Algérie - Revue de Presse

A rebours de l'idée de Védrine sur l'«hyperpuissance» américaine : Sarkozy évoque l'ère de «puissance relative»



Vu de Paris, le rayonnement planétaire de Washington se prête à des appréciations aux antipodes l'une de l'autre. A l'aube de la décennie 2000, Hubert Védrine, alors patron du Quai d'Orsay, avait taillé aux Etats-Unis le statut d'«hyperpuissance». Un acteur déployant, faute de concurrent aux atouts analogues, une puissance incontestable dans le monde de l'après-guerre froide.

Depuis, l'ancien chef de la diplomatie française - devenu un consultant prisé aux quatre coins du monde - n'a pas changé de lecture. Du moins dans ses prospectives publiques. Ni le chaos irakien, ni le retour de la Russie, ni l'ancrage d'acteurs émergents, ni la crise économique ne semblent remettre en cause les cartes de la mondialisation dessinées au seuil du XXIe siècle. Tel n'est pas le point de vue du chef de l'Etat français. Parlant, depuis peu, de trois voix - premier locataire de l'Elysée, président de l'Union européenne et coprésident de l'Union pour la Méditerranée -, Nicolas Sarkozy se livre à une lecture différente de la géopolitique du monde. Dans le décor planétaire d'aujourd'hui, rien n'accrédite l'idée d'une «hyperpuissance» américaine telle qu'évoquée par l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères. Le monde s'est installé dans une «ère de puissance relative», observe, affirmatif, le successeur de Jacques Chirac.

«Après la glaciation du monde bipolaire de 1945 à 1990» au temps du conflit Est-Ouest, «après la décennie du monde unipolaire de 1991 à 2001» dans la foulée de la chute du mur de Berlin, «nous voici au seuil d'une configuration nouvelle», dit-il dans une interview à la revue française «Politique internationale». S'il se garde d'en souligner «toute la mesure», Nicolas Sarkozy s'attend à ce que cette ère de «puissance relative» pèse sur les contours du monde et les rapports de forces «pour plusieurs décennies».

C'est la première fois depuis son élection en mai 2007 que le président français pose un regard prospectif sur l'»hyperpuissance» US. Et lui promet des prétentions moins ambitieuses en matière de leadership. «L'émergence économique et politique de la Chine, de l'Inde, du Brésil, ainsi que le retour de la Russie créent les conditions objectives d'un nouveau concert des grandes puissances», selon Nicolas Sarkozy. Du coup, la géopolitique du monde change sous l'effet de cette nouvelle situation. «Aucun pays n'est plus en mesure d'imposer seul sa vision des choses (...) Au XXIe siècle, les notions d'ennemi ou d'adversaire n'ont plus cours entre les grandes puissances. Toute la question est de savoir s'il est possible de faire prévaloir sur les idées de concurrence et de rivalité celle de partenariat responsable».

Cette évolution de l'ère de puissance ou d»hyperpuissance» US vers une période de «puissance relative» impose une redéfinition de la nature des relations internationales et des outils qui en président la gestion.

Selon le président français, «il nous reste à inventer les relations et les institutions qui permettront aux grandes puissances du XXIe siècle d'agir efficacement pour le bien commun de l'humanité». Pour traiter les problèmes du monde, rien ne vaut l'»indispensable coopération», une réforme du Conseil de sécurité et une transformation du G8 en G13.

Paris suggère d'ouvrir le club des grands du monde à cinq nouveaux membres issus des pays émergents d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique (Afrique du Sud) et du monde arabo-islamique.






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