Algérie

ABDELAZIZ BELKHADEM Un parcours à rebondissements



En perdant la confiance de la majorité des membres du Comité central, Abdelaziz Belkhadem semble avoir perdu une bataille, la seconde dans une longue carrière politique entamée voilà plus de quarante ans. Mais est-ce la dernière pour Belkhadem ' Pourra-t-il rebondir '
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Une allure, un faux air de moine bénédictin. Un corps efflanqué. Une barbe poivre et sel. Une réputation de bon orateur en arabe mais aussi dans la langue de Molière. Des traits que l'on retrouve dans la plupart des portraits médiatiques d'Abdelaziz Belkhadem, évincé jeudi dernier du poste de secrétaire général du Front de libération nationale (FLN). Des traits qui révèlent une personnalité assez atypique, non pour avoir joué un rôle éminemment important dans l'Histoire du pays mais pour avoir bénéficié durant sa carrière d'homme politique, de concours de circonstances favorables, diront d'aucuns. Des circonstances qui ont permis à Abdelaziz Belkhadem, natif le 8 novembre 1945 de la localité d'Aflou, un village de Djebel Amour dans les hauts plateaux, et officiellement titulaire de deux diplômes en lettres et en sciences financières, d'échanger une carrière somme toute banale d'inspecteur des finances en 1964 puis d'enseignant d'Arabe en celle de militant et homme politique. Cette évolution lui sera favorable grâce au laïus laudateur qu'il prononcera en 1972 à Sougueur pour le président Houari Boumediène, lui permettant d'accéder à la présidence de la République, en tant que cadre à la direction des relations internationales. Et c'est la rencontre avec le ministre des Affaires étrangères d'alors, un certain Abdelaziz Bouteflika, ce qui s'avérera assez providentiel par la suite pour Belkhadem dont l'ascension sera fulgurante. Ainsi, et peut-être l'influence du défunt Larbi Belkheir y a-t-elle contribué au regard de leur origine commune, les portes de l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale (APN) s'ouvrent en 1977 au jeune député de Tiaret, âgé alors de 32 ans. Une carrière parlementaire commence ainsi pour Belkhadem, député dans trois législatures. Une carrière certes marquée selon d'aucuns, par le sens de la discrétion mais aussi par des affinités très prononcées avec l'islamisme, notamment à l'occasion du vote en 1984 du très controversé code de la famille et auquel Belkhadem contribue activement. Considéré comme l'archétype du responsable «barbéfélène», proche des milieux islamistes et encouragé par les jeux de coulisses d'alors, Abdelaziz Belkhadem succède en 1990 au défunt président de l'APN, Rabah Bitat, démissionnaire. Une période également marquée par la proximité de Belkhadem avec des diplomates iraniens auxquels il est réputé avoir assuré la victoire du FIS aux élections législatives de décembre 1991. Mais, à une tangente d'être l'éventuel successeur du président de la République (feu Chadli Bendjedid), Abdelaziz Belkhadem se retrouve cependant contraint en janvier 1992 d'oublier ses ambitions en raison de l'arrêt du processus électoral, la démission de Chadli Bendjedid et de la dissolution de l'APN. Et c'est la première bataille politique que Belkhadem perd. Resté membre des instances dirigeantes du FLN, soutenant un moment la démarche conciliatrice d'Abdelhamid Mehri, alors secrétaire général du FLN, Belkhadem entame dès 1996 une brève traversée du désert. Et c'est l'élection d'Abdelaziz Bouteflika en 1999 et son hostilité affichée à la visite du chanteur Enrico Macias en Algérie qui lui permettent néanmoins de rebondir politiquement, Abdelaziz Belkhadem exerçant entre 2000 et 2005 au sein des deux gouvernements successifs d'Ali Benflis et d'Ahmed Ouyahia la fonction de ministre des Affaires étrangères. Voire, d'être chargé de diriger le mouvement de «redressement» du FLN, succédant à Ali Benflis au poste de secrétaire général du FLN dès 2003. Désigné également ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat dans le gouvernement d'Ahmed Ouyahia, il lui succède à la tête de la chefferie du gouvernement jusqu'au remaniement de 2008, redevenant ministre d'Etat, représentant du chef de l'Etat. Sans responsabilité gouvernementale, reconduit secrétaire général du FLN en novembre 2010, Abdelaziz Belkhadem s'est retrouvé pourtant confronté à une forte contestation interne au sein de son parti, devenant la cible d'une multitude de mouvements de redressement. Mais une crise que Belkhadem a pu gérer, déployant certainement un talent à la Talleyrand, arrivant à faire engranger à son parti d'importantes victoires électorales en 2012, caressant peut-être l'espoir d'être président de la République en 2014.


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