Algérie

Abassi Madani inhumé, hier, à Sidi M'hamed



Du monde à l'enterrement
Une foule nombreuse a accompagné sa dépouille à sa dernière demeure.
Le cofondateur du Front islamique du salut (FIS), Abassi Madani, a été inhumé, hier, au cimetière de Sidi M'hamed, à Belouizda(Alger).
L'ambiance prévalant, hier, au quartier de Belouizdad (ex-Belcourt) a ravivé le souvenir des années de braise de 1990. Plusieurs anciens dirigeants, cadres, militants et sympathisants de l'ex-FIS dissous, sont venus des quatre coins du pays pour accompagner la dépouille mortelle de feu Abassi à sa dernière demeure. La route longeant le quartier où résidaient les parents du défunt était noire de monde. La circulation a été bloquée pour un bon moment. Dès l'annonce de l'arrivée de la dépouille mortelle rapatriée depuis Doha au Qatar, des centaines, voire des milliers de personnes présentes ont improvisé une marche. Des slogans tels «vous avez bouffé le pays, voleurs!), empruntés au mouvement populaire, ont été répétés. Il faut noter que la majorité des salafistes ne participent pas aux marches du mouvement populaire, car ils sont hostiles à toute idée de sédition contre le pouvoir (sultan), dans le cas où ce dernier est corrompu. Et il est relevé que très peu de jeunes et moins jeunes ont pris part à cet enterrement. La procession mortuaire s'est muée en manifestation politique où des mots d'ordre et slogans chers à l'ex-FIS dissous ont été scandés: «Allah ouakbar, Aliha nahia aliha namout...», «ya Ali ya Abass, el Djebha rahi labas», «ya Abass ya Nahnah Sanouawsilou elkifah», littéralement «ô Abbas ô Nahnah, le combat continue», sont entonnés. La majorité, venue rendre hommage et assister à la mise en terre de la dépouille mortelle de son chef historique est constituée de gens d'un certain âge. Même si elles ne sont pas nombreuses, des «akhawate» (soeurs) ont marqué leur présence, aux alentours du cimetière de Sidi M'hamed. Un dispositif de force antiémeute a été placé non loin du cimetière.
Ainsi, semble-t-il, les salafistes, qui contrôlaient la majorité des mosquées des quartiers de la capitale et qui sont à la tête de plusieurs réseaux, sont restés idèles à leur stratégie d'instaurer une république islamique. Force est d'observer, hier, que leurs comportements, tenues vestimentaires, idéologie et référentiel «salafime», sont restés inchangés.
Le salafisme ou le wahhabisme, blanchi et réhabilité par la Charte pour la réconciliation nationale ne semble pas reculer d'un iota en Algérie. Pour rappel, Abassi Madani est décédé ce mercredi dernier à l'âge de 88 ans. Il était l'un des fondateurs d' l'ex-FIS, dissous. En 1992, il avait appelé à la lutte armée après l'interruption du processus électoral, face à la victoire annoncée. Il avait quitté l'Algérie en 2003 après avoir été libéré de prison où il avait purgé une peine de 12 ans, pour atteinte à la sûreté de l'Etat. Il avait été aussi interdit de toute activité politique. Pour de nombreux Algériens, les noms de Abassi Madani et de l'ex-FIS dissous resteront tragiquement associés à la décennie noire des terribles violences, dans laquelle l'Algérie a plongé.
Né le 28 février 1931 à Sidi Okba (Biskra), fils d'un imam, il est initié très jeune à l'histoire religieuse et à l'enseignement coranique. Il s'installe avec sa famille, à l'âge de 10 ans, dans la ville de Biskra, où il est inscrit dans une médersa mais où il fréquente également l'école française pendant deux ans et où il apprend la langue française. Il adhère, à la fin de ses études secondaires, au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld).


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