Rencontré lors du 3e Festival international des arts de l'Ahaggar à Tamanrasset, il fait partie de la nouvelle génération d'artistes qui porte l'art traditionnel de Djanet. Parolier et compositeur, son instrument de prédilection est le luth. Son inspiration artistique lui vient de la poésie de sa défunte mère qu'il n'a pas connue.Liberté : Tin Hinan est votre dernier opus, sorti en janvier dernier, où vous rendez des hommages?
Abdallah Mesbahi : Oui, cet album est composé de six chansons, toutes dans le même registre. Le titre éponyme renvoie à une chanson qui est un hommage à Tin Hinan, la mère des Touareg. C'est également un clin d'?il à la première édition du Festival international des arts de l'Ahaggar de Tamanrasset qui s'est déroulé non loin de son tombeau. Dans cette chanson, je raconte ses dernières volontés, la préservation du patrimoine, des traditions. Dans ce dernier opus, il y a une autre chanson relative à l'oued en crue qui a emporté Athman Bali. Un autre hommage à un homme, à un artiste qui a laissé un vide.
La musique que vous pratiquez ressemble à celle de Athmane Bali. N'avez-vous pas peur que l'on vous compare à lui '
C'est une école, pour l'Algérie en général, et les chanteurs targuis en particulier. Certes, mon travail ressemble à celui du défunt, surtout au niveau de la musique, et des paroles. Mais chacun a sa manière d'interpréter les chansons, et c'est ce qui fait la différence. Je suis compositeur et parolier, et chaque fois que j'écrivais une chanson ou composais une musique, je demandais l'avis de Athmane Bali, et ce, jusqu'à sa mort. Dieu merci, il m'a été de précieux conseil. Il m'a toujours conseillé de ne pas sortir de la tradition et ne pas m'éloigner de la musique locale, spécifique à la région de Djanet. Je me rappelle, huit jours avant sa mort, il me disait que j'étais son héritier. Je lui en suis reconnaissant. Et jusqu'à aujourd'hui, je ne rate aucune occasion, quand je monte sur scène, d'interpréter une de ses chansons.
Dans vos compositions, on décèle une influence musicale de Syrie et d'Arabie Saoudite. Pourquoi '
Tout simplement, parce que je travaille avec le système pentatonique (une échelle musicale constituée de cinq hauteurs de son différents, ndlr), le même que celui utilisé par Athmane Bali. Ce système tend vers la musique saoudienne, syrienne, et même soudanaise qui, elle, a des ressemblances avec la musique targuie. De plus, on s'était rendu compte que les paroles targuies allaient bien avec ce genre de musiques. Ceci grâce à Bali qui a permis à notre chanson de s'ouvrir sur d'autres genres. De plus, aujourd'hui, les jeunes chanteurs n'ont plus l'oreille musicale et n'apprécient pas la belle mélodie. Ils écoutent avec leurs jambes, ne cherchant qu'à danser? D'où cette fusion des genres pour pouvoir contenter le public tout en restant le plus fidèle possible à notre musique ancestrale.
La musique targuie a-t-elle souffert du décès de Athmane Bali '
Il faut savoir que de tout temps la chanson targuie a sa place dans le paysage musical en Algérie, même si c'était restreint. Athmane Bali lui a permis d'être encore plus connue, avec une nouvelle orchestration, sans toutefois la dénaturer. Et comme il était connu sur la scène internationale, c'est ce qui a fait que notre art ait pu être propulsé au-delà des frontières, découvert par d'autres personnes et surtout apprécié à sa juste valeur. Mais depuis sa mort, elle a stagné, on fait tout notre possible pour la relancer. En 2010, j'ai participé à l'Exposition universelle de Shanghai, avec le pavillon algérien. Ce fut pour moi l'occasion de faire encore connaître la chanson targuie et la porter encore loin. Une belle expérience, puisque les présents demandaient à avoir des CD.
A. I.
Bio express
Né en 1974, à Djanet, Abdallah Mesbahi a participé à plusieurs manifestations, fêtes nationales et cérémonies officielles. Fidèle à son style musical, il a été, en 2008, lauréat ex aequo de la meilleure interprétation du 1er Festival national de la chanson et de la musique targuies. Dans chacune de ses prestations, il revisite le répertoire traditionnel de la région pour lui donner une dimension universelle.
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Posté Le : 01/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Amine IDJER
Source : www.liberte-algerie.com