pour cela qu'il estime qu'«il ne
faut pas l'inclure au sein des prérogatives de la gestion courante des affaires
de l'Etat». La demande est d'autant plus justifiée quand, indique-t-il, «il
s'agit de la situation algérienne qui est alourdie par de nombreuses
expériences et par des séquelles du passé».
Abdelhamid Mehri pense, dans ce cas, qu'il est «de
l'obligation sûre de faire participer toutes les forces politiques, sans
exclusion, sous quelque motif qu'il soit, dans les étapes de la recherche, de
la planification et de l'exécution de la réforme en question». Il recommande
alors qu'il faut «faire mûrir la démarche de la réforme en permettant à
l'ensemble des catégories sociales de suivre les étapes de son évolution et ce
à travers des médias objectifs, entiers et transparents». Et en cas de besoin, ajoute-t-il,
«il faut faire participer l'ensemble de ces catégories sociales dans le débat
sur certaines questions qui sont posées à l'opinion publique».
L'ancien SG du FLN met en troisième position sa proposition «d'Å“uvrer à
la fin de cette opération, à la réalisation d'un consensus ou de ce qui s'y
rapproche autour d'un document national de référence qui détermine avec
précision et clairement les objectifs de la réforme ainsi que les étapes et les
méthodes de leur application». Mehri attire alors
l'attention sur «l'adoption de la logique de la majorité» en soulignant que «c'est
une logique fausse selon mon avis, et ce qu'elles qu'en soient les voies
empruntées pour l'atteindre». Il rappelle à cet effet «l'expérience de la Constitution de 1989».
Il revient sur la mission première de la commission Bensalah
qui est celle «de recueillir les avis sur la révision des textes et leur
adaptation» pour préciser que «cela doit intervenir en dernier lieu dans les
étapes de conception du changement que j'ai évoqué». Parce qu'estime-t-il
«résumer la réforme en une révision des textes diminue de la portée de ce
changement et risque de le vider de son contenu». Pour lui, «les principales
reproches faites au régime actuel, ce sont les mentalités, les pratiques et les
décisions qui interviennent en dehors des textes et ne se plient à aucune codification».
Ce qui constitue, fait-il remarquer, «en vérité un régime parallèle à celui
écrit dans les textes». Et, affirme-t-il, «c'est ce régime non écrit qui doit
être changé».
«La participation de tous les islamistes»
Mehri veut «encourager les différentes franges sociales à organiser des
conférences et des séminaires pour débattre du changement et proposer des
solutions qu'elles considèrent aptes à être réalisées». En même temps, il
appelle au «lancement d'un débat général et public sur le changement au niveau
de l'APN et du Conseil de la Nation». Sa dernière
proposition consiste en l'organisation «d'une conférence nationale qui permet à
l'ensemble des forces politiques de participer effectivement à une réussite
réelle d'un changement à même de mettre le peuple en confiance et place notre
pays sur le droit chemin pour affronter l'avenir».
Abdelhamid Mehri a reconnu entretenir des contacts avec Aït Ahmed, le président du FFS, mais, a-t-il précisé, «nous
n'avons pas de prise de position commune». Interrogé sur s'il a eu des
garanties par le pouvoir pour voir ses propositions prises en charge, l'ancien
SG du FLN estime que «c'est une consultation et c'est normal que tout un chacun
a de l'espoir, sinon on ne fait pas de politique». Il a encore noté dans ses
réponses aux questions des journalistes que «la solution pour le pays ne peut
venir de moi seul ou d'une personne mais elle exige tous les efforts. C'est
impératif que toutes les bonnes volontés s'associent pour répondre aux
aspirations de tout le monde». A propos de la crédibilité de la commission Bensalah, Mehri estime que celle-ci
«augmente quand les avis recueillis sont positifs et diminue quand on se
trompe».
A une question sur la participation des chefs du Fis dissous aux
consultations politiques, il soulignera qu'il ne doit pas s'agir du Fis dissous
mais, affirme-t-il, «tous les islamistes, tous ceux qui font de la politique
doivent participer parce qu'on ne peut pas savoir si celui qui ne participe pas
a un bon avis ou pas». Il est évident que l'allusion touche en premier les
leaders de l'ex-Fis. «Je ne partage pas l'avis de
celui qui appelle à la violence, je ne partage pas l'avis de celui qui veut un
Etat théocratique, mais de là à l'empêcher d'exercer son droit comme tout
Algérien, je ne le fais pas», dit-il encore pour apporter davantage de
clarification à ses propos. «Le pays a besoin de tous ses enfants pour réussir
ses réformes», a-t-il soutenu. Mehri déclare à la fin
qu'«on n'est pas contre la révision des textes mais elle doit constituer la
dernière étape». L'important pour lui est «d'arriver à un projet national
global consensuel».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com