Algérie

A quand une rencontre Président-Maires ?



Publié le 29.09.2022 dans le quotidien d’Oran
par El Yazid Dib
La postérité aurait consigné que seul le président Boumediene ait pu se réunir avec tous les maires du pays. En 20 ans Bouteflika n'en a fait cure. Tebboune saura-t-il le faire et marquer ainsi les annales institutionnelles ?

L'on dit du maire qu'il est « le premier magistrat de sa ville », que le Wali est le « représentant du gouvernement dans sa wilaya ».

Au lieu d'agir dans la dualité entre l'un et l'autre ; il faut réagir dans la complémentarité.

La récente réunion Gouvernement/Walis avait pour particularité, contrairement aux précédentes ; cet aspect où presque tous les chefs de l'exécutif de wilaya étaient fraîchement nommés. Le ministre de l'intérieur l'étant également. Il y était question, encore une fois du rôle du Wali, de ses attributions, de levées de ses inquiétudes, de la centralisation de l'éventualité de poursuite, de sa protection des lettres anonymes, enfin du lourd poids qu'il devait prendre à la prise de chaque décision. Une belle avancée, une belle chose gestionnelle en somme.

Cette énième édition s'est encore fourbue dans l'intitulé précis de sa dénomination. Rencontre ou Réunion ? Tantôt on parle de réunion (MICL, APS, DECLARATION PRESSE, tantôt de rencontre (PREMIER MINISTERE, APS, PRESSE...) Préciser la terminologie de l'événement est une empreinte de pérennité. Malgré l'absence de grande différence dans la sémantique; tout semble indiquer qu'il est plus adéquat et approprié de parler de RENCONTRE.

Allouer un chiffre pour identifier chaque rencontre est une datation nécessaire pour la postérité. Dire « la X eme rencontre Gouvernement/Walis » c'est se situer dans le temps. Cet ordre dans le nombre va perpétuer l'événement et le rendra comme un rendez-vous annuel inévitable. Il permettra aussi de référencier les résolutions et décisions qui seront prises à chaque rencontre.

C'est une occasion officielle où vont être invoquées les questions qui paraissent substantielles d'une édition à une autre. Parfois c'est la complexité du foncier industriel, une autre c'est la performance économique locale, l'attractivité territoriale ou le renforcement des capacités financières communales. A vrai tout a été dit et redit au long de ces joutes. Les Walis en parlent, en proposent, en adoptent les résolutions finales. Puis plus rien. Les principaux acteurs à qui échoit l'exécution de ces « résolutions » sont absents.

Mais qu'en est-il des maires, qui sans eux, sans leur territoire, sans leurs actes aucun projet ne peut voir le jour? Le Wali octroie un terrain, mais ne signe pas le permis de construire, le certificat de conformité ni autres instruments urbanistiques dévolus légalement à la commune. C'est de la commune, de la base populaire que doit démarrer toute croissance, car elle symbolise l'expression des principes généraux de l'organisation territoriale. Considérant que la constitution définit la commune comme étant la cellule de base de l'organisation nationale; il est nécessaire, voire impératif de faire la jonction de cette « cellule de base» à la cellule du «sommet». C'est le maire qui a le plus besoin de visibilité et de marge de manœuvre.

Il faut le faire sortir de ses missions classiques de nettoyeur, de ramasseur, de pavoiseur, du couffin et du mur des lamentations. Il est vrai que certains maires ne sont pas à la hauteur du devoir qui leur incombe, n'ont pas la capacité qu'exige deux l'exercice de la fonction et ceci n'est pas la faute des électeurs à sentiment tribal, mais aux partis qui les ont mis en orbite de liste. Si c'est l'Etat qui crée les communes, ce sont en effet les partis qui procréent ses élus.

Tout le monde s'accorde à dire que le maire constitue une quantité négligeable par rapport à la posture du Wali. Il se plie, rempile et ne s'affranchit d'aucun agissement sans l'aval de ce que l'on qualifié de « tutelle » Est-ce là une tutelle illégitime nonobstant sa légalité ? La tutelle réelle n'est-elle pas dans le collège de ses électeurs ? C'est là où la volonté du peuple en principe ; s'imprime et s'exprime. C'est à travers la commune que le développement, la croissance, le bonheur social se réalisent tant au profit du citoyen que de l'entreprise. Devant la compétitivité des territoires et à la faveur d'un climat plus ou moins concurrentiel ; la Commune est de facto au sein de cette trajectoire d'accompagnement et de mise en disponibilité de l'ensemble de ses atouts. De la flexibilité des mécanismes juridiques jusqu'au devoir de la prise de décision ; elle est au-devant d'une exigence devenue maintenant irrésistible et à ne point reporter. Elle offre ainsi de nouvelles ouvertures vers des aubaines exploitables.

