Algérie

A qui profite le Calpiref '



A qui profite le Calpiref '
Confiants quant aux promesses de dédommagement données par l'ex-wali, les gérants ont respecté la décision de fermeture. Depuis deux ans déjà, ils n'on eu aucune suite.La station d'essence des Bouhjira, qui faisait partie intégrante de Bab Qcentina depuis plus 70 ans n'existe plus. Au mois de juillet dernier, les pouvoirs publics ont procédé à sa démolition dans le cadre du plan de réaménagement de la Place des Martyrs. A sa place, on a érigé un banal trottoir, et quelques bacs à fleurs tout en s'obstinant à léguer aux oubliettes les gérants de la station et les six pères de famille qu'elle nourrissait. «On nous a promis de nous dédommager en nous accordant un terrain, dans le dispositif du Calpiref pour construire une nouvelle station. L'ancien wali est allé jusqu'à nous confirmer qu'une aide financière allait même nous être accordée à titre de soutien, pour la construction de la nouvelle station, avec en prime des postes d'emploi dans les stations Naftal pour les personnes qui y travaillaient avec nous. Le wali nous répétait à chaque rencontre ?ne faites pas de problèmes et laissez faire les engins et je vous promets de vous aider' seulement, une fois notre gagne-pain démoli, on ne s'est plus rappelé de nous. Avant la démolition, le wali nous recevait facilement, après, on n'a plus eu le droit de le voir», raconte, Tahar, le fils aîné des Bouhjira, qui gèrent les lieux depuis 1963.Devant les assurances des pouvoirs publics, la famille Bouhjira n'avait manifesté aucune résistance. Bien au contraire, elle a même apporté son soutien technique, en conseillant de dégazer les cuves de la station, avant de procéder à toute démolition. «Nous voulions bien sûr éviter tout accident, dont les répercussions auraient pu être désastreuses», relève Tahar. Seulement, en dépit de leur sens civique, les gérants de la station allaient vivre, malgré eux, un cauchemar qui dure encore à ce jour. Ce cauchemar a commencé en juin 2010. Le Président de l'APC de l'époque avait réuni l'ensemble des commerçants qui exerçaient dans le périmètre de BabQcenbtina pour les informer qu'ils allaient être délocalisés, pour permettre d'aérer cet espace situé en plein c?ur de la ville, avec la garantie d'un dédommagement bien sûr. Puis, silence radio. Le projet de réaménagement ne reviendra sur la scène publique qu'en 2012. Ecoutons Tahar Bouhjira narrer la suite : «le 26 décembre 2012, l'ancien wali Bouderbali nous convoque, moi et mon père à son cabinet. Il nous fait des promesses fermes au sujet de notre dédommagement. Le lendemain même, on reçoit une notification officielle de fermeture administrative. Confiants, on ferme la station tout en continuant bien sûr de payer nos employés».Rentrez chez-vous, on vous téléphoneraLe 27 décembre 2012, date à laquelle une décision administration de fermeture de la station fût établie «on a alors cessé toute activité, mais on continuait tout de même à payer le personnel que nous employions. Cette situation durera jusqu'au 11 juillet 2013, lorsqu'on est venu nous apprendre que la station allait être démolie dans les 24h à venir. Intrigué par les nouvelles tournures, mon père, Aâmi Mohamed, est allé voir le wali qui accepte de le recevoir et ce sera le dernier entretien. Il lui réaffirme les mêmes promesses et l'informe que ses services étaient à la recherche d'un terrain devant accueillir la nouvelle station et qu'ils avaient saisi la direction de Naftal pour recruter trois de nos anciens employés. A partir de ce jour, les portes de la wilaya se sont subitement fermées. Le wali n'acceptera alors plus de nous recevoir, et dès qu'on se présentait devant les portes du cabinet du wali, on se contentait de nous dire : on vous téléphonera ? et mon père finira alors par séjourner, à deux reprises à l'hôpital de Skikda durant plus d'une vingtaine de jours pour des problèmes d'hypertension, alors qu'il n'avait jamais connu une telle pathologie», poursuit Tahar. C'est à ce moment que les Bouhjira eurent le sentiment d'avoir été piégés.«On ne comprenait pas. On nous faisait croire qu'on ne trouvait pas de terrain pour nous le donner. On a cherché par nos propres moyens à trouver une assiette foncière et on a fini par trouver un terrain non loin de l'actuel port sec et on est allé le faire savoir à l'administration», diront-ils. Ce que les Bouhjira ne savaient pas, c'est que ce terrain a été attribué par l'ancien wali, M Bouderbali à trois autres investisseurs dans la cadre du Calpiref pour y implanter, a-t-on appris de sources sûres, des show-rooms.Pourquoi a-t-on omis les Bouhjira ' Bien qu'ayant déposé leur dossier au niveau du Calpiref, ils n'ont bénéficié d'aucune aide, alors qu'ils devaient être prioritaires, ne serait-ce qu'à titre de dédommagement, alors que plusieurs autres investisseurs se sont vus attribués des terrains. En un laps de temps record, plusieurs hectares ont été attribués dans le cadre du Calpiref à Zaouia, El Harrouche, la zone dépôt, Boulekroud et même au centre-ville, non loin de l'hôtel Benkniou, actuellement en construction près du cinéma Rivoli.Pour mieux cerner ce sujet, on a tenté de joindre le directeur de la PME-PMI mais, selon sa secrétaire, il se trouvait constamment en réunion.Les héros des inondations de 1984Bref, pour revenir à la malheureuse histoire des Bouhjira, il faut rajouter qu'ils ont de tout temps été au service de la ville de Skikda. Il faut juste se rafraîchir la mémoire, en revenant aux fameuses inondations du 30 décembre 1984. Les pluies diluviennes, qui s'étaient abattues à l'époque sur la ville de Skikda, ont fini par la couper en deux.La zone basse de la ville était pratiquement submergée par les eaux. On se souvient que les éléments de la Protection civile et les membres de la famille Kerbati avaient dû recourir à l'utilisation d'embarcations pneumatiques pour apporter les secours aux habitants des zones inondées. «Notre station était la seule fonctionnelle ce qui a permis d'alimenter ces embarcations en carburant. On a également été d'un grand secours pour alimenter les pompes à eau. Je me souviens, le wali de l'époque, M Sahraoui, qui nous a présenté ses remerciements, a formellement recommandé de ne pas nous délocaliser, car nous représentions la seule station non située dans une zone inondable. Il a même annulé un arrêté, signé à l'époque, en vue de m'attribuer un nouveau terrain de 4300 m2. Mon père ne regrette pas d'avoir servi sa ville, mais aujourd'hui il a quand même comme un sentiment de hogra et un regret de n'avoir pas insisté pour avoir ce terrain. Il s'agit quand même de son gagne-pain et celui de ses enfants», rajoute Tahar.Ce dernier a tenté de donner une lettre expliquant leur cas, au chef du Gouvernement lors de son dernier passage à Skikda. Il n'a pas réussi. «Notre seule chance est entre les mains du nouveau wali. On souhaite vivement qu'il revoie notre dossier pour constater de plus près la situation qu'on nous a imposée. Il s'agit d'un droit de citoyens?sans plus».




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