Algérie - Mohamed Benyelles

A propos du cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche, figure du Tasawwuf de Tlemcen, combattant anticolonialiste



A propos du cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche, figure du Tasawwuf de Tlemcen, combattant anticolonialiste
Cet homme est né le jour où l’Emir ‘Abd el-Qader fut fait prisonnier par la soldatesque coloniale française, en 1847. Cette date, invisiblement, le marqua profondément. Il vivra sa spiritualité dans le cadre de la tariqa Derqaouia, sous la conduite de plusieurs chouyoukh, comme le cheikh Mohammed el-Hebri et le cheikh Mohammed Benhabib el-Bouzidi. Celui-ci le choisira comme son moqaddem et lui demandera d’être le représentant de la Derqaouia dans la cité de Tlemcen, à partir de 1908. Cette communauté centralienne soufie est clairement engagée dans le combat de la résistance nationale arabo-musulmane du peuple algérienne. Les portes de la zaouïa « Rahmatou Allah », qui est l’un des espaces de la tariqa, sont couvertes aux cadres et militants du Parti du Peuple Algérien et du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques. Le moudjahid Messali Hadj a fréquenté la medersa de la Derqaouia…
Le 14 septembre 1911, cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche prend la décision de quitter Tlemcen pour dénoncer la politique coloniale qui venait de mettre en place la conscription aux jeunes algériens. De très nombreuses familles font le même geste. La direction est évidente, et le cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche, accompagné de son fils Ahmed et de l’une de ses disciples Mohammed el-Hachimi, prennent le chemin de Damas, capitale syrienne de l’arabité ! Ils réitèrent le mouvement de la hijra de l’Emir ‘Abd el-Qader…
A Damas, le cheikh algérien s’installe dans un premier temps dans le quartier de Suwayqa (le petit souk), à la mosquée ‘Iz ed-Din. Ensuite, il habitera dans la demeure du cheikh Mahmoud Abou Chamat, l’un des plus grands juristes syriens, et affilié à la tariqa shadaliyya. Enfin, le cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche s’installera à El-Shaghour à Samdiyya où ils fondèrent une zaouïa.
En 1920, l’armée coloniale française attaque la Syrie arabe et occupe son territoire. Le Machreq arabe, après le démantèlement de l’Empire Ottoman, se fragmente et les divers pays tombent sous la domination occidentale. Le cheikh Mohammed Ibn Yallis Chaouche, encore une fois se lève contre l’ennemi colonialiste, et exhorte le peuple arabe syrien à la résistance à l’occupation. Il sera arrêté par les Français, mais relâché quelque temps après, à la suite de plusieurs interventions auprès des autorités. Par ailleurs, son fils, le Cheikh Ahmed, a été professeur d'arabe à l'Ecole Nationale Scientifique, l'une des meilleures écoles de Damas. Il sera lui-même le guide de la zaouïa fondée par son père.
Notre cheikh mourra, après une belle consacrée à la mystique soufie et à la résistance anticoloniale et à la renaissance arabe, le 26 décembre 1927. Sa tombe est située non loin du mausolée de Bilal, le premier des muezzins de l’islam, dans le cimetière de Bab el-Saghir à Damas. Un colloque fut organisé à la mémoire de soufi révolutionnaire, à l’occasion du centenaire de sa hijra (en 2011 dans le cadre de la manifestation « Tlemcen capitale de la culture islamique ».
Qu’Allah accueille ce héros dans son Vaste paradis.
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