Parmi les traits
distinctifs du genre humain, le sens du secret constitue un élément essentiel
de sa personnalité. Pourtant, il reste viscéralement attaché au besoin de
dénuder, tantôt par raison, tantôt par vanité, ses menées dissimulées.
Ainsi, depuis les
origines, le genre humain ne cesse de voiler sa nudité physique et, notamment,
morale – définie comme un ensemble de règles de conduite et de mÅ“urs
considérées comme bonnes et devant être appliquées dans une société qui se «
respecte » –, afin qu'il puisse refouler les angoisses engendrées par
adversité, par la puérilité existentielle l'accompagnant depuis la Création, et
cela, jusqu'à la fin des temps.
De nos jours, ces peurs sont détendues par,
entre autres défoulements, les multiples activités culturelles et économiques
ainsi que par les préoccupations individuelles et collectives entretenues par
des pouvoirs et individus tiraillés par l'obsession de demeurer dans leur
position au sein des sociétés elles-mêmes, structurées dans le sens de cette
ambiguïté existentielle – sujétion pour ainsi dire – exprimée en de multiples
fantasmes intrinsèques au caractère humain, vacillant entre le beau en terme de
transparence et d'intelligence d'une part et, d'autre part, par l'imprévisible,
voire l'inavouable.
Donc, cette ambivalence est en train de se
diversifier du fait des progrès et des détours que le genre humain emprunte en
face de l'adversité et la Vérité, souvent voilée, tout au long de son parcours
parsemé, certes, de réels acquis moraux confortant sa suprématie, néanmoins
fragilisée face aux évidences. Et c'est justement cette prétendue supériorité
qui, paradoxalement, le rend vulnérable à toutes sortes de chimères et
précarités, notamment informatives, transmissibles, en notre temps, pareilles à
des épidémies virales. A ce propos, il serait utile de retenir que la vérité
est effectivement un terrible « virus » impossible à circonscrire car,
actuellement, il se transmet par les moyens des nouvelles technologies de
l'information et de la communication et – qui sait? – par d'autres moyens dans
le futur. L'Internet, combinant image, son, éclairages et instantanéité, est en
train de faire des miracles et qu'il serait vain de changer sa raison d'être :
incontournable et surtout incontrôlable !
L'actualité de cette semaine est riche en enseignements
dans ce sens, tant au plan national qu'international. De multiples congrès sur
divers sujets au sommet, médiatisés à outrance, ainsi que des rencontres
professionnelles à profusion se marchandent tels des… petits pains à
l'intention des médias et, donc, à celle des opinions publiques d'aujourd'hui,
ressemblant à une… toile d'araignée en terme informative et donc impossible
d'échapper à sa nasse, quoi que l'on fasse, du fait que le Monde est devenu,
a-t-on admis maintes fois depuis au moins une vingtaine d'années, comme un
village du temps où les nouvelles se communiquaient de bouche à oreille et par
les nuages de fumée, type Far West, entre les différentes tribus indiennes et
d'ailleurs.
Le proverbe «il n'y a pas de fumée sans feu»
pourrait s'appliquer, d'une certaine façon, aux comportements des Etats dans
leur ensemble et, à leur tête, les USA. En d'autres termes, ne voir ni feu ni
fumée ! Jusqu'à quand le mensonge mêlé au mépris ? A ce train-là, des analystes
de chez eux et d'ailleurs prédisent que, dans une vingtaine d'années –
l'essentiel est de savoir à quel prix –, ce conglomérat d'Etats – les USA –,
perdrait définitivement son aura, de l'intérieur d'abord, puisqu'il ne cesse de
multiplier les risques de son implosion du fait de ses multiples excès internes
et externes, du genre «business is business», liés aux ingérences scandaleuses
sur les affaires du monde que les différents gouvernants tentent de camoufler
vainement, puisque le soi-disant maître du Monde est à nu, sinon justifier par
des arguments – en réalité des subterfuges – en cours d'épuisement. Par contre,
les scandales en tous genres iront en s'accentuant dans la… transparence, et
ce, malgré toutes les restrictions.
A propos des scandales, la palme d'or revient
indéniablement, de par son ampleur, cette semaine et pour encore un bon bout de
temps, à celui révélé par le fameux site WikiLeaks concernant les frasques de
la soi-disant gouvernance mondiale identifiée aux USA , dénudées par un jeune
militaire internaute de 24 ans, entre autres, qui avait exercé au sein des
arcanes des affaires de la Défense – où le secret assuré est en principe une
raison d'être – liées à celles des relations étrangères, dénote du niveau de la
déliquescence de ce prétendu superviseur de la communauté internationale via ce
machin qu'est l'ONU – un sous-traitant en vérité – installé au pays des éclats
et écarts, de langage et de conduite, dominateurs, voire d'assises
criminogènes.
