Algérie

À quand une Constitution pour l'Algérie '



1963, 1976, 1989, 1996. Ahmed Ben Bella, Houari Boumediene, Chadli Bendjedid et Liamine Zeroual ont eu chacun sa Constitution. Et voici venu, sans doute, le temps de la Constitution de Bouteflika. La cinquième en cinquante ans. Sans compter les triturations de novembre 1988 sous Chadli, conséquence immédiate des événements d'Octobre, et celles opérées sous Bouteflika, en 2002 pour constitutionnaliser tamazight sous la pression du Mouvement citoyen de Kabylie, puis en 2008 pour s'adjuger le droit de briguer un troisième mandat. Une chose est sûre, l'Algérie détient un record des révisions de la Constitution.
Il convient, toutefois, de relever que de tous les chefs d'Etat algériens, c'est Bouteflika qui détient la palme des 'raccommodages constitutionnels". Au printemps 2014, il aura bouclé trois mandats et modifié la loi fondamentale à trois reprises. Au reste, il avait dévoilé ses intentions dès ses premiers mois au pouvoir : la Constitution alors en vigueur ne lui convenait pas, avait-il averti. Mais au lieu de se donner une Constitution qui lui conviendrait une bonne fois pour toutes, il a préféré introduire des amendements qui conviennent, à chaque fois, à ses desseins politiques les plus immédiats : sortir du 'bourbier kabyle" en 2002, prolonger son règne d'un quinquennat de plus en 2008. Quant à la révision en cours, elle ne semble pas faire exception. Décidée et annoncée depuis deux ans, cette fois-ci dans l'urgence de faire face à la vague du Printemps arabe, elle n'est mise en 'uvre qu'en 2013, à un an de la prochaine présidentielle. CQFD : pour Bouteflika, il s'agit, à présent, de préparer la concrétisation d'un nouveau dessein immédiat, la succession.
L'éminent juriste, feu Mohand Issad, s'interrogeait en ces termes : 'Voulons-nous une Constitution pour un homme ou une Constitution pour un pays '" La réponse, on ne peut plus claire, est dans les propos de Bouteflika affirmant que la Constitution de 1996 ne lui plaisait pas. C'est à lui qu'elle ne convenait pas, non au pays. Et l'arithmétique le confirme : 50 ans, 5 présidents (Boudiaf non compris), 5 Constitutions. À chaque président sa Constitution. L'Algérie, elle, en est toujours à chercher la sienne.
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