Algérie

A quand les aéroglisseurs '



A quand les aéroglisseurs '
Enfin ! La Compagnie nationale inaugure une première ligne maritime quotidienne Oran-Alger-Annaba. Les tarifs sur les deux nouveaux car-ferrys Kheireddine et Tamesguida sont attractifs selon qu'il s'agit d'un passager piéton ou automobiliste. Les premiers embarqués expriment leur grande satisfaction à bord de ces deux nouveaux fleurons de la marine marchande dédiés spécialement aux transports intérieurs. Orchestres à bord et restauration. Mais cela est du domaine du rêve. Cette fiction sera-t-elle réalité un jour ' Pour l'instant, les Algériens expatriés ont le monopole du voyage par mer. Et pour cause, depuis 1962, la boussole de la grande compagnie est coincée sur deux points cardinaux : le Nord et le Sud. Patiemment, sagement, on attend de nos décideurs un élargissement est-ouest pour l'allégement des routes et apprécier enfin la majesté des flots marins qui nous sont interdits par un décret fantôme. La côte méditerranéenne, qui étale son ruban de dentelles sur 1600 km, est figée malheureusement dans une fonction de décor posé par Dame nature tout juste pour l'esthétique du paysage. La mer est trop écartée de nos consciences. Peu de gens oseraient imaginer un parcours Alger-Oran ou Annaba-Ghazaouet par bateau. On pourrait même, dans une audace suprême, envisager l'embarquement de son véhicule personnel pour éviter tous les méfaits de l'usage de la route ; encombrements et chaleurs estivales. Cette négligence d'un marché aux potentialités insoupçonnables nous vient d'une façon de penser campée depuis 1962 sur une vocation maritime exclusivement internationale tournée vers les destinations de la France et l'Espagne. Les Algériens expatriés fournissent ainsi la masse exclusive des clients de la CNAN et ce n'est pas normal. Un automobiliste algérien moyen peut parcourir 20 à 40 000 km par an en longeant la côte sans jamais prendre le bateau pour une destination nationale. Il n'y pense même pas. Les services publics étalent fièrement les réalisations en termes de réseaux routiers avec plus de 110 000 km de routes dont 80 000 goudronnées et 4 756 ouvrages d'art. C'est un travail franchement colossal, mais il confirme la certitude d'un grand pays marin par la géographie mais frileux et récalcitrant à l'eau par la culture de ses dirigeants.Interurbain par la merUn aéroglisseur est une plateforme de navigation simple d'utilisation et d'entretien qui peut transporter en l'espace de moins de 2 heures 120 passagers entre Boumerdès et Cherchell par temps calme ou modéré. L'expérience a été tentée à l'occasion d'une édition de la Foire internationale. Une station pour un aéroglisseur (overcraft) est un espace de 20 m de plage avec des aménagements à peu de frais. Le transport routier soutiendrait difficilement la concurrence dans les plaisirs, le confort, la sécurité, la rapidité et le coût. En effet, pour le même trajet, il faut envisager une demi-journée d'enfer dans le chaos des encombrements de la période estivale avec les risques en vies humaines et les dégradations de la qualité de vie en termes de pollution atmosphérique et les atteintes à l'environnement urbain. C'est ainsi que la République du Sénégal a pu régler la question des transports de voyageurs dans sa façade atlantique. Notre pedigree de paysans rivés à la terre ferme nous désoriente quand il s'agit de la grande bleue. C'est un espace qui fait peur aux terriens irréductibles que nous sommes dans nos rapports avec la mer, confinés à une pêche traditionnelle et quelques plongeons en été. Ce point de vue très réductible fondé sur des peurs archaïques enfouies dans nos têtes fait subir à toutes les villes côtières un régime anachronique de « pieds sur terre dos à la mer » dans un climat de circulation routière saturée proche de l'insoutenable. Mais d'où nous viennent ces réflexes de peur ' L'histoire nous apprend qu'à la suite de la conquête coloniale, les Français ont interdit à tout Algérien de naviguer sur un voilier. Seul était permis l'usage d'une barque à quatre rames où pouvaient embarquer deux pêcheurs. Pas plus. Cette règle a fini par nous faire oublier nos vocations premières de marins et de constructeurs de bateaux qui pouvaient tenir la mer par vents et marées et taquiner les côtes méditerranéennes et atlantiques jusqu'aux berges de la Hollande... Depuis, on attend de prendre conscience de ce fait et faire la paix enfin avec cet espace de l'Algérie qui attend d'être exploité.


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