Ajouter à cela sa monnaie, en l'occurrence le
dollar, servant au plus haut point d'échanges internationaux utiles et commodes
pour les pays en voie de développement faisant transiter leurs négoces par le
biais des magouilleurs internes et externes, corrompus et corrupteurs, dont les
derniers agissements ont, en grande partie, provoqué la récente banqueroute de
2007, et qu'elle ne serait nullement la dernière puisque le ver est dans le
fruit.
A ce propos, on dirait que le billet vert
rend les gens véreux mais peuvent-ils, voire souhaiteraient-ils qu'ils soient
autrement ? Peut-être que des nouveaux rapports de force, autrement établis
qu'actuellement, y compris avec la participation accrue des USA requinqués dans
ce sens, issus d'une énième déflagration mondiale répartie en des pôles chauds
tel un incendie ravageant le vert et le sec, comme on le dit dans le monde
arabe, et ce, à défaut de floraison des sagesses liées aux combats des idées et
de l'équité massifiée mondialement.
Cela serait susceptible, en effet, de mettre
fin aux faussetés engendrées par la non transparence de la part d'une
gouvernance se voulant être planétaire, alors qu'elle ne perçoit que le bout de
son nez puisqu'elle est en train de s'essouffler par trop de « maladresses » –
d'autres points de vue stipulent que ce ne sont que des coups fourrés des
lobbys israéliens déçus par l'Administration actuelle, jugée molle, des USA et,
à l'évidence, de plus en plus dépassée et qu'elle se dénude progressivement en
ne montrant, pour le moment, que le côté non répugnant de ses « prouesses »
comme elle semble, ces derniers jours, mettre méticuleusement un système de
ripostes médiatiques afin de noyer le poisson, défini au site WikiLeaks –, en
quelque sorte le Don Quichotte des temps actuels –, auteur des révélations
fracassantes. Mardi passé, il s'est rendu à la Justice britannique pour une
affaire… d'agression sexuelle contre une femme, au départ, puis une seconde au
Danemark durant août dernier. Il sera retenu jusqu'à payement d'une rançon. En
vain, puisque les révélations continuent de se succéder et ne sont que du déjà vu
et su. Alors, attendons d'autres secrets imprévus et puants mis à nu. (1)
Entre-temps, il serait utile de retenir que
les peuples, et à leur tête celui des USA, n'attachent que peu d'importance à
cette mise à nu des frasques de leurs systèmes de gouvernance manipulables, et
ce, en utilisant divers subterfuges ne datant pas d'aujourd'hui (2). A part
quelques médias, leurs élites restent confinées dans le mutisme malgré qu'elles
sont en train d'endurer toutes sortes de frustrations liées à la non bonne gouvernance
les émiettant, notamment celles du monde arabo-musulman, y compris religieuses,
à l'image de cheikh El Kardhaoui qui n'est pas ménagé à son âge, affirmant, via
les médias, qu'il est illicite d'espionner autrui en faisant référence à
l'espionnage de la part des… USA !
Si comme ils l'ont fait pour la première
fois. Enfin, et dans tout les cas de figure, et implosion ou pas des rapports
de forces issus de l'après-Seconde Guerre mondiale, ceux en cours
d'instauration configureraient, forcément, d'autres pôles tout à fait opposés
aux précédents. Intérêts économiques obligent, fatalement !
Afin d'illustrer l'autre état d'esprit direct
des siècles du romantisme, s'attachant à l'amour de la probité et de la
spontanéité qui sont le propre de la connaissance, de l'honnêteté et de la
bravoure mais, quelquefois, des manœuvres occultes et excessives, nous citons
deux exemples édifiants :
1. Le premier
est, justement, celui de Don Quichotte. Ainsi, rappelle-t-on, pour la majorité
des élites du monde, la mise à nu des hypocrisies en haut lieu ne serait qu'un
combat à la Don Quichotte. Certainement pas. La preuve ? L'exemple, justement,
de Don quichotte est retenu par la mémoire universelle depuis plus de quatre
siècles par l'intermédiaire d'oeuvres littéraires, théâtrales, etc., alors que
les agissements de l'Inquisition espagnole, entre autres, sont identifiés au
pouvoir despotique, intolérant et négationniste, honni, vomi en son époque.
Jusqu'à la fin des temps. Voici un fragment de la célèbre Å“uvre écrite, entre
1610 et 1815, par Cervantès (1547-1616), emprisonné à Alger par les pirates.
Ci-dessous l'extrait :
« C'est alors qu'ils découvrirent dans la
plaine trente ou quarante moulins à vent ; dès que Don Quichotte les aperçut,
il dit à son écuyer :
- La chance
conduit nos affaires mieux que nous ne pourrions le souhaiter. Vois-tu là-bas,
Sancho, cette bonne trentaine de géants démesurés ? Eh bien, je m'en vais les
défier l'un après l'autre et leur ôter à tous la vie. Nous commencerons à nous
enrichir avec leurs dépouilles, ce qui est de bonne guerre ; d'ailleurs, c'est
servir Dieu que de débarrasser la face de la terre de cette ivraie.
