Algérie

A propos des accusations des insurgés libyens: Medelci appelle Juppé



De nouveau, l'Algérie est plongée, à son corps défendant, dans la crise libyenne, après les accusations graves de l'opposition libyenne sur une prétendue aide algérienne au gouvernement libyen, et relayée par certains milieux français qui veulent liquider au plus vite le régime Kadhafi.

La polémique ne fait qu'enfler, alimentée certes par certains milieux occidentaux que l'attitude responsable de l'Algérie dans les crises tunisienne et égyptienne, en gardant une stricte neutralité, aurait incommodés au plus haut point. Ainsi, il en est de la France qui semble ajouter du crédit aux assertions de la rébellion libyenne qui voudrait rallier à sa cause, plus qu'il n'en faut, les puissances occidentales, dont la France, premier pays européen à avoir donné le feu vert des frappes aériennes contre la Libye.

Et, lundi encore, dans un entretien téléphonique avec Alain Juppé, M. Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, a réaffirmé que l'Algérie n'avait pas fourni d'aide militaire au gouvernement libyen. Selon une dépêche de l'agence française ‘'AFP'', M. Medelci aurait assuré à son homologue français qu'Alger n'a pas envoyé plusieurs centaines de véhicules armés aux forces libyennes de Mouammar Kadhafi. ‘'J'ai eu un entretien très cordial avec mon homologue.

Je lui ai dit «voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d'Algérie», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. «Je lui ai posé la question et il m'a assuré que (...) ce n'était pas vrai», a ajouté Alain Juppé. Un peu plus tôt dans la journée, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas mentionné cet aspect de la conversation, en annonçant que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, «s'est entretenu lundi au téléphone avec son homologue français, Alain Juppé». La discussion de lundi entre les deux chefs de la diplomatie algérienne et française intervient quelques jours après la déclaration du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, sur la présence en Libye de mercenaires. «L'implication d'étrangers dans des actions criminelles contre la population civile serait grave et en contradiction avec les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité», a-t-il estimé. Egalement interrogé sur des informations faisant état d'une éventuelle aide de l'Algérie au régime de Mouammar Kadhafi, en facilitant des accès aux frontières ou en lui livrant du pétrole, le porte-parole n'a pas répondu précisément. «Vos questions sont pertinentes. Aujourd'hui, je n'ai pas d'information sur ces sujets», s'est-il borné à dire. Immédiatement, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, répond depuis la ville d'Adrar. Il a affirmé la semaine dernière qu'il n'existait «aucune preuve» sur la prétendue participation de ressortissants algériens dans des actes de mercenariat en Libye. «Jusqu'à présent, nous n'avons aucune preuve que des Algériens se battent aux côtés des forces irrégulières du dirigeant libyen Maammar El Gueddafi», a déclaré M. Ould Kablia à la presse. Cependant, le ministre a tenu à souligner que si des présumés nationaux algériens étaient impliqués dans des actes de mercenariat, ils seraient «en infraction» par rapport à la loi algérienne. Le ministère des Affaires étrangères avait qualifié de son côté et dans la même journée d'«allégations calomnieuses» les opérations de désinformation visant à impliquer les autorités algériennes dans la crise libyenne.

Le chef de l'opposition en déplacement

Par ailleurs, le chef de l'opposition libyenne Mustapha Abdeldjalil, a affirmé à Rome que Mouammar Kadhafi ne quittera jamais le pouvoir «sauf par la force», ajoutant que le conflit a déjà fait 10.000 morts en deux mois. Le colonel Kadhafi «n'abandonnera jamais le pouvoir sauf par la force», a ajouté devant la presse le président du Conseil national de transition (CNT), organe représentatif des insurgés libyens, lors d'une visite au siège de la Communauté catholique italienne Sant'Egidio, connue pour ses médiations en Afrique. Kadhafi «ne peut pas être comparé» à l'ex-président égyptien Hosni Moubarak ou l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, a poursuivi

M. Abdeljalil, selon lequel le leader libyen, au pouvoir depuis plus de 40 ans, ne serait «accepté par aucun pays» en cas d'exil. «Il a mis toute la richesse du peuple libyen à son propre service» et lancé le pays dans «ses aventures militaires immorales», a-t-il dénoncé. Auparavant, au cours d'un entretien avec le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, M. Abdeljalil avait chiffré le bilan des affrontements en Libye à 10.000 morts et de 50.000 à 55.000 blessés. Mercredi, il se rendra à Paris où il sera reçu par le président français Nicolas Sarkozy. M. Sarkozy recevra M. Abdeljalil à midi au palais de l'Elysée «pour un entretien consacré à la situation en Libye et au processus de transition démocratique», ajoute la présidence française dans un communiqué.

Jusqu'à présent, seuls la France, l'Italie et le Qatar ont reconnu le CNT comme interlocuteur légitime en Libye, en lieu et place de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans.

L'OTAN bombarde à Tripoli

Sur le terrain militaire, l'Alliance atlantique a annoncé avoir effectué des frappes «multiples» contre des centres de commandement des forces pro-Kadhafi, y compris dans la région de Tripoli, dans la nuit de lundi à mardi. Les cibles visées comprennent notamment «des infrastructures de communication utilisées pour coordonner des attaques contre des civils et le quartier général de la 32e brigade (de l'armée libyenne), situé à 10 kilomètres au sud de Tripoli», a précisé l'Otan. «L'Otan continuera sa campagne visant à affaiblir les forces du régime de Kadhafi qui sont impliquées dans les attaques en cours contre des civils», a déclaré le commandant en chef de l'opération Protecteur unifié, le général Charles Bouchard, cité dans le communiqué. «Nous le faisons en conformité avec le mandat de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU afin de protéger, par tous les moyens, les civils des attaques», a ajouté le général canadien, un mois jour pour jour après les premières frappes.

L'agence officielle libyenne Jana avait indiqué, peu avant le communiqué de l'Otan, que l'Alliance avait mené des frappes mardi matin sur Tripoli, Aziziyeh et Syrte, ville natale du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

«Les villes de Tripoli et Syrte ont été les cibles au cours des premières heures de mardi de raids des agresseurs colonialistes croisés», a indiqué l'agence, sans donner de détail sur les cibles visées.

L'agence, citant une source militaire, a indiqué que des raids avaient également visé le secteur d'Al-Hira dans la ville d'Aziziyeh, à 50 km au sud de la capitale. Par ailleurs, la Russie estime toujours que la coalition internationale a dépassé le mandat de l'ONU et demande l'arrêt des hostilités. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé urgent mardi à Belgrade de parvenir à un cessez-le-feu en Libye où, a-t-il répété, le mandat de l'ONU a été violé.

«Ce qui est le plus urgent, c'est d'obtenir un cessez-le-feu», a déclaré, à l'issue d'un entretien avec son homologue serbe Vuk Jeremic, M. Lavrov qui a déploré que «l'opposition en Libye refuse de négocier en raison des positions

de certains pays occidentaux. «Le Conseil de sécurité n'a jamais fixé comme objectif un changement du régime en Libye ou dans un autre pays. Ceux qui usent de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU (concernant la Libye) pour atteindre un tel but violent de manière ouverte le mandat qui a été donné par l'ONU», a insisté le chef de la diplomatie russe.




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