À méditer : Hector Prince des cieux

Il est parti dans la discrétion la plus totale, après 100 ans de captivité dans le jardin du Hamma. Hector a repris le vol du condor pour aller vers d'autres cieux. Il aura pourtant résisté à  tous les avatars de la nature. On lui reconnaît sa capacité de résistance pour avoir bravé une mise à  mort certaine par l'OAS pour privation de nourriture. Cinq mois durant, tiraillé par la maladie et la faim, il reprit son beau plumage au lendemain de l'indépendance. En ce mois du ramadhan, ce prince des cieux venu des hautes chaînes andéennes a cessé de vivre. Son très long séjour dans ce pays d'accueil lui fut bénéfique pour mettre de nombreuses générations au fait d'une longévité inégalable. Il fut de tout temps ce vautour impérial qui donna au cinéma ses lettres de noblesse. On lui reconnaît la majesté qui lui sied en volant à  12.000 pieds d'altitude. Que de charme et de hauteur chez ce charognard de haut vol. Avec plus de huit mètres d'envergure, nous voilà trempés dans la grande mythologie Incas pour classer ce volatile dans le mythe du Dieu soleil. Il nous revient cette semaine dans le songe pour éveiller en nous la plus belle histoire du «Thir El Hour» (l'oiseau noble). C'est dans cet humble espace horticultural devenu immense de par ses grandes richesses florales que le sort s'est porté sur Hector pour en faire le plus vieux prisonnier du monde. Aujourd'hui, que de regrets d'avoir perdu ce grand «Â pensionnaire ». Même que le temps s'est figé sur un passé plein d'aventure. Dans ce vaste parc naturel, on a vu passer aussi un vieux caïman de 70 ans venu de Floride. Au musée avoisinant le jardin d'Essai, l'histoire continue de libérer des récits jalousement gardés par ses pensionnaires disparus. On y revient rendre hommage à  tous ces acteurs qui ont fait le lit d'une aventure où l'oiseau demeure la preuve indélébile d'un  grand amour paradisiaque. Le triste départ d'Hector a fini par captiver les émotions, les chérubins au grand cœur passent autour de sa cage vide pour jeter un dernier regard sur celui par qui arrive la légende.