Algérie

À quoi joue la Seaal'



Coupera' Ne coupera pas' C'est sur le tempo d'un «vrai-faux» communiqué de la Seaal, la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger, que les citoyens ont rythmé leur colère, hier. Mais au-delà du flot de commentaires qui a suivi la décision réprouvant l'annonce-surprise faite moins de 24 heures avant son application ou encore le choix absurde de la tranche horaire accordée pour la disponibilité de cette ressource précieuse, il y a lieu de relever en premier, la légèreté déconcertante avec laquelle une question aussi délicate a été traitée.Communiquer un rationnement de l'alimentation en eau potable sur les deux-tiers de la journée ne doit pas se faire au pied levé! Comment est-ce que les responsables d'un secteur aussi stratégique ont-ils pu commettre une telle ineptie' Il ne peut s'agir que de l'amateurisme béat! Car même si l'entreprise française, Suez, gère l'eau de la capitale depuis 2005 (son contrat ne prend fin qu'en août prochain), il n'est pas concevable que les représentants de cette société étrangère aient entrepris une telle démarche sans concertation avec le conseil d'administration, le comité de coordination ou au moins le comité technique' Le ministre du secteur ne pouvait ignorer la publication d'un tel communiqué, surtout que ce responsable semble suivre les moindres informations portant sur son secteur. N'avait-il pas remué ciel et terre après l'apparition d'une petite brève faisant état d'une coupure d'eau dans un quartier d'Alger durant le Ramadhan' Mustapha Kamel Mihoubi, rassuré par ses assistants que l'eau ne coulait pas dans les robinets de ce quartier non pas en raison d'une coupure, mais juste à cause d'un «manque de pression», avait même accusé, à l'époque, le journaliste de faire dans «la manipulation» (sic)! Va-t-il poursuivre sur sa lancée et inscrire la méprise de la Seaal dans le même registre de la «complotite»'
Ce sera difficile à faire croire, car dans cette affaire du communiqué de la Seaal, retiré deux heures seulement après sa mise en ligne sans aucune explication, signe d'un grand mépris envers la clientèle, la responsabilité politique est entière.
Dans un contexte aussi bouillonnant que traverse l'Algérie, déjà malmenée par l'épidémie de Covid-19, la crise économique, la hausse du chômage et la baisse du niveau de vie et, à la veille d'une échéance électorale décisive, il est clair que le rationnement de l'eau, s'il doit nécessairement être appliqué, nécessite une large campagne de sensibilisation et d'explications pour absorber la colère des citoyens et éliminer le risque des «émeutes de l'eau». Et ces derniers sont en droit d'être coléreux car même s'ils concèdent à la Seaal la nécessité d'un rationnement en raison du stress hydrique, ils ne s'expliquent pas cette situation. L'Algérie n'a-t-elle pas recouru à un partenaire étranger pour un transfert de savoir-faire' En 16 ans de management et de millions d'euros, l'opportunité d'établir une stratégie à long terme pour l'alimentation en eau potable de la capitale ne s'est-elle pas présentée' Le climat en Algérie est connu tout autant que les sécheresses cycliques et il était attendu à ce que les responsables de ce secteur établissent une stratégie afin d'éviter d'appliquer d'un coup, un rationnement drastique, comme celui annoncé hier.
Les perturbations majeures que connaissent les circuits d'alimentation en eau potable et de l'irrigation découlent, certes, de la faiblesse des ressources hydriques en Algérie, mais elles trouvent également une explication dans l'absence d'une gestion réfléchie de cette ressource rare. Ces insuffisances en matière de gestion ont conduit à une situation critique et incontrôlable. Elles posent un problème épineux aujourd'hui. Les ressources disponibles sont en deçà des besoins. C'est là une réalité palpable malgré les sommes colossales qui ont été déboursées dans ce domaine. Il ne s'agit donc ni de manipulation ni de complot n'en déplaise à Mustapha Kamel Mihoubi.


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