Algérie

A Marcoussis, Djebbour a déclenché le déballage collectif



A Marcoussis, Djebbour a déclenché le déballage collectif
Les anciens ont beaucoup parlé, les nouveaux se sont fait petits
Depuis le stage de Marcoussis, Vahid Halilhodzic n'a pas manqué d'évoquer, lors de toutes ses interventions médiatiques, une réunion provoquée par les joueurs au deuxième jour du stage comme preuve tangible de leur implication et de leur volonté de faire avancer les choses. Cependant, il n'a jamais parlé de ce qui s'est dit durant cette réunion. A force de ressasser ce fait, le sélectionneur national a fini par intriguer plus d'un. Dans l'interview qu'il nous a accordée vendredi passé à Lille, il a une nouvelle fois fait allusion à cette fameuse réunion, sans pour autant, cette fois aussi, entrer dans les détails. Que s'est-il donc passé de si particulier lors de cette rencontre entre le coach et ses joueurs '
En pleine séance vidéo, Djebbour a pris la parole
Compte tenu de la clause de confidentialité à laquelle les internationaux ont souscrit, aucun d'eux n'a accepté de nous révéler ce qui s'est passé lors de cette réunion. Cependant, en faisant des recoupements avec les bribes de confidences que plusieurs d'entre eux ont daigné lâcher, nous avons pu reconstituer les faits. A l'origine, c'était une réunion destinée à visionner des extraits vidéo qui montraient les erreurs commises par les joueurs lors des derniers matches qu'ils avaient disputés, notamment ceux face au Maroc et à la République centrafricaine. Tout est parti de la prise de parole de Rafik Djebbour. L'attaquant de Olympiacos Le Pirée a dit à Halilhodzic et à ses partenaires ce qu'il nous avait déclaré dans l'interview qu'il nous avait accordée en juillet à Seefeld, en Autriche : l'Equipe nationale a joué ces derniers mois contre-nature en privilégiant la défense à l'attaque et les attaquants ne peuvent pas être comptables de l'échec vu que les systèmes de jeu adoptés les laissaient isolés devant.
Un joueur a répliqué, puis un autre' et voilà le linge sale déballé !
Franc comme il l'est, Djebbour a dit ce qu'il pensait et, en fait, ce que nombre de ses coéquipiers pensaient tout bas. A un certain moment, un coéquipier, à qui les propos de l'attaquant n'ont pas plu, lui a coupé la parole pour lui répliquer, puis un autre a parlé, et un autre encore' Et voilà que Halilhodzic, parti pour une séance tranquille de critiques en images, s'est retrouvé dans une séance ouverte de critiques verbales et d'autocritiques. C'est plus que ce à quoi il s'attendait ! En quelques instants, c'est devenu une discussion à bâtons rompus, un vrai lavage de linge sale, où chaque joueur - ceux qui ont daigné parler - a dit ce qu'il avait sur le c'ur, sans que le coach n'interrompe personne si ce n'est pour lui demander d'expliciter un propos.
Les anciens ont beaucoup parlé, les nouveaux se sont fait petits
Ceux qui ont le plus parlé, en plus de Djebbour, sont les anciens, évidemment : Karim Ziani, Anthar Yahia, Madjid Bougherra, Nadir Belhadj, en plus de Hassan Yebda et Karim Matmour. Chacun a donné son analyse sur ce qui ne va pas. Il y en a qui ont dit deux ou trois phrases et d'autres qui n'ont pas parlé du tout : les locaux, bridés par le problème de la langue et aussi par un complexe d'infériorité injustifié, puisque Halilhodzic aurait bien aimé écouter ce qu'ils avaient à dire ; les nouveaux convoqués, qui se sentaient mal placés pour s'exprimer alors qu'ils venaient juste de débarquer en sélection ; les habitués au banc des remplaçants qui avaient peur d'être taxés de «grandes gueules» et qui ont préféré se taire en application de l'adage «Pour vivre heureux, vivons cachés».
Une discussion qui renseigne mieux qu'une dizaine de séances d'entraînement !
Du coup, la séance de projection vidéo a été carrément interrompue, puis annulée pour laisser place au déballage des joueurs. Vu sous cet angle, on comprend mieux pourquoi Halilhodzic n'a pas arrêté de signaler cette réunion. C'est que tout ce qu'il a entendu des joueurs comme affirmation et contre-affirmations l'a fait beaucoup avancer dans sa réflexion sur la manière de remédier aux lacunes de l'équipe. En plus clair, cette discussion sans complaisance était l'équivalent d'une dizaine de séances d'entraînement. On peut supposer que c'est à ce moment-là que le coach national a compris que le mal qui touche les Verts n'est pas irrémédiable et qu'il y a moyen d'améliorer les choses. Les joueurs eux-mêmes assurent que cette séance de thérapie collective leur a fait un très grand bien et a contribué à crever tous les abcès et à assainir le climat lourd qui pesait sur le groupe.


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