A moins de vingt-quatre heures de sa participation à la conférence
ministérielle territoriale sur la sécurité des frontières qui aura lieu à
Tripoli, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia,
a reçu à Alger le sous-secrétaire américain à la Défense pour le
Renseignement, Michael G. Vickers, ancien officier des forces spéciales
américaines et d'opérations paramilitaires de la CIA, spécialisé dans la traque des chefs d'Al Qaïda.
Le communiqué laconique de l'Intérieur précise toutefois que l'audience a
porté sur «la situation sécuritaire et les réformes engagées en Algérie ainsi
que sur la coopération algéro-américaine en matière de
lutte contre le terrorisme et le crime organisé». Aucun détail opérationnel n'a
filtré sur cette rencontre qui s'inscrit logiquement dans la démarche
américaine à renforcer la coopération sécuritaire dans la région alors qu'Alger
est perçue comme une pierre angulaire dans cette lutte contre le terrorisme, comme
l'a souligné Hilary Clinton, lors de sa dernière
visite dans la capitale algérienne.
Rappelons que l'ancien général de
l'USAF, James Clapper, et actuel Directeur du
Renseignement national américain (DNI), organisme sous l'autorité et le
contrôle directs du Président des États-Unis, avait plaidé pour une coopération
plus intense avec les alliés sur place dans la lutte contre le terrorisme pour
que la décentralisation d'Al Qaida se dirige vers une
fragmentation du mouvement dans quelques années. Claper considère également que
la lutte antiterroriste jouera à coup sûr un rôle prépondérant dans le devenir
de ces groupes ainsi que leurs rôles dans ce qui est appelé le mouvement djihadiste mondial. Un rôle également éclairé par la
concurrence médiatique entre les djihadistes à mener
des opérations terroristes qu'ils prévoient à l'échelle locale et
internationale. Dans cette optique, l'émergence du Mujao,
le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l'Ouest, et
ses deux attaques ciblées en territoire algérien en sont la parfaite
illustration. Mais ce qui interpelle dans la visite de Michael G. Vickers, c'est
cette proximité temporelle avec la rencontre de Tripoli et une présence qui
sonne comme un appel ou un rappel, c'est selon, des demandes américaines à la
solidarité avec la Libye. La
Secrétaire d'Etat américaine avait demandé à Bouteflika
d'aider davantage le CNT alors que le Premier ministre libyen par intérim Abdel
Rahim al-Kib avait discuté
avec ses interlocuteurs américains de la question de la sécurité des frontières.
Un haut responsable américain avait alors indiqué que Washington allait, avec
ses partenaires, «essayer de coopérer avec les Libyens pour rétablir la
sécurité». Consciente de ses problèmes de sécurité, Tripoli a appelé ses
voisins à une rencontre au sujet des frontières communes poreuses, qui sont
devenues depuis la chute de Mouammar Kadhafi des lieux de transit majeurs pour
toutes sortes de trafic, avait annoncé un responsable libyen. La Conférence
ministérielle sur la coopération régionale s'ouvrira aujourd'hui et sera axée
sur la sécurisation des frontières. L'Algérie sera représentée par son ministre
de l'Intérieur qui sera à la tête d'une importante délégation multisectorielle
et verra la participation d'autres pays frontaliers ou non de la Libye à l'image du Tchad, l'Egypte,
le Niger, le Mali, la
Mauritanie, le Maroc et le Soudan. Tripoli saisira
certainement cette occasion pour réitérer sa demande d'extradition de Saad
Kadhafi réfugié au Niger et qui a promis de retourner en Libye où, selon lui, une
rébellion «s'étend jour après jour». La question des armes post-révolution et
la présence d'Al Qaïda dans la région seront aussi au
centre de la conférence.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 11/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com