Algérie

Abadla (Béchar) - Portrait: Hadj Mohamed Targui, un agriculteur qui a réussi



Abadla (Béchar) - Portrait: Hadj Mohamed Targui, un agriculteur qui a réussi




Hadj Mohamed Targui est le plus atypique agriculteur de la région d’Abadla et sa concession est l’une des exploitations les plus réussies.

Cette dernière n’est pas exclusivement constituée de palmiers, 460 pieds sur 4,5 ha, mais également d’oliviers, soit 160 arbres, d’un élevage de camelins et d’ovins, 17 têtes pour les premiers et une soixantaine pour les derniers.

C’est la totale au Sahara, avec un petit bout pour le maraîchage, ce que n’a réalisé aucun concessionnaire!

Pourtant, Targui n’est pas un agriculteur à la base. Il y a une décennie, il était encore un tôlier bien connu au quartier dit de la Centrale, à équidistance entre Béchar et Béchar-Djedid.

Il a fait totalement sa mue en allant habiter en solitaire à 80 km de là, en plein désert, pas loin de Ksi-Ksou, un ancien centre de charbonnage devenu lieudit.

Il s’est installé à Hassi Ratma à 5 km en pleine Hamada sur le passage du lit de l’oued Ratma, du nom d’un arbuste qui y pousse. Sa maison est en partie en toub, la plus ancienne.

C’est parce que l’argile du pisé a fondu sous la violence de pluies diluviennes que la deuxième partie est en toub. Bien que de toute évidence, il n’y a aucun confort, et pour tout une vie de spartiate. Mais, à 69 ans et paraissant une vingtaine de moins, Targui est heureux de sa nouvelle vie.

Est-ce parce qu’il a retrouvé la vie de nomade de ses aïeux touaregs, lui qui est membre à part entière des Doui Mni, elle aussi une tribu nomade jusqu’il y a moins d’un demi-siècle, et qui ramena son ancêtre du lointain Soudan, le Niger-Mali d’aujourd’hui?

Et pour couronner le tout, c’est un autre Targui qu’il s’est découvert pour compagnon, le seul employé qu’il a réussi à engager pour l’aider à l’entretien de son exploitation.

Certainement, parce qu’il ne s’est pas intégré à vie en ville, préférant, celle semi-sédentaire à Hassi Ratma.

Pour l’instant, Targui ne tire pas encore de substantiels revenus. L’eau de son puits, abondante et délicieuse, lui en procure un peu, des revendeurs viennent en pomper par citerne.

Il y a cependant une chose qui chagrine Hadj Mohamed: «Lors des élections, ce ne sont pas moins de douze véhicules (bureau de vote nomade et son personnel, les observateurs et les gendarmes) qui empruntent la piste pour venir jusqu’à moi afin que je mette mon bulletin dans l’urne. Comment se fait-il qu’on se rappelle de ma citoyenneté à cette occasion et pas lorsque je demande mon droit au logement rural. Je le construirais moi-même ; qu’on me donne la subvention pour l’achat des matériaux.

On a fallacieusement rejeté ma demande parce que j’avais ma maison au quartier la Centrale. Mais, celle-là, je ne l’ai pas acquise auprès de l’Etat et je n’ai bénéficié d’aucune aide! Et puis, moi, ma vie est maintenant ici.»

L’autre grief que retient Targui contre les autorités locales, c’est le fait de n’avoir pas fait suite à une autre demande, celle d’ériger une retenue collinaire sur l’oued Ratma: «Ah, les maraîchages qui pourraient sortir d’une terre aussi saine!»

* Photo: Targui nous révélant des gravures rupestres de oued Ratma.


Mohamed Kali



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