- Des géants ? Où
çà ?
- Là, devant toi,
avec ces grands bras, dont certains mesurent presque deux lieues.
- Allons donc,
monsieur! ce qu'on voit là-bas, ce ne sont pas des géants mais des moulins ; et
ce que vous prenez pour des bras, ce sont leurs ailes qui font tourner la meule
quand le vent les pousse.
- On voit bien
que tu n'y connais rien en matière d'aventures. Ce sont des géants ; et si tu
as peur, ôte-toi de là et dis une prière, le temps que j'engage avec eux un
combat inégal et sans pitié.
Et aussitôt, il donna des éperons à
Rossinante, sans se soucier des avertissements de Sancho qui lui criait que
ceux qu'il allait attaquer étaient bien des moulins et non des géants. Mais Don
Quichotte était tellement sûr de son fait qu'il n'entendait pas les cris de
Sancho et que, même arrivé devant eux, il ne voyait pas qu'il se trompait.
-Ne fuyez pas,
lâches et viles créatures, criait-il, c'est un seul chevalier qui vous attaque
!
Sur ces entrefaites, un vent léger se leva et
les grandes ailes commencèrent à tourner. Ce que voyant, Don Quichotte reprit :
- Vous aurez beau
agiter plus de bras que n'en avait le géant Briare, je saurai vous le faire
payer !
Là-dessus, il se recommanda de tout son cÅ“ur
à sa dame Dulcinée, la priant de le secourir en ce péril extrême. Puis, bien
couvert de son écu, la lance en arrêt, il se précipita au grand galop de
Rossinante et, chargeant le premier moulin qui se trouvait sur sa route, lui
donna un coup de lance dans l'aile, laquelle, actionnée par un vent violent,
brisa la lance, emportant après elle le cheval et le chevalier qu'elle envoya
rouler sans ménagement dans la poussière »
2- Le second est
celui de la légende d'Icare. D'après la tradition grecque, Dédale et son fils
Icare, retenus prisonniers dans le Labyrinthe de Crète sur ordre du roi Minos,
s'en échappent grâce à des ailes de plumes et de cire confectionnées par
Dédale. Mais, oubliant les conseils de prudence de son père, Icare vole trop
près du soleil. La cire de ses ailes fond, il tombe et se noie dans la mer.
L'aventure d'Icare a fait l'objet d'un film
que l'on résume comme suit : un honnête procureur voulait coûte que coûte
percer une combine criminelle en haut lieu. Alors il est pris en chasse par les
gardiens du temple. Un jour, lors de ses investigations, il découvrit une
cassette codée émettant une voix inaudible Toute la nuit, il l'écouta tout en
temporisant le son de la voix. A l'aube, il réussit enfin son décryptage. Il
comprit qu'il s'agissait d'une opération baptisée Icare mais ne savait pas en
détail ladite histoire de l'homme volant. Donc, il téléphona à son amie
journaliste. Celle-ci lui narre en détail l'aventure d'Icare. Tout en
l'écoutant, il s'approcha du balcon de son appartement. Et là, il reçut une
balle en plein front tout juste au moment où son amie lui disait : « Et Icare
vole trop près du Soleil…. Bang ! Allo?» Le procureur s'était trop rapproché de
la Vérité !!!
NOTES
1- Les anciens de
notre village formulaient une supplique à l'adresse de l'Omnipotent, comme suit
: Allah yasstourna mène lemdarga, oualmssarga, ouali maâdnach fiha khbar
(Seigneur, préserve-nous du caché, le rampant et l'aléa).
Une anecdote,
assez connue anciennement dans mon village, rapporte les faits suivants : un
jour, un juif et un musulman se dirigeaient au marché. Le juif s'était dégagé
d'un besoin. Alors son compagnon se retourna et, révulsé, demanda au juif : «–
D'où vient cette puanteur ? Et le juif malicieux d'assurer : – Ça ? C'est la
brise de l'aurore. – Ah, bon ! s'étonna son compagnon qui ajouta : – Comment ça
serait lorsque il fera jour !»
2- Dans le même
ordre d'idées de l'intitulé du présent article, il y a lieu de noter que le
général de Gaulle était un manipulateur de haut niveau tant au plan de
l'acquisition du pouvoir que de s'y maintenir. En 1961, les événements
s'accélèrent en Algérie et en France. En vrac ! D'abord les manifestations du
17 octobre à Paris préparant l'opinion française. Puis, deux mois après la mise
à nu décisive définie aux manifestations du 11 décembre en Algérie, soit 7 mois
avant le 5 juillet 1962, confortant le choix du peuple algérien pour
l'indépendance tout en préparant les pieds-noirs rétifs à celle-ci, au fait
accompli. En un mot, le sacré général a réussi à faire d'une pierre deux coups
!!.
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Posté Le : 09/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Brahimi
Source : www.lequotidien-oran.com