Algérie

A reculons de l'histoire


Alors que d'Amérique latine ne cessent d'arriver des nouvelles du raffermissement de politiques luttant pour la justice sociale - dont l'élection à la présidence chilienne de Mme Michelle Bachelet, héritière du socialiste Allende -, l'autoritarisme qui sévit sur l'Algérie ne s'embarrasse ni de mots ni d'intelligence pour faire passer dans l'opinion les retournements d'histoire les plus inimaginables. Avec, ces temps-ci où les ripoux dictent la loi au Parlement sur le blanchiment de la corruption, l'affirmation péremptoire du ministre Temmar à booster la braderie du secteur public, patrimoine humain et matériel confondus. Reconnaissant que 80% des entreprises sont viables économiquement, il appuie tout de même la boulimie du courant néolibéral : « Nous sommes obligés d'accélérer les réformes de tout le système économique, à savoir les banques, le foncier, les privatisations, le secteur privé, l'administration, les infrastructures (...) tout en tenant compte de la stabilité sociale. » Le hic est là justement : excluant de tout débat public les voix dissonantes, particulièrement celles prônant la justice sociale - en dehors de l'inaudible figuration de Louisa Hanoune -, les gérants de la rente des hydrocarbures sont davantage obnubilés par la « stabilité sociale ». Avec son ruineux dispositif de répression pour contenir la pandémie d'émeutes, plutôt que la promotion et le développement de la société algérienne. Nos revenants Chicago Boys, en dopant à outrance le capitalisme sauvage, n'éradiquent pas seulement le mot socialisme de l'entendement, ils laminent le socle même des espérances de l'Algérie de se construire, maintenant où les ressources matérielles et humaines existent en formidable synergie. Ironie de l'histoire, c'est d'Amérique toujours, cette fois-ci des Etats-Unis, qu'est administrée une autre leçon à nos néolibéraux effrénés. Une étude du Centre des conflits contemporains, affilié à l'Ecole navale et influant sur l'Establishment, souligne la force de nuisance de l'autoritarisme en Afrique du Nord. Ses auteurs n'y vont pas de main molle : « En dépit de toute apparence, les trois Etats maghrébins sont gouvernés autocratiquement. La classe sociale capable d'animer la société civile dans son ensemble contre l'autoritarisme de l'Etat reste remarquablement indifférente, si elle n'est pas complètement hostile à toute politique pluraliste. »
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