À méditer : La balade des gens heureux

Un peu de fraîcheur et beaucoup de loisirs à  l'approche de l'Aïd. L'adoucissement climatique donne lieu à  de joyeuses nuits récréatives. L'achat des effets vestimentaires pour les enfants ainsi que les articles scolaires s'est   substitué à  la profonde torpeur nocturne pour mettre en éveil d'hypothétiques soirées enchanteresses. Une fois le f'tour terminé, souvent en moins de 15 minutes, les premiers promeneurs investissent les vastes allées de la capitale qui se remplissent peu à  peu de monde, jusqu'à l'approche de l'heure du S'hour.  Le rendez-vous sur les artères de Bab El oued  constitue aussi une sorte de forum des citoyens de tous les âges et de toutes les conditions au point de constituer aussi un passage obligé, pour "prendre la température" de la cité. Dans l'allégresse du bon vieux temps, on reprend goût aux promenades nocturnes.  Du vieux quartier de la marine, aux cafés Malakoff, El Gourari, et Tlémcen… autant de destinations prisées pour ces soirées exceptionnelles  où les acteurs sont aussi les spectateurs. Dans cette ambiance de "Kaada »", les initiés reconnaissent de subtiles mises en scènes, car sur les mêmes bancs publics, autour des mêmes tables des terrasses de cafés, ce sont pratiquement les mêmes "djemaâ", réunies par les mêmes passions. L'on reconnaît le coin des anciens du football et celui des moins anciens, celui des nostalgiques du vieil Alger qui "ressuscitent" à  coups d'anecdotes, chaque soir, les noms qui peuplent les cimetières de la ville, ou encore le coin des retraités qui se sont spécialisés dans la géopolitique en disséquant sans cesse l'actualité nationale et internationale.  Pour les femmes accompagnées de leurs enfants, il y a la fraîcheur  du sable de la R'mila autour d'un thé familial et pour les plus nostalgiques, des regards tournés vers les bateaux en rade ou quittant le port. Les yeux s'accrochent alors sur  cette coquille illuminée, objet de tous les rêves et de toutes les folies.