Photo : Sahel
Par Karima Mokrani
Les actions de volontariat manquent au pays. Rares sont les personnes qui songent, de manière désintéressée, à créer une dynamique de groupe et la maintenir pour le bien de tous. Beaucoup rejettent la responsabilité des problèmes de la cité et de l'environnement sur l'Etat mais se décident peu à provoquer eux-mêmes le changement par des actes, des idées qui stimulent et donnent de l'énergie et de la volonté.
Avoir de la volonté
Des réflexions toutes simples mais utiles et fécondes qui deviennent vite de grands projets et de grandes réalisations quand d'autres, animés par la même volonté de progrès, s'y associent. Et ça réussit quand l'engagement est réel, sincère. C'est ce qui s'est passé (et se passe encore) dans un village situé sur les hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Plus précisément à Larbaâ Nath Irathen (ex-Fort National), à deux kilomètres de la ville. Cette cité historique est connue pour sa forte résistance à l'armée coloniale qui a dû construire tout un fort pour contrecarrer la rébellion. D'où l'appellation de Fort Napoléon puis de Fort National. La ville est bien connue de tous mais le village très peu'malgré son engagement profond, lui aussi, dans tout ce qui a marqué et marque l'histoire de la région et de la Kabylie, de façon générale. C'est à cause de cette méconnaissance de l'histoire que des gens de bonne volonté ont décidé d'agir de façon à redonner au village sa place parmi ses voisins et le hisser à un niveau digne des aspirations de tous ses habitants. Tout a commencé par la réalisation d'un trottoir. Et juste après, de stèles à la mémoire des martyrs de la révolution, tous des enfants du village. Mais on n'est pas resté là. Dans ce village, des jeunes ont initié des actions de volontariat et s'y sont engagés pleinement, sans rien attendre en contrepartie. Le tout sous la surveillance d'un comité, né dans une situation particulièrement difficile, voire désespérée. C'était lors des intempéries du mois de février de l'année en cours. Quand des centaines de foyers étaient coupées du reste du monde, privées d'électricité, de gaz et de nourriture. Tous pensaient à la fin du monde. «Les routes étaient impraticables pour l'acheminement des bonbonnes de gaz et ce dernier manquait dans les stations et les dépôts de Naftal. Les enfants et les personnes âgées étaient fortement fragilisés par le froid. Tout le monde avait peur. Nous étions tous angoissés, terrifiés devant les montagnes de neige qui grossissaient chaque matin et chaque soir sans que nous ne puissions faire quelque chose», se rappelle un homme, la cinquantaine, aujourd'hui considéré comme un des animateurs les plus efficaces et les plus respectés du groupe.Ce groupe qui s'est donné pour mission de sécuriser le village sur tous les plans. Chose à laquelle ne pensaient pas les habitants à cause de la situation d'abandon dans laquelle étaient tous les quartiers pendant des années et qui était à l'origine du départ à l'étranger, sinon de l'installation dans d'autres endroits du pays, de nombre de ses hommes et femmes, jeunes et moins jeunes.
