Algérie

Aaron Shabtai et les autres


Le Salon du livre de Paris s'ouvre demain au public. Il n'accueillera pas Aaron Shabtai, l'un des plus grands poètes israéliens. Celui qui avait reçu en 1993 le Prix du Premier ministre israélien pour ses traductions des «Tragiques», du grec ancien à l'hébreu moderne, ne veut pas participer à cette grande manifestation culturelle. «Je considère qu'il ne s'agit que d'une occasion de propagande, dans laquelle Israël va s'exposer comme un Etat qui a une culture, des poètes, et en cachant qu'en ce moment-même il est en train d'accomplir de terribles crimes contre l'humanité», dit-il à un journal italien. Aaron Shabtai est sûrement lucide et surtout sincère: il ne se gêne pas pour dire le comportement illogique des autres écrivains israéliens qui militent, parfois, pour la paix. « Notre littérature n'a pas à coeur les problèmes moraux cruciaux de ce moment historique. Elle se présente surtout comme de l'entretien bourgeois. Dans ce contexte, la majeure partie des écrivains se déclare en termes généraux «pour la paix »; mais quand il y a une décision à prendre pour faire quelque chose d'« agressif», ils se rangent aux côtés du gouvernement: comme pendant la guerre du Liban, quand Yeoshua, Grossman et Oz ont écrit qu'il s'agissait d'un conflit juste. A l'étranger, ils donnent une image d'un Israël libéral, mais ils font partie du système », ajoute Aaron Shabtai. L'écrivain véritable, l'artiste vrai n'aime pas la propagande, l'injustice, la loi du plus fort et l'absence de libertés. Les écrivains et les éditeurs arabes vont boycotter le Salon du livre de Paris. On ne peut que comprendre leur geste. Mais combien d'entre eux dénoncent-ils la propagande des régimes arabes ? Combien d'autres s'opposent-ils, du moins dans leurs écrits, à l'injustice, à l'oppression des gouvernants en place dans le monde arabe ? Malheureusement, ils sont si peu... Aaron Shabtai n'est pas tendre avec les médias de son pays. «En Israël, toutes les télés et tous les journaux éduquent les gens au nationalisme, comme un lavage de cerveau quotidien. En ce moment, je suis assis ici, dans mon appartement, et je peux entendre distinctement mon voisin qui est en train de dire: «Les Arabes ne sont pas un peuple, ce sont des barbares. Nous aurions dû tous les frapper avec une bombe atomique». Celui qui le dit l'a appris par les masse-médias, qui créent la panique et de la rage, tandis que les politiques collaborent avec l'establishment militaire», explique ce grand poète. Ce que nous dit Aaron Shabtai sur les médias israéliens s'applique facilement sur bien des médias arabes qui continuent à berner leurs peuples. Jusqu'à quand ?
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