Abdelaziz Bouteflika recadre tous les acteurs

La tension créée par la classe politico-médiatique a atteint une telle ampleur que le président Bouteflika s'est senti dans l'obligation morale de recadrer tous les acteurs quels que soient les postes qu'ils occupent. En agissant de la sorte, Abdelaziz Bouteflika rappelle aux uns et aux autres qu'il est toujours président de la République et ministre de la Défense. A ce titre, il affirme que «nous sommes certes habitués à des dépassements émanant de certains milieux à l'approche de chaque échéance, mais, cette fois-ci, l'acharnement a pris une ampleur telle que notre pays n'a jamais connue depuis l'indépendance allant jusqu'à tenter de porter atteinte à l'unité de l'Armée nationale populaire ainsi qu'à la stabilité du pays et à son image dans le concert des nations». Cette déclaration est faite au titre de Chef suprême des armées et rappelle que le Président ne saurait tolérer la moindre atteinte à une institution du pays et particulièrement ses bras armés que constituent la Défense nationale et les services de sécurité. Ainsi, et dans un message à peine voilé à ceux qui affichent des ambitions en tentant de déstabiliser d'autres, Bouteflika rappelle que «nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de s'en prendre à l'Armée nationale populaire ni aux autres institutions constitutionnelles» du pays.Les propos du Président et le timing choisi sont de nature à rappeler que l'institution qu'il dirige est la seule garante de l'unité de l'armée et de son fonctionnement. Les attributions des uns et la mise à la retraite des autres dépendent exclusivement de la loi et des besoins tels que les conçoit celui qui a la charge de la Défense nationale en premier et dernier recours. Le choix desmots utilisés dans la missive présidentielle sont un rappel que Abdelaziz Bouteflika suit et avec attention tout ce qui se dit et s'écrit en ces moments de précampagne électorale et qu'il est aussi un acteur politique de premier plan. En prenant son temps et en laissant la classe politique s'exprimer sur tous les sujets et avec «une rare violence», le président Bouteflika n'a fait que suivre l'adage qui dit que «le temps de la réflexion est une économie de temps».Le Président, qui est au centre de la vie politique et des rumeurs sur sa probable candidature, se place en arbitre et en maître des choix qui lui incombent.Comme dirait un confrère, certains ont été nommés pour mettre de l'ordre dans certaines institutions, ils n'ont fait que mettre du désordre dans la maison Algérie. La missive du Président à son vice-ministre de la Défense sonne pour tous ceux qui s'expriment, directement ou indirectement, au nom des institutions, comme un rappel à l'ordre et un démenti à ceux qui pensent que Abdelaziz Bouteflika n'est pas en pleine possession de ses moyens. La mise au point intervient également à quelques jours de la fin du délai légal permettant aux postulants à la présidentielle de déposer leurs dossiers au niveau du Conseil constitutionnel.Une échéance qui permettra de connaître enfin la liste des candidats à la magistrature suprême et donnera lieu à des débats que tout le monde souhaite apaisés.A. E.