Algérie

à peine 10% des étudiants font preuve d'assiduité Tizi Ouzou



à peine 10% des étudiants font preuve d'assiduité                                    Tizi Ouzou
Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad

«On est, de loin à la traîne sur les plans de l'assiduité, de la linguistique et des connaissances techniques, par rapport déjà aux vingt dernières années et puis, dans le temps, on estimait à environ 90% les étudiants qui travaillent, maintenant on en est à peine 10% », relève M. Mohand M., professeur de statistiques à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, qui se dit désolé qu'«aucune mesure prise ou réforme décidée par le ministère de la Recherche scientifique et de l'Enseignement supérieur depuis au moins une décennie n'est arrivée à renverser la vapeur». Pour mieux cerner les raisons de ce recul de l'université de Tizi Ouzou, le professeur, fort de ses vingt ans d'expérience, pense qu'il faut retourner quelques années en arrière, soulignant les «dégâts énormes» de l'arabisation et l'instauration du système d'enseignement fondamental. «On ne peut pas ne pas parler aujourd'hui du rôle, dans les résultats et le niveau de notre université, de la politique d'arabisation idéologique menée par le gouvernement de l'époque alors que tout se passait normalement dans le système éducatif précédent, et c'est l'avis général car les nouveaux bacheliers de ces rentrées sont le produit à 100% de cette déviation de l'école du pays. A-t-on mesuré les conséquences de cette arabisation sur les futures générations qui sont devenues des analphabètes bilingues ou trilingues ' Qui doit aujourd'hui répondre des retombées catastrophiques d'une telle orientation politicienne '», souligne-t-il, se souvenant qu'il y a une dizaine d'années enseignants et étudiants veillaient jusque tard dans la nuit dans la bibliothèque du campus Hasnaoua, à réviser, étudier, chercher des solutions à des problèmes, alors que, de nos jours, c'est rare qu'un étudiant me pose une question. Je ne sais pas si on parle chinois, est-ce un désintéressement ou d'autres raisons qui poussent les étudiants à se comporter ainsi. «De plus c'est pareil pour les autres matières. On se plaint des mêmes difficultés à dispenser des cours», précise-t-il. Et que se passe-t-il dans ce cas ' «Beaucoup d'enseignants donnent aux étudiants des notes qui leurs permettent d'avoir la moyenne de passage au niveau supérieur, pour éviter de se retrouver avec un nombre très important d'étudiants qui refont l'année. Ça je le confirme, parce qu'un étudiant faible avec parfois des 2 ou 2,5 sur 20 en statistiques ne peut avoir un 13 sur 20 en mécanique ou en maths appliquées, où on utilise les mêmes notions», fait-il remarquer, un phénomène de gonflement des notes qui ressemble aux pratiques de corruption en vogue dans la sphère économique. Des étudiants dans le nouveau système LMD refont cinq à six fois la première année tronc-commun, des répétitifs invétérés, et des enseignants donnent par conséquent des cours pour 300 étudiants pour chaque section. Le travail et le mérite n'ont donc plus leur place dans l'université algérienne. Son collègue, Mr H. Ouali, enseignant de sciences financières au département d'économie revient, pour sa part, sur les dernières augmentations qu'ont connus les salaires des enseignants universitaires. «Cet état de fait a participé à changer un peu la rigueur et l'objectivité que doit garder et observer l'enseignant devant son étudiant, cela a fonctionnariser la recherche et l'enseignement universitaire ; certains enseignants se disent même :«on a été bien augmentés alors autant récompenser (avec des notes artificielles) grassement les étudiants ! », regrette-t-il, s'attendant à ce que le niveau des futurs enseignants reflète celui des étudiants actuels «parce que les étudiants d'aujourd'hui sont nos prochains collègues, j'ai peur ! Beaucoup d'enseignants de l'université mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ne comprennent pas qu'on continue à inscrire par dizaines, sinon par centaines, des étudiants bien après la clôture de la période des inscriptions». «C'est vraiment incompatible avec la réglementation et les objectifs de départ, ou prétendus, de notre université d'inscrire des étudiants après la fin de la saison des inscriptions. Déjà que l'université mouloud-Mammeri inscrit beaucoup plus qu'il ne faut d'étudiants depuis des années, et ces inscriptions tardives de centaines d'étudiants nous compliquent encore plus la tâche». On voit qu'on est très loin dans l'Algérie d'aujourd'hui de la vocation de l'université, de la recherche de la qualité et des ponts indispensables entre l'enseignement et les besoins de l'industrie et du marché local.Cela dit, on rappelle que l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou compte 47 200 étudiants, dont 33 370 étudiants inscrits dans le nouveau système LMD et 13 830 dans le système dit classique. Les nouveaux étudiants, ceux de cette rentrée 2012-2013, sont tous inscrits dans le nouveau système LMD (Licence-Master-Doctorat). Ils sont environ 1 868 enseignants permanents, dont 251 de rang magistral, professeurs, maîtres de conférences de classe A, 122 maîtres de conférences de classe B et 190 enseignants hospitalo-universitaires à former le staff de l'encadrement. L'université vit des problèmes cycliques à tous les niveaux, tout le monde se plaint des conditions d'enseignement, de l'inaccessibilité de certains titres et formations comme les sciences médicales.


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