Il pleut des annonces de présence à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin.
De George W. Bush à Nicolas Sarkozy en passant par d'autres. Personne, sauf peut-être un Robert Ménard aux inimitiés libertaires très sélectives, n'est vraiment surpris.
L'affaire des émeutes du Tibet, sur laquelle les informations ont été souvent approximatives et parfois fausses, a été l'occasion d'un appel à bouffer chinois qui laissait songeur. Il n'y avait rien d'outrageant à ce que des chefs d'Etat s'abstiennent d'aller à Pékin. Mais grâce à une agit-prop intensive, cela est devenu une question fondamentale, celle pour laquelle chacun était tenu de s'exprimer, de dénoncer et de mettre en garde. Le passage de la flamme olympique à Paris a été un modèle de «couverture» et les officiels français, un peu trop branchés sur les médias, se sont laissés aller à des admonestations un peu trop précipitées.
Il a suffi que les tour-opérateurs chinois suppriment la destination France pour que l'on se mette à arrondir les angles et à envoyer des émissaires à Pékin pour calmer le jeu. Que Nicolas Sarkozy aille à Pékin n'est pas le signe que la Chine a fléchi ou que les droits de l'homme ont fait un substantiel «bond en avant», mais relève essentiellement du rapport de force.
Car, il s'est bien joué autour de l'affaire du Tibet un singulier bras de fer où la question des droits fondamentaux de l'homme n'était pas... fondamentale. Cette Chine qui monte, qui monte, à qui l'on reproche de bousculer l'ordre établi en Afrique et ailleurs, cette Chine qui est, en dépit des amabilités d'usage, la « grande menace » pour la domination occidentale, il fallait en quelque sorte la punir, la culpabiliser... Les droits de l'homme avaient-ils quelque chose à gagner dans cette opération ? Objectivement, rien.
Par contre, les images insultantes d'une flamme olympique harcelée dans son parcours, les propos maladroits ou délibérément humiliants ont provoqué au sein de la population chinoise une réaction patriotique qui a largement profité au régime que l'on voulait décrier. Les appels au boycott ont été ressentis comme un outrage par de nombreux Chinois, heureux d'accueillir les Jeux olympiques, au-delà de ce qu'ils pensent du régime. Il y avait dans ces appels au boycott, non pas une défense des droits de l'homme, mais une hargne antichinoise trop véhémente pour être honnête. Elle ne pouvait que retomber devant la réalité du rapport de force et du commerce.
Aujourd'hui, c'est Pékin, on y va, on y va. Personne de sérieux ne croira que la flamme olympique assaillie et contrainte à des courses expéditives aura changé quelque chose à la situation des droits de l'homme des Chinois. Ce n'était pas - cela sans préjuger de la sincérité de ceux qui se sont mobilisés pour les Tibétains - l'objet de la campagne. Le but était de tester Pékin et de l'affaiblir.
L'affaire a tourné au défi. La Chine, toujours communiste et autoritaire, l'a relevé. Ceux qui cherchent à vendre dans un marché gigantesque ont battu leur coulpe. Pékin, on y va, on y va...
Ceux qui ont imprudemment annoncé qu'ils allaient punir la Chine risquent même de dire que les droits de l'homme se sont améliorés...
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Posté Le : 07/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com