Algérie

A quoi sert un gouvernement ' Le pouvoir exécutif en léthargie



A quoi sert un gouvernement '                                    Le pouvoir exécutif en léthargie
Trois mois presque après les législatives du 10 mai, la fumée blanche tarde encore à s'échapper du palais d'El Mouradia. Les nombreux appels des partis politiques à la formation d'un «nouveau gouvernement» sont restés inaudibles.
La situation est inédite, quasi vaudevillesque : un trois quarts de gouvernement fait office obstinément, depuis le 25 mai dernier, d'équipe gouvernementale pour la très sérieuse République algérienne. L'état de semi-vacance du pouvoir (Exécutif) et ses lourdes implications sur la gestion des dossiers «chauds», surtout que le pays est à quelques semaines seulement de la rentrée sociale (scolaire et universitaire), ne semblent pas sonner le tocsin au sommet de l'Etat. Pourtant sept ministères, dont un de souveraineté, le ministère de la Justice en l'occurrence, sont régentés par intérim, par d'autres membres du gouvernement Ouyahia. Des «cumulards» au sein d'un gouvernement dont la mission se borne à expédier sine die les affaires courantes.
Les départements ministériels de l'Enseignement supérieur, du Travail, des Transports, des Travaux publics, de la Poste et des TIC, de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire sont ainsi sans titulaires ès qualité. Le président Bouteflika ayant décidé, fin mai, de soulager ses ministres, «élus» députés, de toute charge gouvernementale.
On est en présence d'une situation de «non-gestion» au coût économique exorbitant et qui, inexorablement, déteint sur tous les secteurs d'activité, estime l'économiste Mourad Goumiri. «Des décisions importantes devraient, selon lui, être prises et elles ne le sont pas, alors que les contextes national et régional sont des plus inquiétants.» Cette situation de «non-gestion» paralyse l'appareil d'Etat et porte un coup sévère à l'activité économique. «C'est assez cocasse comme situation, ajoute-t-il. En plus du fait qu'elle est symptomatique d'une fin de règne qui ne dit pas son nom, elle témoigne de l'inanité d'un gouvernement dans un système qui promeut le pouvoir personnel. Si on est vraiment persuadé que la machine fonctionne mieux sans gouvernement, qu'on le supprime, ainsi on économisera au moins les salaires des ministres'»
Trois mois presque après les législatives du 10 mai, la fumée blanche tarde encore à s'échapper du palais d'El Mouradia. L'hésitation et l'indécision présidentielles emplissent le ciel du Golf, mettant «en attente» tout un pays. Les nombreux appels des partis politiques à la formation d'un «nouveau gouvernement» sont restés inaudibles. Un prêche en plein désert. Louisa Hanoune, l'ex-sibylle du pouvoir, trouve la nouvelle situation «étrange» et «grave». «Il n'est pas normal qu'un ministre par intérim soit maintenu plus de trois mois. Pourquoi ce statu quo '», s'interrogeait, le 27 juillet dernier, la secrétaire général du Parti des travailleurs. «Nous sommes à la veille de la rentrée universitaire et de la rentrée sociale. Des ministres de l'Enseignement supérieur et du Travail s'imposent. Il est inadmissible que ce soient les travailleurs qui assument les retombées de cette vacance», s'insurgeait le leader du PT.
Pour le journaliste H'mida Layachi, directeur du quotidien Algérie News, l'hésitation est, chez le président Bouteflika, un «trait de caractère». A son retour au pouvoir en 1999, rappelle-t-il, Bouteflika a mis trois mois pour former son gouvernement. En plus d'être un trait de caractère partagé par toute la génération de la guerre d'indépendance, réfractaire qu'elle est à toute idée de changement salutaire, l'indécision présidentielle n'en a pas moins des raisons objectives et traduit les rapports de force, au sein du pouvoir, de ses clans. «Dans la formation de la nouvelle équipe, le clan Bouteflika lorgne indubitablement sur la présidentielle de 2014. C'est l'élection présidentielle de 2014 qui déterminera la composante et l'architecture du nouveau gouvernement. L'équipe qui sera annoncée doit par ailleurs satisfaire aux équilibres internes au système.»
Le 6 décembre 2011, la Belgique, sans gouvernement depuis 541 jours, se dotait enfin d'un Exécutif. L'Algérie fera-t-elle mieux (ou pire) '


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