Algérie

Abdelghani Kiar (Interprète chaâbi) : Attention, jeune talent !



Faisant partie des 37 candidats qualifiés à la phase finale du 1er Festival de la chanson chaâbie qui s’est étalé du 6 au 14 octobre dernier au TNA, le jeune interprète Abdelghani Kiar s’est illustré de fort belle manière par sa personnalité artistique et son propre style, selon les mélomanes.

A 27 ans, l’enfant de Bab El Oued (ex-marché Nelson), Abdelghani Kiar a de beaux jours devant lui. Un jeune frais émoulu qui lève comme le blé. Il fait son apprentissage doucement et avec circonspection. Ses premières armes, il les a affûtées en solo en grattant sur la guitare, avant de faire ses premières classes auprès du regretté Boudjemaâ Ferguène qui lui distillait à petites doses son savoir. « Je l’ai connu en 1998 et il me donnait des pans de diwan que je lisais en décortiquant le sens des poèmes comme Min kaous hadjbou besham r’chaqni r’chiq ou Sir ya nâker lahssan dont les airs étaient entonnés en sa présence », se rappelle-t-il. A chacune de mes rencontres avec lui, poursuit-il, il me corrigeait les « touachas », me prodiguait des conseils et m’orientait sur le plan pédagogique et didactique. De fil en aiguille, Abdelghani s’essaya dans l’interprétation des morceaux instrumentaux qu’il accompagna de qçid de Sidi Lakhdar Ben Khlouf, Kaddour El Aâlami, Ben Sahla, Ben Msaïb et autres trouvères du Maghreb qui ont le don du verbe ourlé. Après un bref passage au sein de l’association El Inchirah au Bastion 23, Abdelghani s’isole un temps, prend du recul pour entamer des recherches personnelles sur le plan des textes, nous confie-t-il.

« Mon credo : forger ma propre personnalité artistique »

La tête sur les épaules et les pieds sur terre, Abdelghani ne cherche pas la célébrité ni à se mettre en tant qu’artiste en herbe sous les feux de la rampe, sinon à prêter l’oreille aux aînés, maîtres du chaâbi. Son credo ? Forger son propre style avec une nouvelle mélodie. Pour son premier coup d’essai, ce fut un coup de maître lors d’une fête familiale. En 2002, il est convié à agrémenter une soirée à Skotto (oued Koriche), très appréciée par les présents. « Depuis, j’interprète des textes que je conjugue à une mélodie que je compose moi-même », note-t-il. Une manière de se démarquer des autres interprètes ? Non, il tient à faire écouter et apprécier au public mélomane des qçids, nesrafate et naqlabate avec des airs nouveaux sans pour autant dénaturer la structure des textes. Abdelghani ne se reconnaît pas dans la notion d’élitisme et n’approuve pas les groupes qui se prétendent mandatés dans le genre chaâbi, dira-t-il en termes voilés. « Je peux comprendre qu’il y a un public qui ne les apprécie pas, car la nouveauté n’est pas admise du premier coup », reconnaît notre jeune interprète qui, toutefois, regrette que certains se servent d’arguments éculés pour confiner le genre chaâbi dans un cercle hermétique. « J’invite les gens à laisser germer le bourgeon ; par la suite, ils pourront juger de sa qualité », renchérit Abdelghani qui cite en exemple les qçid Koûl noûr min noûr El Hachemi el Kamal et Roûf yada Bala’yane, des textes qu’il a « remixés » sur la base d’une recherche personnelle et avec sa dynamique expressive. A présent, Abdelghani Kiar enrichit son répertoire pour s’affirmer dans la cour des grands. Il détient quelque 400 qçid de différents poètes, dont nombre d’entre eux ne sont pas encore interprétés, souligne-t-il. « Mon ambition est de les travailler pour les mettre en valeur avec ma propre composition et dans un arabe épuré », nous dira-t-il, en guise de conclusion.




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