Algérie

A propos de la «Bouqala»



A propos de la «Bouqala» 2ème partie Le but même de la Bouqala est «l’apparition de signes favorables à une interprétation personnelle de tirage au sort»… On retrouve ici tous les «ingrédients» des pratiques populaires concernant les «devins», le zahar ou aléa (le sort en est jeté…le dé , les osselets,etc.), le mot arabe zahar signifiant apparaître a donné le mot hasard… Dans la pratique coutumière de la Bouqala algéroise, les incantations introductives sont empruntées de référents religieux, liant les prières à Dieu et l’assistance des «sages» ou sullah. On désigne par saints, consacré par l’usage, par abus de langage, les sullah ou awlya : en Islam Dieu Seul est Saint Quddus, les awlya ou sullah ne sont que des Sages, «assistant utilement- salih» les croyants dans leurs prières adressées à Dieu Seul… (Coran XXII/11,12; XXXIX/10-72; XLI/29-32,36; XLII/4-7, entres autres…). Durant les prières incantatoires d’initiation de la bouqala, Le Prophète est évoqué «sur sa monture», signifiant ainsi l’utilité et l’aide nécessaire à «toute quête». Est évoqué, aussi, Sidi ‘Abdelkader «Boualem» le célèbre Maître de Baghdad, Abdelkader El Guylany (XIIème siècle). Ici, cette évocation a un sens particulier : surnommé le Sultan des awlya, il symbolise à lui seul l’ensemble du diwan essalihyn ou «assemblée des sullah». Le Coran enseigne, en substance, que «Tous ceux qui ont témoigné de leur fidélité à Dieu – Schuhada, sont vivants à jamais, alors que l’on pense qu’ils sont morts et enterrés…». Les évoquer et demander leurs «baraka», «grâce»que Dieu leur a accordée, constitue, pour le croyant, un acte d’humilité –tawadu’ envers Le Créateur «Qui dispense ses grâces a qui Il Veut» (Coran LVII/28,entre autres versets…) Avant d’expliciter les autres symboles et significations, il est important de noter que la «clôture» du cérémonial de la bouqala est désigné par le fàl. Ce n’est pas anodin, cela explique le fait qu’une pratique «divinatoire» a lieu chez des musulmans. En effet, le Coran et Le Prophète réprouvent tout recours aux devins, oracles, chiromanciens, géomanciens, astrologues, et autres magiciens. Le fàl que l’on peut traduire par «augure» fut, pourtant, admis par les juristes musulmans sous une forme «islamisée». L’augure est l’interprétation des signes par des prêtres «en relation» avec les divinités chez les grecs et romains de l’Antiquité. Les plus célèbres interprètes d’augures furent les douze SYBILLES, reparties sur les territoires de l’antique empire gréco-romain. Pour l’Afrique du Nord, la «Sybile Libyque», prêtresse ( kahina en arabe…) annonçait par des oracles «sibyllins», leurs «destins» aux croyants de cette religion (polythéiste : le destin fatum, décidé par les dieux , la Sybille leur prêtresse y accédait…). L’Eglise chrétienne de Byzance rejetait cette prêtresse, mais des pratiques divinatoires coutumières persistèrent en langue libyque ti finagh (la phénicienne, littéralement…) L’historique «Kahina» était une héritière de la Sybille Libyque phénicienne, c’est peut-être la qu’il faudrait chercher l’origine de ces pratiques divinatoires «Â berbères », comme les décrivent et désignent les historiens grecs ( barbarios désigne chez les Grecs tous les peuples asservis «Â bègues », c’est-à-dire «ne parlant pas ou parlant mal le grec»… Cf. Platon /chez Flammarion : La République et Lettres VII). L’empire chrétien «christianisa», cette fonction religieuse «païenne» et les douze Sybilles furent identifiées aux douze Apôtres du Christ. Dès le quatrième siècle des iconographies apparurent dans les textes évangéliques, on peut même admirer la Sybille Lybique dans la célèbre Chapelle Sixtine… Ghawthy Hadj Eddine Sari Ali Islamologue, ancien Assistant du Recteur de la Mosquée de Paris, Membre du Conseil national d’éthique- Paris A suivre…


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