A qui la faute ' Khelli l'bir beghtah

Le ministère des Affaires religieuses semble se réveiller d'une longue hibernation et met en garde contre les fetwas en provenance de l'étranger, notamment celles du wahhabisme et des salafistes. La tutelle en charge de régir le culte des Algériens ne peut ignorer que ces courants sont très prégnants dans notre société et qu'ils ont commencé leur travail de sape depuis plus de deux décennies. Quand au début des années quatre-vingt, cet imam importé d'Egypte a décrété que ce peuple était à islamiser et s'est mis alors à semer les germes de ce qui deviendra l'intégrisme avec les dégâts qu'on sait. Ce cheikh El-Ghazali pour ne pas le nommer était adulé par une population qui ignorait sa propre religion au point de se jeter corps et âme dans les discours du premier gourou venu. C'est à cette époque qu'apparurent les nouveaux vêtements complètement étrangers à nos m'urs. Les amples gandouras de nos pères et le haïk discret de nos mères ont cédé la place aux kamis pakistanais et au hidjab avant de carrément adopter le djilbab et le nikab qui s'étalent dans nos rues comme autant de signes distinctifs de la foi. A la fin de cette décennie, la télé satellitaire généralisée par la grâce des événements d'octobre, fera donc le reste avec des chaînes qui appelaient les musulmans au djihad contre les pouvoirs mécréants. La suite est alors connue de tout le monde et les Algériens qui ont toujours observé un islam séculaire basé sur la tolérance, l'humilité et la paix, découvrent médusés des nouveaux prophètes autoproclamés gardiens exclusifs des valeurs qui les invitent jusqu'à changer leurs habitudes alimentaires. Cette main mise sur la religion a coûté des dizaines de milliers de morts et au jour d'aujourd'hui on continue de compter nos victimes parmi les corps de sécurité piégés par une bombe enfouie sous terre. A qui la faute ' Les responsables de cette tragédie sont aujourd'hui clairement identifiés et on lorgnedu côté de ces pays musulmans l'Arabie saoudite et son wahhabisme ainsi que le Qatar qui sont devenus les principaux sponsors du printemps arabe décliné dans son combat pour l'islamisme. Mais une simple mise en garde contre ces courants ravageurs suffit-elle à les combattre ' Il faut voir du côté de notre école, de notre université, de nos mosquées : le ver est déjà dans le fruit. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.