Algérie

Abdelhak Lamiri



Abdelhak Lamiri
La dichotomie secteur public-secteur privé ne devrait plus exister. L'Etat doit favoriser les meilleures entreprises parmi ces deux blocs, en s'inspirant notamment du modèle chinois, selon l'économiste Abdelhak Lamiri qui était, hier, l'invité de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent.«Il n'existe pas, explique ce professeur à l'INSIM, d'expérience de réussite dans le monde d'un modèle économique qui consiste à privilégier uniquement le secteur public». Par contre, poursuit-il, les expériences réussies sont celles qui «ont su faire émerger un secteur privé fort», citant des pays comme «la Pologne, la Corée du Sud, la Malaisie» et celles qui «ont su mettre sur un même pied d'égalité le secteur public et privé, comme c'est le cas de la Chine». Là-bas, «les bonnes entreprises (publiques ou privées) sont aidées» pour l'obtention de crédits bancaires, et on n'hésite pas à «laisser partir en faillite» celles qui ne résistent pas.L'Algérie, ajoute le Pr Lamiri, a déjà essayé «plusieurs fois» de focaliser son aide au secteur public mais «sans résultats» économiques.L'invité de Radio M estime que le taux de croissance prévu pour l'année 2014 est «trompeur et insuffisant». «Trompeur, car on compare notre croissance à celle des pays qui n'injectent pas des fonds publics dans l'économie. L'Etat (algérien) injecte 22 à 25% pour ne récolter que 4% (et 7% hors hydrocarbures), alors que le Botswana affiche 22% de croissance avec moins de 5% d'investissements publics», affirme M. Lamiri. «Pour l'Algérie, il faut parler d'indicateurs macroéconomiques. On injecte 4 dollars et on ne produit que 1 dollar», en raison, dit-il, d'un «management inefficace dans nos entreprises et organismes publics».D'où la nécessité, selon lui, de «qualifier les ressources humaines» pour «moderniser le management». Citant une étude commandée par le ministère de l'Enseignement supérieur (dans le cadre des PNR), sur la compétitivité des entreprises, les conclusions sont que «l'entreprise algérienne n'est même pas compétitive, à ressources égales, avec des entreprises africaines».Outre des facteurs liés à l'environnement économique, M. Lamiri pointe du doigt la formation des ressources humaines. «On consacre moins de ressources au développement humain que les pays émergents (5,5% du PIB en Algérie, contre 8% en Corée du Sud)», alors que les administrations et les entreprises» consacrent 0,3% pour recycler le savoir-faire de leurs ressources humaines» contre «3% ailleurs», soit dix fois moins, constate-t-il.CREDITS A LA FORMATION«L'offre de formation est trop insuffisante» pour «tirer vers le haut les qualifications des ressources humaines», considère l'orateur. Il faut, selon lui, accorder de l'importance au secteur privé de l'enseignement supérieur et propose d'aller vers les «crédits à la formation». Le Pr Lamiri suggère d'encourager la création d'universités privées et de «recycler tout le monde» au sein de l'administration et des gestionnaires. Il faut, dit-il, «un plan Marshall pour améliorer les qualifications humaines».Des universités privées, «il en existe même en… Corée du Nord», en «Mauritanie et au Niger». Alors qu'en Algérie, «l'administration n'est pas prête» à cette éventualité. «Chez nous, il y a le mythe que les familles pauvres ne pourront pas avoir accès aux universités privées, alors que ce qui importe c'est l'intelligence qui compte», dit-il. Selon lui, le filtrage se fait après les examens d'entrée. Et les étudiants qui n'ont pas les moyens de payer un cursus d'une université privée pourront obtenir des «financements bancaires», alors que l'Etat devrait «donner des bourses à des étudiants méritants».Au cours de l'émission, Abdelhak Lamiri a annoncé que «cette année, des agréments seront accordés à des universités privées». Ces autorisations devraient, a-t-il insisté, être accompagnées d'exigences dont celle de l'obtention de la «certification ISO», mais également que les «examens (soient) sous contrôle public».Par ailleurs, interrogé sur le partenariat économique, M. Lamiri estime qu'il en faut beaucoup, «mais ce n'est pas cela qui va faire développer un pays». «Si on voulait se développer à travers le savoir-faire international, il fallait acheter des entreprises étrangères, comme l'a fait la Chine, en achetant Volvo (pour environ 2 milliards de dollars)».Défendant la règle du «51/49» qui, selon lui, «existe dans plusieurs pays», l'intervenant considère qu'il ne faut «pas généraliser à tous les secteurs». On peut, dit-il, «la limiter aux secteurs stratégiques».




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