Algérie

Abd al-Moumin ibn Ali al-Koumi a construit la Koutoubia de Marrakech



Abd al-Moumin ibn Ali al-Koumi a construit la Koutoubia de Marrakech
Vue de la Koutoubia Marrakech et ruines de la primo mosquée

Élevée sur l’emplacement du palais almoravides (Dar El Hajjar), la première Koutoubia fut inaugurée en 1157 et la deuxième construite un an plus tard.

Ainsi le minaret, œuvre d’Abd El-Moumen, se trouva pendant quelque temps entre les deux mosquées qui n’en faisaient qu’une. La première fut détruite et les travaux de construction de l’actuelle Koutoubia furent achevés par le petit-fils d’Abd El-Moumn, El Mansour.

La Koutoubia (Koutoub, en arabe, signifie livres) doit son nom aux cent boutiques des libraires venu s’installer à ses pieds. Construite essentiellement avec la pierre, la brique étant particulièrement employée pour les arcs, les portes et les 152 piliers, la Koutoubia va devenir un archétype et un chefs-d’œuvre de l’architecture musulmane.

La plus vaste des mosquées de Maghreb est plus large que profonde (90 m sur 60 m) et ses dix-sept nefs, comme toutes les mosquées de l’Occident musulman, sont perpendiculaires à la Qibla, suivant le modèle de la mosquée d’Al Aqsa (le Dôme du Rocher, à Jérusalem), premier monument architectural omeyyade. Il faut savoir, en revanche, qu’il n’en est pas de même au Proche-Orient, où les nefs sont parallèles à la Qibla, suivant le modèle de la mosquée de Damas.

Comme dans toutes les mosquées hispano-mauresques, le plan de la Koutoubia est en T, mais complètement développé; ainsi le vaisseau central est large, de même que la nef qui longe le mur de la Qibla, dont l’importance liturgique est soulignée par quatre coupoles.

Le vaisseau central est couvert de sept coupoles, la septième étant celle du mihrab (la niche qui désigne la direction de la prière). la cour extérieure est petite et bordée de deux côtés par des portiques à quatre nefs.

La mosquée fut décorée sobrement, dans un style que G. Marçais qualifie de «style large». «Les artistes de la Koutoubia, écrit H. Terrasse, n’ont admis que le décor large.»

«Ils ont renoncé aux décors couvrants et aux motifs compacts. Ce sont des arcs aux lignes pures et simples, de grands entrelacs géométriques dessinés par de minces baguettes, des dômes aux larges stalactites. Le décor floral ne vient plus remplir de vastes panneaux…Partout de grands espaces vides où l’oeil peut se reposer. Partout la mesure et la sérénité. Il y eut donc, grâce à l’austérité de la doctrine officielle, un renouvellement de l’art et une épuration de la surabondance facile, un refus de l’esthétique dite de l’horreur de vide.»

Haut de soixante-dix-sept mètres (jusqu’à la pointe de la flèche), le minaret de la Koutoubia se voit de très loin, «un géographe français eut la surprise (alors qu’il était sur le Djebel Irhoud à l’est de Safi et à 84 km de Marrakech) d’apercevoir la silhouette de la Koutoubia s’estomper un soir dans brume bleue du Haouz». On accède à la plate-forme du lanternon par une rampe qui monte en pente douce autour d’un noyau central. Large d’un mètre et demi, elle permettait aux bêtes de somme de monter le mortier, les briques et les pierres jusqu’au sommet.

Le décor extérieur est différent sur chaque face du minaret: réseaux d’entrelacs sculptés dans le stuc, ornements floraux peints, arcs et décor épigraphique, le bandeau terminal en céramique est une innovation qui fera date. Jusque-là ébauché sur les autres minarets, ce bandeau devient une couronne de faïence dessinée en larges filets blancs sur un fond bleu turquoise et composée de carrés et d’hexagones allongés (dont il ne reste plus grand-chose). les proportions ont été remarquablement étudiées, donnant un rapport de 1 sur 5 entre la largeur et la hauteur qui confère à cet édifice une distinction sereine et écrasante.

Le lanternon de seize mètres de haut est à lui seul un minaret, il se termine par une flèche en fer sur laquelle sont enfilées trois grosses boules en cuivre doré et une sorte de poire pointue qui serait en or. La pur et gardée par des génies. Tous ceux qui tentèrent de les enlever connurent un sort funeste. On raconte aussi que l’équilibre de ces boules «enchantées» serait maintenu grâce à l’influence des planètes.

Construites par le même architecte Gueber de Séville, sous le règne d’El Mansour, ses petites sœurs, la Giralda de Séville et la Tour Hassan inachevée de Rabat, malgré l’admiration qu’elles vont susciter, n’égaleront jamais l’incomparable élégance de la Koutoubia qui marque «l’étape almohade de l’art hispano-mauresque omeyyade où se concilient une apparente simplicité avec une merveilleuse habilité et un luxe discret». Marrakech a la chance d’être la ville de ce chef-d’œuvre impérissable.


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