Algérie

A quoi servent les élus '



Samedi prochain, c'est sur les chaînes publiques et privées de télévision que, dès les premières heures de la matinée, l'on saura que c'est un jour voué aux élections locales. Avant cette date, peu de citoyens le savaient, ou bien vaguement à la vue de quelques apparitions télévisées de candidats débitant de vagues propos dans des décors d'opérette.Ou en observant furtivement quelques panneaux électoraux placés n'importe où, d'une laideur désolante, sur lesquels apparaissent de piètres images de candidats, ou de quelques candidates sans visage. Et, dans une tradition bien établie, le 27 novembre, les images télévisées se focaliseront davantage sur quelques foules nombreuses devant les centres de vote, mais éviteront soigneusement ceux peu fréquentés et, bien sûr, pas du tout.
En fin de matinée, l'ANIE livrera quelques chiffres sur la participation, forcément bas, crédibilité oblige, mais veillera quand même à les relever, au fil des heures, pour aboutir en fin de journée à un taux ni très élevé ni trop bas, de préférence proche des taux des scrutins locaux antérieurs. L'agence des élections expliquera que, dans une tradition bien établie, les Algériens se sentent davantage concernés par les élections locales que les législatives, proximité oblige, notamment dans les villages et centres urbains à faible densité de population où tout le monde se connaît ou presque.
Et sur l'efficacité des élus, l'inamovible Charfi ne s'attardera pas sur l'énorme fossé existant entre les besoins des citoyens et les moyens mis à disposition des élus, tant au niveau des prérogatives que financiers. Et d'une manière générale sur le poids écrasant du pouvoir central sur la représentation populaire locale, introuvable encore, généralement pervertie par le clanisme et le régionalisme.
L'ANIE n'en dira pas plus que lors des dernières législatives présentées comme la «fin heureuse» du monopole de l'alliance présidentielle, notamment du binôme FLN-RND, laissant place à des centaines d'élus «indépendants» porteurs des «valeurs» de la société civile préfigurant la «Nouvelle Algérie». Mais rapidement, et dès la première session, ce fut la douche froide. Les nouveaux députés miment leurs prédécesseurs, une forêt de mains en l'air pour avaliser le texte de loi sur la levée des subventions des produits et services de première nécessité, progressivement, certes, mais sûrement, mettant fin à un demi-siècle d'Etat-providence sans lui substituer toutefois un Etat producteur de richesses, seul à même d'assurer le bien-être de la population. Ils ont fermé les yeux devant l'excessif train de vie de cet Etat avec le risque historique que la population sombre dans la paupérisation généralisée.
Les députés n'ont pas compris que le démantèlement de l'Etat social a été décidé par l'Exécutif dans la précipitation et l'urgence, son seul souci étant de faire face aux lourds déficits financiers du Trésor public, lesquels sont appelés à s'aggraver du fait de l'absence d'une véritable révolution économique. Et les députés ont rajouté à la dépense publique et à la gabegie en votant une prime de fin de mandat conséquente en faveur de leurs prédécesseurs, relevant de l'ancien régime politique, honni en principe, sans même avoir achevé leur mandat. Un coup dur à la morale publique.
En fait, ces parlementaires ne sont que les héritiers d'une longue tradition qui plonge ses racines dans l'après-indépendance, lorsque le premier président, Ahmed Ben Bella, les utilisa pour produire une Constitution à son image, c'est-à-dire un accaparement de tous les pouvoirs de décision. Après une quinzaine d'années de gel, Houari Boumediène ressuscita le pouvoir législatif, mais en fit un appendice du parti FLN arrimé à l'Etat, une pratique qui perdura de Chadli Bendjedid à Bouteflika, sans disparaître aujourd'hui, se déclinant sous d'autres formes, toutes aussi nocives.
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