La commune doit agir et non subir. Elle n'est pas simplement une assemblée d'élus, elle est une partie de la république algérienne, une pièce foncière de la nation, le trône où s'assoit par excellence le consensus populaire local, le socle solide et durable d'où s'érige et s'élève tout le bonheur social national ! Eu égard aux diverses mutations sociétales et suite aux exigences induites par une évolution tant des besoins que des mentalités ; cette institution avait connu organiquement une multitude de controverses, de complexités et de chevauchement dans les attributions intrinsèques ou même au cœur de son véritable but.

A chaque étape on lui colle un nouveau rôle.

Dans le passé et selon la feuille de route de l'une ou de l'autre révolution ; elle s'astreignait à l'aspiration politique du moment. C'est d'elle que passait l'application des orientations du pouvoir et des résolutions de tous les congrès du parti unique. Avec la libération du champ politique s'ouvrant ainsi au multipartisme en vertu des dispositions de la constitution de 1989, l'on vit venir d'autres couleurs politiques. La commune a failli devenir une annexe à une idéologie.

Alors, pourquoi ne pas la hisser au niveau qu'elle mérite ? Pourquoi ne pas penser à organiser une rencontre de ces maires avec le président de la république et de tous les membres du gouvernement ? Ca ressemblera aux états généraux de la république, voire de la nation. La logistique n'est pas un couac, tant l'infrastructure existe.

C'est dans ce type de rencontre que la réalité du terrain se juxtaposera à toutes les feuilles de routes mise en évidence dans des bureaux centraux. C'est là, si toutefois transparence y sera ; que tous les nœuds gordiens –ils sont nombreux- pourraient se délier face à la prise de décision du président.

Il n'y a pas que le Wali qui soit « un moteur de développement local » ; le maire en est le lubrifiant. Sans cette cohabitation égalitaire pour chacun au plan de sa propre responsabilité ; ambiance du travail ne peut impacter favorablement la vie sociale. Personne n'est en mesure d'imposer à l'autre son humeur ou ses convictions personnelles. Seule l'orthodoxie de la loi est apte à les unir ou trancher la différence de vue. Fini, ce spectacle où l'on voit le Wali, semblant prendre ses coups de colère artificielle pour les déverser publiquement au visage du maire.

Il y a un bureau, un cadre de travail pour résoudre tout problème. Pas besoin de gérer par l'agitation et la vocifération tout en zyeutant les portables mis en mode live. Il est tout à fait vrai, qu'il s'agit là de mollesse ou de charisme, de sagesse ou d'indécence. Chacun use de la partie qui le signe. Qui en a le plus, l'emporte. Un Wali ne s'aventurerait jamais à incarner un tel comportement s'il avait en face de lui, sous l'écharpe de maire; un ancien ministre ou un général retraité ou même un ex- Wali. Voilà une idée à creuser afin de ramener tout ce personnel de haut encadrement de l'Etat, mis en réserve; à aller aux commandes des exécutifs communaux, notamment dans les grandes villes.

Le président en décrétant éventuellement ces « Assises nationales communales» aura ainsi accomplit autrement une part de sa politique de rassemblement ( lem echeml) dans la mesure où chaque maire présent portera dans sa poche une carte partisane. Un militant. Et l'on aura par conséquent, pour cette rencontre un caractère plus politique qu'autre chose.

Le gain est pluriel. En plus de la considération qui se dégagera pour ces petites communes de cette profonde Algérie ; il y aura l'adhésion aux programmes nationaux, le plus souvenir dressés et décidés en leur totale absence. Imaginez, le maire de telle contrée dans le fond des Aurès ou dans les tréfonds de in amenas ou dans les montagnes du Djurdjura ou de Babors, toucher la main au président de la République, papotant avec deux ou trois ministres, deux ou trois Dg de banques ou d'entreprises et leur remettre des dossiers bien ficelés et le tout sans la présence des Walis respectifs trop jaloux sur la supposée voie hiérarchique ! Une telle initiative n'a pas à démontrer ni l'utilité ni les effets qu'elle puisse engranger en de telles circonstances où le pays traverse une période de défis économiques dans un monde qui vacille.

Mettre à profit le 18 janvier prochain – journée nationale de la Commune, votre serviteur en était l'initiateur - est un rendez-vous idéal et adéquat pour l'organisation de ces assises. Président de la République /Gouvernement/Présidents d'APC.



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