Dans le firmament d'un glorieux passé où l'opulence battait son plein, on gérait à coups de Louis d'or (ou de sultani) son standing de vie. Un retour sur image sur cette belle époque ayant les traces d'une cité perdue nous interpelle. Il n'était guère, dans le vieil Alger, de citadin, qui ne possédât une maison de campagne. Les grandes réunions familiales se passaient dans ces fastes demeures pour célébrer les fêtes. Même le rituel du vingt septième jour du ramadhan se déroulait sur les patios de ces fameuses douirates pour accueillir dans l'allégresse de longues soirées culturelles et religieuses à la fois. Au retour de la belle saison, toute la famille s'y transportait dans la joie. Les femmes échappaient à la claustration, à la surveillance (des vieilles) et aux médisances des voisines ; les enfants retrouvaient le jardin et la basse-cour et le maître du logis oubliait les soucis de son métier. Tout le monde savourait les fruits et les légumes cultivés à longueur d'année et qu'avait arrosé la noria. Beaucoup de ces villas parsèment encore de leur tache blanche, enveloppée de cyprès et d'oliviers, les coteaux du Sahel, les croupes de Bouzaréah, les pentes du Hamma ou d'El-Biar, les vallons de Hydra ou de Birmandreis. La maison à patio central en est encore l'élément essentiel, mais elle y prend une autre tournure et une cour plus vaste s'y adjoint. L'entrée en est parfois défendue par une lourde porte bardée de ferrures et surveillée, comme à la villa du Bardo, par une logette de gardien qui domine le passage. Parfois, elle est précédée d'une “sqifa” où le visiteur attendra qu'on l'admette à l'intérieur. La cour dallée de marbre où l'on débouche est vaste, mais close de murs, bordée de portiques et de pavillons d'angles. Ces observatoires accueillants où, selon sa fantaisie, la maîtresse du logis passe une partie de ses loisirs, est un des charmes de la villa. Cependant, cette maison de campagne offre aussi des commodités que la société considère comme précieuse entre toutes. Il n'en est guère qui n'ait son Hammam. La noria, qui permet d'arroser le potager, fournit aux besoins de la cuisine et remplit les réservoirs d'un hammam. Une petite étuve occupe un des angles des bâtiments et se révèle sur les terrasses par des cheminées et la coupole qui la couvre. Non loin de cet ensemble architectural de la maison et de sa cour dallée, se groupent les communs, le logement des domestiques, l'écurie et les hangars. Mais souvent aussi les villas importantes de la banlieue algéroise ont pour dépendance une douira (petite maison), logis pour les hôtes de passage et, mieux encore, pavillon d'été.
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Posté Le : 07/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bentaleb.
Source : www.horizons.com