Algérie

A quelques jours de la rentrée sociale, le pourrissement de la situation s'aggrave



A la surprise générale, ce mois de Ramadhan, le chef de l'Etat n'a pas procédé aux rituelles auditions des membres du gouvernement. Il y aurait renoncé selon certaines sources parce que ayant l'intention de procéder à un changement presque total de l'équipe gouvernementale encore en place après les élections législatives.
Quelle que soit la raison cause de la décision de Bouteflika de faire l'impasse sur ces auditions, il en a résulté que l'opinion publique et la classe politique s'interrogent et s'inquiètent sur la prolongation de l'état de vacance dans lequel semble être le sommet du pouvoir. Des acteurs politiques se sont fait les porte-voix de l'incompréhension populaire face à cette situation alors que le pays est confronté à de multiples et graves défis. Tous tirent la sonnette d'alarme sur le fait que la présente vacance du pouvoir est préjudiciable à la stabilité de l'Algérie parce qu'il peut en découler de graves dérapages.
D'aucuns prédisent déjà que la rentrée sociale va être très tendue, les citoyens s'étant rendu compte que l'Etat n'est guère préoccupé par la dégradation de leurs conditions de vie sous les effets d'une inflation galopante à allure effrénée. Les Algériens sont il est vrai bouillonnants de colère, outrés par l'indifférence officielle affichée à l'égard de cette dégradation exprimée à leurs yeux par le silence des autorités et le laisser-faire pour lequel elles ont opté alors que s'est installée une situation d'anarchie dans laquelle seule se retrouve la faune des spéculateurs. Le malaise n'est pas que social néanmoins. Il est politique aussi, généré par le statu quo que vit l'Algérie en ce domaine.
Pour d'obscures raisons, le pouvoir tarde à s'engager dans des réformes et des changements allant dans le sens de l'ouverture et de la démocratisation du système. Les actes de gouvernance restent toujours entourés d'opacité et les citoyens dans l'ignorance du dessein politique de celui qui en a l'initiative. Il ne faut pas s'étonner que cette façon de gérer les affaires du pays suscite colère et mécontentement aggravés par le sentiment qu'ont de plus en plus d'Algériens que Bouteflika et le pouvoir sont revenus sur leurs promesses de réformes et de changement dont ils ne veulent plus entendre parce que l'Algérie n'a pas été contaminée par le souffle des révolutions arabes. Ce calcul risque de s'avérer totalement faux car si l'Algérie est restée effectivement calme quand la bourrasque révolutionnaire a balayé ailleurs des régimes prétendument solides, les Algériens n'ont pas pour autant renoncé à leurs revendications du changement. Et c'est provoquer l'explosion de révolte qui couve en eux que de leur demander de se contenter des quelques «réformettes» sans conséquences qui ont été initiées.
La «continuité» qui est sans conteste la ligne politique suivie par le pouvoir est la pire des options à laquelle se raccrochait celui-ci. Pour les Algériens à qui on veut l'imposer, elle a valeur par sa persistance que le changement pacifique qu'ils ont espéré pour leur pays est une utopie dont la poursuite relève de la naïveté face à un système et un régime qui a donné à croire par la ruse et les reniements que sa réalisation est possible.


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