La posture la plus significative à laquelle doit conduire l?écriture de l?histoire est un devoir de vérité sans lequel toute conscience nationale est ébréchée. Les Algériens, comme les autres peuples, ont, aujourd?hui, cette aspiration légitime à la manifestation de la vérité même sur les séquences les plus dures, les plus douloureuses du passé. La commémoration de la grande figure de Abane Ramdane relance le débat sur un lien à l?histoire que, dès l?indépendance nationale, les pouvoirs qui se sont succédé ont confiné dans un rapport psycho-névrotique. Le discours officiel, assez systématiquement, a inscrit Abane Ramdane dans un enjeu de silence, il a ossifié le personnage historique et toute sa pesanteur humaine dans la nébuleuse mortifère de l?inavoué, du non-advenu, du non-dit érigé en dogme, et d?une manière certainement périlleuse, en modèle de gouvernement. Périlleuse pour la collectivité car dans de tels cas de figure, le parti pris d?occultation se retranche derrière les impératifs dévastateurs de la raison d?Etat. Face à un autoritarisme qui ne s?accommode pas du sens de la nuance, il y avait des questions à ne pas poser car ne sont cachées que les vérités qui ne sont pas bonnes à dire. L?Histoire récente a été, pour ainsi dire, momifiée dans ces couches superposées d?occultation avec le risque tragique que des générations d?Algériens affronteront le monde réel avec le désavantage d?une mémoire désactivée au sens spirituel et physiologique du mot. Un peuple soumis à un tel traumatisme, quel qu?il soit au demeurant, ne guérit pas vraiment de cette atteinte qu?est la rétention délibérée de la vérité. Car tout ce qui concerne Abane Ramdane n?appartient pas à la sphère privée ou intime. L?histoire à son égard, comme pour tant d?autres artisans de la Révolution, est comptable d?actes qui rentrent nécessairement dans le domaine public et cela permettra aux Algériens à vivre ensemble dans l?apaisement et la sérénité. C?est sans doute une telle demande que symbolise aussi Abane Ramdane dont le combat pour la liberté appartient à tous les Algériens autant qu?il est universel. Et c?est cette dimension qu?aucun ukase, aucun déni ne peuvent refouler.
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Posté Le : 28/12/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com