Algérie

À méditer : Parenthèse



Le Ramadhan est un mois à  nul autre pareil. On aura tort de croire que seuls les commerçants véreux  y trouvent leurs comptes. Les mieux lotis sont  aussi  les artistes qui en ce mois rompent avec l'assoupissement forcé. Les théâtres livrés le reste de l'année aux araignées s'ouvrent aux déclamations des comédiens et beaucoup d'entre-eux attendent ce mois comme l'unique occasion de retrouver le public. Les salles de fête résonnent de notes et les rues deviennent comme par enchantement  animées. La joie prend ses quartiers.  La fête n'est pas l'apanage des grandes villes mais débordent sur de petits villages. A ce propos,  il faut saluer l'initiative du théâtre régional de Tizi-Ouzou qui,  à  travers  une caravane, a touché des endroits reculés. Des familles entières, des enfants ont découvert avec émerveillement  des pièces de Mohia et d'autres troupes venues de régions de l'ouest et du centre pour une communion fantastique. Assurément cette année, un peu plus encore  que les précédentes, les Algériens ont renoué avec les activités artistiques qui sont un rempart contre le voile de grisaille que d'aucuns veulent jeter sur le pays. Le citoyen n'a pas seulement besoin  de s'abîmer dans les méditations. L'observation des rites religieux a toujours fait bon ménage avec l'expression culturelle. L'islam de nos aïeux n'a jamais été synonyme de refus de la musique ou du théâtre. On n'a pas souvenance que Rachid Ksentini, El Anka ou Slimane Azzem aient été l'objet d'excommunication. La jeunesse ne refusait pas la musique. Elle voulait plutôt en faire.  On se délectait des  mots de nos artistes  et on puisait à  leur sagesse matinée de morale islamique.   L'Algérien  a besoin aussi de décompresser, d'oublier le stress et de vivre dans une communauté ou personne n'impose par la violence son refus de l'art et du beau.  Un sentiment d'inachevé nous étreint pourtant le cœur. Sitôt le ramadhan achevé, nos villes et villages vont redevenir des territoires de tristesse et de vacuité. Le Ramadhan n'aura été qu'une parenthèse et  duré finalement que ce que durent les roses d'un printemps fugace. 


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