Le Ramadhan de cette année se distingue certes par l'envolée des prix. Est-ce vraiment étonnant ' Personne n'attendait de la “rahma” de ce côté-ci. C'est même devenu depuis belle lurette le traditionnel marronnier, sujet béni pour journalistes en mal d'inspiration. Pourtant, un sujet semble faire de l'ombre à cette évidence. En cours de route ou dans les lieux publics on n'entrevoit pas seulement des mines patibulaires, des personnes prêtes à s'enflammer pour la moindre contrariété. On n'a même plus envie de demander pour quelle raison tel ou tel sont en colère. Ramadhan est le prétexte pour hausser le ton, gesticuler et baver. Etrangement, Ramadhan «qui terrasse» les uns et les autres semble donner plus de force à ceux qui veulent en découdre. Un peu comme ces feux qu'une brindille suffit à enflammer. Depuis quelques jours, on regrette pourtant ces personnes qui dans le bus ou en bas des immeubles se contentent de vociférer et d'éructer. Est-ce la faute à l'été qui chauffe les nerfs '  C'étaient en fait d'inoffensives personnes qui, sevrées de tabac, déversaient de passagères colères sur autrui. Une salutaire intervention suivie d'une invite à maudire Satan suffisaient pour arranger. On comprenait même ces accès d'adrénaline. La violence a hélas changé de degré et de nature. Ce ne sont plus seulement des postillons et des paroles assassines qu'on se jette à la figure. Les couteaux sont exhibés avec une facilité déconcertante et inquiétante. On n'a jamais autant enregistré de rixes qui se sont terminés par des crimes. Pour une banale dispute, un jeune ingénieur a perdu la vie à Birtouta et un autre à Jijel suite à altercation verbale qui a dégénéré. De plus en plus notre société semble vivre un décalage troublant. On n' y a jamais parlé autant de religion, de vertu quand la morale recule d'une manière effarante. Le ramadhan censé àªtre un mois de maîtrise de soi et de ses pulsions agressives devient celui où les mauvais instincts se donnent le plus libre cours. L'abstinence n'est pas seulement alimentaire. Le croyant doit aussi s'abstenir des mauvais gestes et de mauvaises paroles. Sans cela, le respect de cette obligation ne servira qu à se faire voir dans ce théâtre des apparences que tend à devenir la pratique religieuse.
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Posté Le : 24/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : H. Rachid.
Source : www.horizons.com