Simple question
de profane ou véritable questionnement qui ne fait pas encore débat et dont on
n'en envisage pas encore de pistes de travail ?
Au vu du
quotidien de la collectivité locale communale, il apparaît clairement à
l'exercice que d'énormes hiatus dans la cohésion supposée établie entre le
collège élu et le corps électoral, apparaissent au grand jour. Les pertes
sèches en ressources humaines disponibles, sont entrain de saigner le pays en
toute bonne conscience. De jeunes cadres, de compétence avérée et mis
prématurément à la retraite, se morfondent dans les oubliettes du dépit. Ils ne
demandent souvent, qu'à servir et probablement sans contre partie ; le meilleur
numéraire humainement apprécié étant, celui d'être reconnu à sa juste valeur.
Issus de tous les secteurs d'activités, si certains ont réussi à se recycler,
le gros des troupes passe le plus clair de son temps à lire ou à flâner sans
but précis. Redevables à la société qui les a formés, ils peuvent encore donner
si l'occasion leur était offerte. Faut-il encore que l'édile veuille bien voir
d'un bon Å“il cette « intrusion ». L'esprit de primauté largement répandu
encore, cédera-t-il à la tendance d'accaparement de la chose publique ? Imprégnés
d'orthodoxie administrative acquise au cours de la carrière, s'ils ont certes
une conscience politique, ils n'ont souvent pas de couleur partisane. A ce
titre, l'on peut dire qu'ils servaient une cause plutôt qu'une entité
matérielle. Tout comme les premiers, les anciens élus ayant acquis une solide
expérience de terrain et fait preuve de lucidité dans la gestion de la ville,
pourraient être éligibles à une telle charge. Il est permis encore de puiser
dans le vivier constitué d'anciens élus ayant fait preuve de lucidité dans la
gestion du patrimoine public.
L'observateur que
nous sommes, ne relève-il pas à longueur de pérégrinations quotidiennes des
inepties et des gabegies dont le burlesque dissimule mal le tragique. Il n'y a
que l'objet nouvellement implanté qui intéresse, il n'est le plus souvent pas
tenu compte de l'environnement immédiat. Comme un bouton sur le nez, la
nouvelle « chose » perd indubitablement de son attrait et devient forcément
inutile. Un grain de beauté n'a de signification que s'il est placé sur le
visage et au bon endroit. (maxime populaire).
En peignant le
détail, le peintre s'éloigne d'un pas pour voir si celui-ci s'intègre
harmonieusement dans le paysage. On découvre avec frayeur ces palettes
barbouillées dites paysagistes qui jurent par leur rustrerie. Des campus
universitaires et des édifices publics violent sans retenue aucune, des espaces
qui étaient jadis, des hymnes à la Création. Le mobilier urbain commercialisé par un
grand groupe privé, d'inspiration XIXe siècle dont la connotation nostalgique
est à peine voilée, est en passe de dénaturer le pays profond. Après avoir
conquit le Nord du pays, il se retrouve, mimétisme aidant, aussi bien à Taghit au Sud Ouest qu'à Abellessa
dans l'Ahhagar ou à Taleb Larbi
au Sud Est. Un autre groupe, celui des panneaux en aluminium, est entrain lui
aussi de dépersonnaliser le bâti national. Il ne sera plus permis d'apprécier
ces cambrures des frontispices de vieilles constructions par le fait, de leur
fardage et l'aspect surfait de modernité qu'on tente de leur donner. Serait-il
encore possible au technicien de vérifier les structures internes des bâtiments
et d'en valider la solidité ? Quant aux immenses baies vitrées teintées de noir
ou de bleu c'est selon, leur tendance futuriste ne trompe personne. Les coûts
en consommation d'énergie seront sans nul doute en rapport avec l'effet de
serre développé en période estivale, par ces couveuses d'un genre nouveau. Ces
hideuses parures essaiment de plus en plus vers l'intérieur du pays. Auberges
de jeunes, urgences médicales, agences postales, tout y passe. Une ville des
Hauts Plateaux s'est payée une structure sanitaire grise dantesque du genre
station orbitale. Il est grand temps d'arrêter les dégâts de la construction
Mac Donald. N'appelle-t-on pas déjà, ces placages : panneaux sandwich ?
Il n'y a pas non
plus que le mobilier urbain qui dénature, des végétaux expatriés des oasis sont
impunément transplantés dans une millénaire ville du
Nord connu pour ses vignobles. Le beau et majestueux palmier dans son contexte
devient, imparablement, une indésirable greffe dans un paysage de coteaux
ondulants de vert-roux. Comme toute greffe, il est
inexorablement appelé, à être rejeté un jour au l'autre. Ces bancs en fonte à
la mode rétro et sans ombrage, ne feront que cautériser par temps fortement
ensoleillé, les lombes déjà éprouvées des personnes en quête de repos. Ces
bornes fontaines totémiques implantées çà et là et qui ne sont alimentées par
aucune conduite d'eau potable, renseignent sur le peu de respect nourri à
l'égard de l'administré. L'esthétisme mystificateur l'emporte sur l'utilité
fonctionnelle. Nous n'arrêterons pas cette énumération, dont nous concédons
volontiers le caractère inquisiteur, sans parler de ces abris bus de type « vieux
Londres » et dont les miroiteries voleront en éclats dès la première grogne
juvénile et tant pis si ces « ruraux » ne méritent point ces attributs
citadins.
