Algérie

Abdelhafid Boussouf: Un génie du renseignement au service de l'indépendance algérienne



Le colonel Abdelhafid Boussouf, de son nom de guerre " Si Mabrouk", chef de la wilaya V historique, est toujours considéré comme le génie incontestable du renseignement de guerre et serviteur humble et dévoué de la révolution qui a marqué des générations de militants de la cause nationale et des dirigeants de l'Algérie indépendante.Quarante années après sa disparition le 31 décembre 1980, le chef historique qui a crée et conçu les services des transmissions et des liaisons durant la guerre de libération, inspire encore respect et admiration de la part des anciens membres du ministère de l'armement et des liaisons générales (MALG), mais aussi du peuple algérien qui voit dans sa personnalité une école de nationalisme.
Son apport à la Révolution est considérable, tout comme sa participation à l'édification de l'Etat nation à travers les cadrs formés dans les écoles du MALG en plein Guerre de libération nationale.
Dans son dernier livre "Boussouf et le Malg, la face cachée de la révolution", publié en octobre dernier aux éditions Barzakh, Daho Ould Kablia, un ancien membre du MALG, revient sur les qualités et le sens de l'organisation du chef historique.
"La réussite de Boussouf, formé à l'origine au militantisme actif, tient à sa soif de connaître et sa passion d'agir", écrit l'ancien membre du MALG, ajoutant qu'il était "toujours au service de la Révolution".
Arbitrant des conflits, il aura "fortement" contribué à fédérer les énergies pour les orienter vers l'unique objectif de la Révolution, à savoir l'indépendance et l'édification de l'Etat algérien. Dahou Ould Kablia a consacré son ouvrage à l'histoire des services de transmissions et de liaisons, dont la genèse remonte à l'année 1956 dans l'oriental marocain où a eu lieu la naissance du premier service de renseignement de l'ALN, qui devient en décembre 1959, lors du deuxième gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), l'incontournable ministère de l'armement et des liaisons générales.
Ould Kablia, qui était le secrétaire général de la direction de documentation et de recherche (DDR) au sein du MALG, estime que la création par Boussouf du corps des transmissions en 1956, constitue "en elle-même, un évènement majeur, une révolution dans la révolution. Le colonel Boussouf estimait que l'on ne peut mener une guerre et la gagner sans les appuis indispensables que sont la logistique, les liaisons et les communications".
La réussite de Boussouf dans la mise en place d'un réseau des communications, d'abord au sein de la wilaya V, ensuite généralisé à travers l'ensemble des wilayas historiques et à l'étrager, tient de son "tempérament marqué par le goût de l'action et du secret". Au sein de l'organisation spéciale (OS), écrit Ould Kablia dans son livre, le colonel "a adopté un comportement des plus rigoureux dans son travail de sensibilisation, de mobilisation et de formation".
Ould Kablia évoque également les qualités humaines du chef historique de la wilaya V et responsable d'un des plus importants ministères du GPRA qui est MALG. "Très affable, il discutait avec nous librement de tout et de rien. Il nous étonnait pour avoir mémorisé et assimilé toutes les informations que nous lui avions communiquées. Cette humilité, cette part de l'humain, vis-à-vis de ses cadres ne sont jamais démenties par la suite", a-t-il témoigné.
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Celui qui est connu pour être l'architecte des services spéciaux de l'ALN, n'a jamais été en conflit avec les autres dirigeants et membres du GPRA, selon le défunt Abderrahmane Berrouane, ancien responsable la Direction du contre espionnage du MALG (DVCR). "Si Mabrouk était en excellents termes avec tous les membres du GPRA, qui l'admiraient, et plus particulièrement avec Bentobal et Krim Belkacem", écrit-il dans son livre, "aux origines du MALG, témoignage d'un compagnon de Boussouf", publié en 2015 aux éditions Barzakh.
La personnalité du père fondateur des services de renseignement algériens a forcé l'admiration des journalistes étrangers. Marvin Howe, une journaliste américaine qui l'avait rencontré pendant la guerre au Maroc décrivait un chef "réservé et suspicieux" qui était "distant et avait une carapace difficile à percer".
Joseph Kraft, un autre journaliste américain au New York Times, a parlé d'un homme qui a "un sens aigu de l'observation et de l'anticipation".
Yves Courrière, un journaliste et auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la Guerre d'Algérie, estime que "Boussouf a transformé sa wilaya en un instrument de haute précision. Pour lui, la lutte de libération ne devrait pas être le fait du sort, la perfection de son service de renseignement et de liaisons devait en faire l'homme le plus puissant de l'ALN".
Abdelhafid Boussouf est né le 17 août 1926 à Mila près de Constantine. Après des études primaires et secondaires dans sa ville natale, il rejoint en 1943 à Constantine son compagnon de scoutisme Abdallah Bentobal qui le fait adhérer au Parti du peuple Algérien (PPA) où il fait ses premières armes politiques auprès de Mohamed Boudiaf, Larbi Ben M'hidi et Rabah Bitat.


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