Le concret pour convaincre
Aujourd'hui, ses enfants reviennent, l'un après l'autre, ne serait-ce que pour des vacances de quelques jours et contribuer, eux aussi, directement, aux travaux en cours. Certains avec leurs idées, leurs propositions de projets, d'autres avec de l'argent et des biens matériels et d'autres, plus nombreux, avec la force de leurs bras. Le village se transforme. Un miracle! Une joie sans pareille qui a fait son entrée dans tous les c'urs grâce à une phrase, une seule phrase, prononcée par des habitants qui refusent de se soumettre aux caprices du temps. A ces intempéries, qui sont loin d'être un fait nouveau mais quelque chose de tout à fait fréquent dans la région. Les plus anciens en témoignent : «Nous avons vécu des années plus difficiles mais nous ne nous sommes pas affolés de cette façon». L'erreur des habitants était de ne pas s'y être préparés à temps, ne serait-ce qu'en s'approvisionnant suffisamment en gaz ou en bois et, bien sûr, un minimum de provisions endenrées alimentaires. Tout ça c'est du passé, se disent-ils. C'était difficile mais c'est terminé sans que cela soit oublié car, au moins, cette situation a eu le mérite de rassembler le village; les résidants et ceux qui vivent ailleurs. La phrase était: «A nous de changer cette situation!». Et ça était fait de manière extraordinaire, fortement admirable, grâce à l'engagement de tous, chacun à sa manière et selon les moyens disponibles.Les bonnes habitudes sont revenues dans le village, mais aussi de nombreuses réalisations (infrastructures routières, éclairage publics, espaces de loisirs et de détente'). Les habitants retrouvent la communion du passé, renforcée davantage par la diffusion de l'information, en temps réel via le réseau social Facebook. Voyant le changement, des représentants des autorités locales se sont proposés d'apporter leur pierre à l'édifice, en facilitant particulièrement les démarches administratives et le contact avec l'administration. C'est déjà quelque chose, considèrent les initiateurs des nombreuses actions sur le terrain. «Pourvu qu'on nous laisse travailler», disent-ils. Les différends aplanis, le volontariat et les actions de solidarité y sont devenus les maîtres mots.
L'indifférence qui choque !
A Alger-centre, au c'ur même de la capitale, des habitations menacent ruine faute d'entretien. Elles risquent de s'effondrer sur leurs occupants, mais ces derniers n'agissent pas. Ils critiquent les autorités mais ne cherchent pas de solutions pouvant apporter un soulagement à leur détresse. Les immondices envahissent les entrées, cages d'escaliers et abords des immeubles et tout le quartier. Un paysage bien triste à quelques encablures du siège de l'APC. Une grande APC qui dispose d'importantes recettes fiscales et autres entrées mais qui ne s'occupe guère du problème. C'est aux citoyens eux-mêmes de se prendre en charge, semblent dire ses représentants, quand il s'agit d'hygiène et entretien. Les habitants ne l'entendent pas de cette manière!Dans un bâtiment, occupé par de seulement six familles, les habitants refusent même de discuter entre eux pour trouver un moyen d'assurer la propreté de l'immeuble et de ses abords. Ils refusent d'engager une femme de ménage pour cette tâche, qu'ils considèrent pourtant nécessaire, et rejettent la proposition qui leur est faite de s'en chargent à tour de rôle. Ils préfèrent continuer de marcher sur les saletés, matin et soir. Evoquer le sujet est devenu un tabou. Celui qui ose soulever le problème risque d'être boudé par tous. Le drame, c'est que ce même édifice, pourtant considéré comme une partie du patrimoine historique algérois, se trouve juste en face d'une école et d'une salle de sports pour enfants. Aucune initiative personnelle de la part des habitants ou des enseignants, encore moins des animateurs de l'activité sportive, pour donner une meilleure image du quartier. Le volontariat, ça n'existe pas pour eux. C'est à l'APC de tout faire. A l'Etat plus exactement, puisque c'est lui qui prend tout l'argent du pétrole sans investir dans des projets porteurs, servant la communauté. L'Odeg (Office des jeunes) est aussi à quelques mètres du petit immeuble mais ce dernier n'agit pas. Un salaire de 13 000 DA par mois ne motive personne. A peine si le jeune salarié arrive à payer ses cigarettes et ses sandwichs de tous les jours.
Le volontariat, ça ne rapporte pas !
Tout un comportement, toute une psychologie à observer de près pour en connaître les causes, les mécanismes et trouver les bonnes solutions. Pour cela, les gens sont plus occupés et préoccupés par d'autres problèmes. Attirés par d'autres projets. Le volontariat ne les intéresse pas, même lorsqu'il s'agit de servir leurs propres intérêts et préserver leurs biens à eux. Ça ne rapporte pas, pourquoi s'y engager' Un raisonnement faux et égoïste.
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Posté Le : 28/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K M
Source : www.latribune-online.com