Les illusoires
espérances ont toujours fait le lit des déceptions collectives ou communautaires,
ainsi revivons-nous, comme un leitmotiv, le scénario de fin de règne. Peu
d'entre les élus prétendront au prochain mandat ; les désillusionnés partiront
avec un soupir aussi gros que leur déception avec le discrédit en prime. Le «
machin » municipal prétendument capable, d'apporter des réponses immédiates à
des demandes plutôt anciennes, n'est en fait qu'une frénétique boite de
Pandore. Il est à chaque fois fait table rase de tout ce qui a pu se réaliser
et dont le mérite est d'avoir été tenté. Le brillant du neuf a de tout temps
cristallisé, l'intérêt de l'homme qui ne se rend compte du toc qu'après coup.
L'argumentaire que nous présentons est certainement discutable dans la mesure
où les voies menant au suffrage sont connues et éprouvées. Pourquoi donc,
faut-il y déroger ? Tout le monde sait que le suffrage est à l'instar des
examens, souvent surprenant et ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent à
tous les coups. Parmi ce réservoir que nous proposons, beaucoup d'entre eux si
ce n'est pas tous, n'aiment pas trop s'exposer aux jugements des urnes sachant
par avance, qu'ils peuvent être disqualifiés par le clientélisme et l'entregent
qui passent pour être impitoyables dans ces joutes qui peuvent être sanglantes.
Les membres dont le nombre de dépasserait pas le 1 /3 de l'effectif élu
pourrons, après enquête d'usage, prétendre au titre de conseiller. Au pays père
géniteur de la commune, n'attribue-t-on pas, à juste titre, ce qualificatif à
l'élu local et régional ? Ce titre est déjà privatif de la décision, l'autorité
ne peut émaner que du conseil dans sa majorité.
Avec des staffs
de tous âges, il sera sans nul doute permis d'allier la verve juvénile et la
maturité des anciens pour un seul et unique but, répondre équitablement aux
besoins sociaux et éducatifs du spectre démographique. Ce spectre qui a
tendance à se densifier en faveur des personnes de plus en plus âgées par
l'ajournement de l'âge du mariage, le vieillissement de la population dont la
durée de vie dépasse déjà les 73 ans pour les deux sexes, est probablement la
seule unité de mesure qui permette encore de répondre équitablement, aux
besoins des différentes composantes de la société. Sinon, il n'est nul besoin
alors d'offrir des commodités pour une meilleure espérance de vie pour en fin
de compte, livrer le produit à la déchéance socio économique. A trop chanter
les vertus juvéniles devient suspect et une autre manière hypocrite de
mystifier. La société est ce camembert graphique statistique dont chaque
portion est représentative d'un nombre pour faire cent pour cent (100 %). Celle
de 0,5 % est aussi importante que celle de 50% dans la configuration numérique,
sans çà, il n'est nul besoin de tracer le camembert qui n'aura aucun sens.
Il faut évoquer,
cependant, que quelque ait été le modus opérandi
depuis 1967, année de l'avènement de l'Assemblée populaire communale, les mêmes
causes continuent à générer les mêmes effets. Quoique les premières
législatures, il faut bien se l'avouer même si c'est
vexatoire, ont relativement bien fonctionné du fait même des quelques bons us
administratifs légués par l'occupant en dépit des maigres effectifs formés sur
le tas. Par contre le savoir faire des praticiens d'encadrement dont le nombre
était très en deçà des besoins exprimés, a contribué pour une large part à la
survivance du service municipal. D'ailleurs l'on se demande pourquoi a-t-on
gardé et développé une structure d'essence coloniale qui ne répond que peu ou
prou au profil sociologique humain du pays ? Il est observé jusqu'à ce jour et
en dépit de l'élévation du niveau intellectuel de l'élu en général, qu'on
continue à recourir à la baraka du Cheikh de la confrérie, à en référer au Kebir el Arch (notable de grande
tente) (1) et ce n'est point péjoratif compte tenu des dividendes consensuels
que l'on peut obtenir.
L'esprit de la «moubaiaa» (allégeance) encore prégnant dans l'imaginaire
populaire, n'est certainement pas prêt à céder la place à la méritocratie. Et
ce n'est qu'à l'orée des années 2000 que ce qui a été refoulé jusque là,
apparaît dans toute sa dimension socio culturelle par la naissance(ou
résurgence) du Mouvement des Arouch. Belle leçon
d'authenticité. Convié à un débat sur l'absence de démocratie dans les pays
arabes, Boutros Boutros Ghali
ancien Secrétaire général de l'ONU répondait à l'assistance dont faisait partie
le célébrissime Roland Dumas en ces termes : «Vous voulez imposer à des
sociétés sociologiquement différentes, un mode de gouvernance qui ne peut être
que le vôtre ! Voyez ce qu'en a fait le Liban, le Président de la république
doit être obligatoirement maronite, le Premier ministre sunnite et le Président
de l'Assemblée nationale chiite. Vous trouvez çà démocratique ?». Il est fort à
parier que si le nouveau code communal en débat, porteur de tant d'espérances,
n'oblige pas à porter des réponses immédiates à des préoccupations légitimes de
l'administré, il connaitra le même sort que ceux qui
l'auront devancé.
Renvoi :
(1) L'obéissance de l'individu à sa tribu a vite
été commuée en soumission caidale faisant, cyniquement
croire aux vaincus, qu'ils relevaient toujours de l'autorité d'un chef arabe
d'où le nom : Caid
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Posté Le : 05/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com