La maison algéroise est, au reste, pour une bonne part, une maison levantine. Le fait seul qu'elle soit couverte en terrasse dans ce pays berbère où régnait le toit de tuile romaine, suffirait pour nous le suggérer. A vrai dire la tradition romano grecque n'en n’est pas absente, car elle appartient au type de maison à cour centrale, si bien adaptée au climat méditerranéen, que Rome avait propagé sur toutes les rives du Mare Nostrum. Les encorbellements accusent non seulement la hauteur des étages, mais aussi le plan intérieur des chambres. Un avant-corps se décroche au milieu de la façade et des avant-corps plus petits s'accusent des deux côtés de ce saillant médian. Nous retrouverons les uns les autres dans la maison. Franchissons la porte cintrée, que flanquent des pilastres de marbre ou de pierre et que surmonte, dans les riches demeures, un auvent bordé de tuiles. Dans la sqifa, long vestibule et salle d'attente. Les banquettes qui la bordent, avec les revêtements de faïence qui les tapissent et les colonnettes joliment sculptées qui les séparent, nous invitent au repos et, sortant de la rue, de sa clarté aveuglante et de son tumulte. Le visiteur débouche dans le patio, ou plutôt, sous une des quatre galeries qui le circonscrivent. Quand cette cour est au rez-de-chaussée, un jet d'eau danse en chantant sur la vasque. La maison hellénistique avait aussi ses bassins et son péristyle. Le portique algérien, avec ses arcs en fer à cheval, ses colonnes et les bandeaux de faïence qui couronnent et divisent les cintres, forme, autour de l'espace découvert, une ordonnance élégante et d'une remarquable souplesse ; car, en multipliant les arceaux ou en les réduisant à un seul par face, on l'accommode aussi bien à une cour de quinze mètres de côté qu'à une courette de trois mètres ou moins encore. Les chambres s'ouvrent sous les galeries par des portes à deux battants et des fenêtres y prennent jour. Chaque face est normalement occupée par une chambre qui en tient toute la largeur, mais est de profondeur très réduite. On saisit sans peine les raisons de cette proportion. La faible portée des bois dont on disposait pour les plafonds a nécessité le resserrement des murs. Le désir d'éclairer la pièce a imposé son extension dans le sens latéral. Presque invariablement, le mur qui s'étend en face de la porte se creuse d'une sorte de large niche à fond plat. Un divan meuble le défoncement, c’est divan est la place de choix qui attend l'hôte de marque ; il y prendra le café au côté du maître du logis.
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Posté Le : 16/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bentaleb.
Source : www.horizons.com