Algérie

«A vous la Sonatrach, à nous la matraque !»



«A vous la Sonatrach, à  nous la matraque», «Honte à  une justice qui traduit les chômeurs devant les tribunaux». Des slogans brandis, hier, sous l'œil vigilant et intimidant des forces de l'ordre. La police a encerclé  la place Sedrata avec trois Toyota, un camion blindé antiémeute et un bus blindé de transfert des émeutiers. Le dispositif se voulait impressionnant, l'intervention a ciblé le correspondant de l'Associated Press sommé d'arrêter de filmer avant d'être embarqué et sa caméra confisquée. Après trois heures d'interrogatoire, il a été relâché en début d'après-midi et attend toujours de récupérer son film. Le thermomètre affichait 47°C à  11h et le sit-in n'a pas été interrompu pour autant. Le collectif des chômeurs déplore «l'absence de solidarité des magistrats et avocats de Ouargla alors qu'un cas flagrant de violation des droits de l'homme se déroule sous leurs yeux». Le Comité de défense des chômeurs a tenu à  exprimer le problème dans la rue et ne compte pas s'arrêter à  ce sit-in malgré la dernière entrevue avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, que les chômeurs qualifient de fiasco, vu que Tayeb Louh a exprimé clairement sa vision des choses quant à  l'affiliation du Comité des chômeurs au Snapap, justifiant son acceptation de les recevoir par un souci d'écouter des individus et non pas un collectif.
Au grand étonnement du groupe, le ministre a demandé à  ce que les chômeurs ne s'adressent plus à  son département ministériel mais au ministère de l'Intérieur pour solliciter l'agrément d'une association. «Le ministre nous a traités de hors-la-loi», a déclaré, hier, à  El Watan Tahar Belabess, coordinateur national du CNCD. Pour lui, l'objectif des chômeurs n'est pas de constituer une association ou un mouvement politique mais la création d'un collectif en guise de porte-voix de milliers de chômeurs qui ne trouvent pas d'interlocuteur sérieux qui veuille bien régler le problème de l'emploi, «sinon comment se fait-il que M. Louh affirme ignorer l'existence de sociétés privées de sous-traitance à  Hassi Messaoud alors qu'une simple vérification au Centre national du registre du commerce ou de la CNAS l'aurait  fixé sur le sujet».  Autre chose qui a interpellé les chômeurs est le refus persistant des autorités locales et le ministre de tutelle d'instaurer un débat sérieux avec les représentants des chômeurs qui, eux, se positionnent en tant que partenaire social venant de la base. Toujours selon Tahar Belabess, «le plus étonnant est que tous les responsables pointés du doigt ont été changés à  terme en toute impunité, l'administration se garde de se discréditer même si elle fait aujourd'hui l'aveu de son échec». En témoignent les dernières déclarations officielles du DG de l'ANEM, où il reconnaît l'existence de dépassements de l'administration, de transgression des lois de la part des entreprises du secteur pétrolier mais aussi la persistance de la sous-traitance malgré l'annulation de son code de commerce.
 


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