Dans une brève intervention devant ses partisans à Sanaa, le président Saleh, au pouvoir depuis 1978, a accusé les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) «d’ingérence» et nommément dénoncé le rôle du Qatar. Les pays du CCG, à savoir Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweit Oman et Qatar ont proposé leur médiation le 3 avril.
Mercredi, le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al Thani, a spécifié que l’offre du CCG prévoit le retrait immédiat du président Saleh, une exigence de l’opposition toujours refusée par le chef de l’Etat. La médiation du CCG propose également la remise du pouvoir au vice-président Abed Rabo Mansour, la formation d’un gouvernement dominé par l’opposition et des garanties au président qu’il ne sera pas poursuivi en justice.
«C’est une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du Yémen», a déclaré le président Abdallah Saleh. Et de poursuivre : «Nous tirons notre force de la force de notre grand peuple, ni du Qatar ni de personne d’autre.» Ainsi, a-t-il relevé : «Nous sommes nés libres et nous sommes libres de décider.» Le dictateur de Sanaa s’est dit prêt à céder le pouvoir à sa manière. En d’autres termes, dans le cadre d’une transition ordonnée avant le début 2012. «Les autres doivent nous respecter. Nous rejetons tous les complots contre la démocratie, la Constitution et la liberté», a indiqué Abdallah Saleh devenu un allié encombrant pour les Etat-Unis et un voisin perturbateur pour les monarchies du Golfe. Plus tôt, le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr Al Kourbi, a déclaré que le pouvoir examinait l’offre de médiation du CCG.
«L’initiative des ministres des Affaires étrangères du CCG est examinée actuellement par la direction politique de notre pays», a indiqué le chef de la diplomatie yéménite. Cependant, il a tenu à préciser que «toute initiative visant à trouver une solution à la crise en accord avec la Constitution est la bienvenue et peut amorcer une véritable solution» au Yémen. Le royaume saoudien a déjà proposé d’accueillir à Riyad les tractations éventuelles entre le régime yéménite et l’opposition. L’opposition, qui a accepté l’offre du CCG, exige que ces tractations débouchent sur le départ de Saleh. Washington a fait savoir qu’il devait céder le pouvoir et que la coopération antiterroriste pouvait se poursuivre avec quelqu’un d’autre.
Par ailleurs, d’après une note diplomatique publiée par le site WikiLeaks, les Etats-Unis ont été prévenus en 2009 par un haut responsable de l’opposition yéménite de l’existence d’un complot visant à renverser le président Abdallah Saleh en usant de manifestations.
Hamid Al Ahmar, un homme d’affaires, a expliqué à un responsable non identifié de l’ambassade américaine au Yémen que des manifestations seraient déclenchées contre le président Saleh si ce dernier ne «garantissait» pas l’organisation d’élections législatives libres en 2011, selon un câble diplomatique américain daté d’août 2009, publié hier par le Washington Post. Hamid Al Ahmar voulait plonger le pays dans un «chaos contrôlé» en s’inspirant des manifestations qui ont entraîné la chute du président Suharto en Indonésie en 1998. Guère impressionnée par ce projet, l’ambassade américaine estimait qu’il n’aurait eu pour effet que «d’irriter modérément» le président Saleh. D’autres notes diplomatiques révélées précédemment par WikiLeaks ont montré que les Etats-Unis ont été avertis à plusieurs reprises par leurs alliés et de puissants responsables yéménites de la position de plus en plus difficile d’Ali Abdallah Saleh. Par ailleurs, à Taëz, au sud de Sanaa, deux manifestants ont été tués hier par les tirs des forces de l’ordre et des dizaines d’autres blessés.
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Posté Le : 09/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rédaction Internationale
Source : www.elwatan.com