Algérie

A quel prix '



Le gouvernement va allonger la liste des produits interdits à l'importation. L'annonce en a été faite jeudi devant les sénateurs par le ministre du Commerce. De 851, la liste sera très probablement étendue à un millier de produits, dont beaucoup ne sont que des intrants et des matières premières destinés à la revente en l'état, c'est-à-dire des produits finis, qui seront ensuite injectés dans le circuit productif. On le sent à mille lieues à la ronde que le souci premier du gouvernement n'est autre que la réduction de la facture des importations.Le ministre du Commerce, dont le département a montré depuis longtemps qu'il est parfaitement incapable de gérer des moments de forte pression, à fortiori le petit commerce des fruits et légumes, va provoquer, par les décisions intempestives autant de son département que du cabinet du Premier ministre, un véritable blocage du peu d'activité manufacturière locale qui fait tourner en boucle une faible production nationale tournée vers l'autoconsommation. La fameuse liste des 851 produits interdits à l'importation est en réalité en train d'étouffer et de tuer à petit feu beaucoup de filières industrielles, autant dans l'agroalimentaire que dans le BTP, la plasturgie, les métaux précieux et les équipements agricoles.
Sous le prétexte de protéger la production nationale, et donc bloquer l'importation d'intrants, comme les matières premières finies ou semi-finies, le gouvernement est pratiquement en train de tuer les petites PME, des filières complètes de métiers, de professions et des centaines de milliers d'emplois. Le cri de détresse de plusieurs organisations patronales, pas seulement les céramistes, les opérateurs de l'agroalimentaire, mais également l'industrie du plastique, la mécanique ou l'électronique, ne semble pas avoir été entendu par le gouvernement, pratiquement hanté par l'idée de réduire, quoi qu'il lui en coûte, la facture des importations. Le ministre du Commerce en est même fier en exhibant des chiffres devant les sénateurs liés à un ou deux milliards de dollars de gagnés sur une facture globale de plus de 47 milliards de dollars.
Difficile de comprendre la démarche du gouvernement, car des intrants pour la production de céramique, carrelage, plasturgie et autres produits agroalimentaires qui font tourner des dizaines d'unités de production et procurent des salaires à des dizaines de milliers de travailleurs sont interdits d'importation. A défaut d'explication, le gouvernement et le ministère du Commerce s'accrochent à une démarche qui en dit en réalité long sur leur incapacité à faire un vrai listing des produits vraiment inutiles et inhibant la production locale à bannir des importations et les produits vitaux pour l'industrie locale à écarter de cette fameuse liste. Le gouvernement semble en réalité prisonnier d'une logique qui n'a aucune logique économique: réduire les importations pour baisser la facture et protéger une production locale inexistante.
Le fait est qu'aujourd'hui il y a une grande cacophonie, autant au sein du ministère du Commerce, qui élargit chaque jour les produits interdits à l'importation, et les mesures et contre-mesures régissant le commerce extérieur, annoncées en parallèle par la Banque d'Algérie. Après, le gouvernement pourra toujours dire qu'il a réduit de 2 à 3 milliards de dollars les importations, réduit les déficits. Mais, il devra également reconnaître que sa politique commerciale a détruit des centaines d'usines, des dizaines de milliers d'emplois et provoqué une inflation à trois chiffres. Avec au bout le noir du long tunnel d'une crise économique structurelle.


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